Il est toujours intéressant – voire amusant – de prendre le temps de relire ou repenser aux prédictions que l’on avait imaginées pour l’année écoulée. Début 2014, j’étais sceptique quant à la massification du marché des ‘wearables’. Il semblerait qu’en 2015, grâce notamment à l’Apple Watch, mon scepticisme ait moins de raisons d’être. L’année dernière toujours, je focalisais également mon attention sur les plateformes et les matériels, ainsi que sur le déplacement des usages du PC et du laptop vers les terminaux mobiles (tablettes, smartphones). Ce mouvement s’est enclenché mais la transition reste plus lente qu’on l’imaginait. Même chose avec Android : on avait pronostiqué un taux d’adoption plus rapide en entreprise. Aujourd’hui, même si Android progresse rapidement dans les entreprises en Europe et en Asie, le mouvement tarde à prendre de l’ampleur aux Etats-Unis.Cette année, au menu des prédictions, applications d’entreprise et softwares sont à l’honneur.
Les employés mobiles utiliseront au moins 5 à 10 applications ou softwares professionnels sur leur appareil mobile
De nombreuses applications grand public rythment (ou perturbent) notre vie privée. L’augure d’Apple – Il y’a une app’ pour ça – ne cesse, jour après jour, de se vérifier. Cependant, dans notre vie professionnelle, nous nous contentons généralement de l’email et du web. La plupart des employés reste cantonnée à la version 1999 d’Internet quand vient le moment d’accéder et d’utiliser ses données personnelles en situation de mobilité. Les utilisateurs veulent disposer de tout ce qui est utile à leur travail sur leur ordinateur portable mais aussi sur leurs terminaux mobiles.
Alors que la technologie (haut-débit, matériel, logiciel) permet de réaliser ce souhait, le fait est de constater que rendre mobile une application professionnelle reste trop rare. Néanmoins, la pression sera trop forte, la demande trop pressante, et les avantages trop importants pour être ignorés : au cours des 12 à 18 prochains mois, nous verrons les entreprises rendre mobiles et déployer des applications professionnelles à un rythme jamais atteint avant.
Les utilisateurs vont utiliser la biométrie pour accéder à leurs applications et données professionnelles
La biométrie est à la mode dès lors que l’on parle d’authentification des utilisateurs et, bientôt, des nouveaux modes de paiements. Avec la sortie d’IOS 8 en Septembre dernier, les développeurs d’applications pour iOS ont été autorisés à intégrer la technologie de reconnaissance des empreintes digitales, mais à ce jour il y a encore très peu d’applications qui utilisent cette fonctionnalité.
Toutefois, les entreprises se penchent de plus en plus sur la sécurité d’une application professionnelle sans passer par le verrouillage de l’appareil ou le cryptage, notamment dans le cas où le terminal n’appartient pas à l’entreprise. En 2015, nous allons voir beaucoup plus d’applications prenant en charge la technologie de reconnaissance d’empreintes digitales, permettant ainsi de personnaliser l’accès et par application, et plus seulement par périphérique.
Les grandes entreprises vont faire barrages aux solutions personnelles de stockage cloud
Les gens aiment le gratuit. Les gens utilisent ce qui est gratuit. Les salariés aiment utiliser des solutions de stockage de données comme Dropbox aussi bien pour leurs données personnelles que professionnelles. Bien que ces solutions se soient penchées sérieusement sur les aspects de sécurité pour gagner en crédibilité auprès des entreprises, leur adoption sur le marché professionnelle reste lente. Il faut dire qu’il leur manque encore un système de protection des données perdues (data loss protection – DLP) et une vraie intégration à des applications tierces… comme l’email. Les entreprises sont à la recherche de solutions plus complètes, plus intégrées et qui puissent interagir intelligemment avec les systèmes de gestion documentaire, des solutions d’authentification comme le single-sign-on (SSO), etc.
Dans ce contexte les solutions professionnelles de partage de fichier entérinées par les services de sécurité informatique de l’entreprise et offrant une ergonomie et une facilité dignes des solutions de stockage grand public sur tous les terminaux vont avoir le vent en poupe. Il se pourrait même que les employées les utilisent pour leurs données personnelles, inversant ainsi une des tendances de ces dernières années.
La hiérarchie des OS mobiles va évoluer en fonction des zones et Windows Phone va gagner des parts de marché dans les entreprises européennes
En 2013, Nokia a vendu sa division de téléphonie mobile. Pour certains c’est la conséquence de l’échec de Nokia à construire un écosystème mobile efficace. Nokia était le plus grand fabricant de Windows Phone, et après la vente à Microsoft, Windows Phone a été largement abandonnée par d’autres équipementiers.
Windows Phone a du mal à accroître sa part de marché dans le monde… sauf en Europe. Selon une étude menée par Citrix, les entreprises européennes sont celles qui accueillent la plus grande diversité de terminaux mobiles et qui réservent à Windows Phone sa plus grande part de marché (21 %). Ce sont aussi celles qui pratiquent de moins en moins le BYOD, notamment pour des raisons fiscales et de législation. Cela pousse les entreprises européennes à acheter des terminaux Windows Phone de bonne qualité et à faible coût pour les proposer comme appareils fournis par l’entreprise à ses collaborateurs en lieu et place d’autres terminaux et OS plus couteux – ou moins rassurants. On risque donc de voir de plus en plus de salariés européens vivre avec deux téléphones (ou des téléphones à deux SIM) : un pour le travail, l’autre pour tout le reste.
Les Wearables et l’Internet des objets vont continuer leur ascension
On le sait : ce n’est qu’une question de temps avant que l’Internet des Objets ne transforme tous les secteurs d’activité, faisant muter une nouvelle fois le concept d’entreprise mobile. Gartner prévoit que 4,9 milliards d’objets connectés seront en service en 2015, soit 30% de plus qu’en 2014. Pourtant, la plupart de ces objets se porteront au poignet, se fonderont dans nos vêtements ou envahiront les sites industriels. Nous n’en sommes pas encore à l’émergence de véritables solutions de « bout-en-bout » intégrables et gérables grâces à des interfaces et des normes communes et partagées.
Une chose est sûre néanmoins : les applications mobiles vont devoir évoluer, si elles veulent rester hégémoniques à l’ère des objets connectés qui inventera de nouveaux supports et de nouveaux usages. L’expérience utilisateur et la sécurité, comme pour les applications mobiles, seront les deux facteurs de succès à l’heure de l’Internet des objets. Surtout au sein des entreprises. 2015 sera sans doute l’année où les discours et les tests vont céder la place aux investissements dans l’Internet des Objets « professionnel » pour mieux éclater en 2016.
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Guillaume Le Tyrant est Product Marketing Manager EMEA chez Citrix