One Microsoft, tel est l’objet du mémo envoyé par Steve Ballmer vendredi dernier aux 100 000 salariés de l’entreprise annonçant la nouvelle organisation, l’une des plus importantes qu’ait connu Microsoft depuis sa création et qui marque un tournant majeur. « Notre projet était de mettre un PC sur chaque bureau et dans chaque foyer, écrit Steve Ballmer. Nous sommes allés au-delà de nos espérances ». Et de ce point de vue, fort de son alliance avec Intel, la fameuse association Wintel, Microsoft était le leader incontesté de cet univers gravitant autour du PC. Aujourd’hui, tout a changé. Les PC sont en déclin (même s’ils sont encore omniprésents), tandis que de nouveaux terminaux, Smartphones et tablettes prennent le relais et créent de nouveaux usages et s’appuient sur de nouvelles technologies dans lesquelles Microsoft n’est plus qu’un challenger. D’autres fournisseurs comme Apple, Samsung ou Google se sont imposés.

Dans la téléphonie mobile par exemple, la firme de Redmond n’a pas ménagé ses efforts pour imposer son OS mais en vain et dans ce marché elle n’est qu’un distant troisième. Et son association avec un Nokia en perte de vitesse n’a pas réussi à modifier la trajectoire. Son dernier système d’exploitation Windows 8 n’a pas convaincu d’autant que les entreprises sont loin d’avoir fini leur migration vers Windows 7. Et les DSI commencent à en avoir un peu assez de ses migrations successives alors qu’ils ne sont pas toujours convaincu des bénéfices apportés. Donc plus l’IT avance dans la diversité, moins Microsoft  est dominant. Evidemment, l’éditeur est encore une entreprise florissante et les résultats 2013 nous le rappellent : un chiffre d’affaires de 74 milliards de dollars (+5%) pour un bénéfice confortable de 16,9 milliards $ (certes en recul par rapport aux 23 mds de l’exercice précédente). Et les résultats de cette année devraient être dans la même veine. Et le cours de l’action qui était resté aux alentours de 25 dollars pendant de longues années a fini par décoller pour avoisiner les 35 dollars.

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La réorganisation a donc pour objectif de prendre en compte cette nouvelle réalité. Parmi les changements, il y a d’abord une approche plus intégrée et moins compartimentée de ses activités. D’où l’objet du mémo de Steve Ballmer : « One Microsoft ». Ensuite la création d’une division Devices indiquant que Microsoft va être beaucoup présent dans les domaines des matériels. Certes, Microsoft n’est pas nouveau dans ce domaine en fabriquant des claviers, des souris, des Xbox et plus récemment des déclinaisons de son fameux Surface. Mais, là il s’agit d’une incursion plus profonde et les questions de savoir jusqu’où ira Microsoft et comment il va gérer ses relations avec ses OEM avec qui il accentuer la concurrence. Par aillleurs, Microsoft n’a pas laissé une trace impérissable dans le domaine des matériels, considère Bob O’Donnell, analyste d’iDC.

 

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Désormais, sur le plan des technologies, Microsoft sera organisé en quatre grands groupes : systèmes d’exploitation, matériels incluant la conception et le développement, la supply chain, applications et  services (on ne sait pas ce que la notion de services recouvre précisément, cloud et entreprise. Avec de nouvelles têtes aux commandes de ces divisions. Il faut  ajouter Dynamics qui regroupe les applications de gestion d’entreprise et de gestion de la relation client qui sont traitées un peu à part.

Une réorganisation aussi importante soit-elle, va-t-elle transformer Microsoft en une société d’innovation, ce qu’elle n’a jamais été ? On peut en douter mais cela ne l’empêchera pas de réussir dans certaines de ses initiatives, car elle a les moyens, la détermination et les talents.