Entre exigences réglementaires, dépendance technologique et impératifs d’innovation, les organisations françaises doivent redéfinir leur rapport à la conformité et à la souveraineté numérique pour rester compétitives dans un cadre européen de plus en plus exigeant.
Dans un cadre réglementaire de plus en plus strict, les entreprises font face à des exigences de conformité croissantes. L’AI Act rappelle l’obligation de garantir la conformité des technologies d’IA. Les organisations doivent désormais concilier respect des normes européennes et compétitivité mondiale, sans sacrifier l’agilité ni l’innovation.
Des équipes IT aux directions générales, en passant par les clients et les actionnaires, la pression s’intensifie pour répondre à de nouveaux standards tels que NIS 2 et DORA. Il ne s’agit plus seulement de déployer une stratégie de conformité ; il faut vérifier en continu que les obligations légales sont respectées sur l’ensemble de la chaîne de valeur, du code aux opérations, en passant par les données et les fournisseurs.
D’un côté, la nécessité de respecter les normes de sécurité, de conformité et de protection des données impose une lourde charge organisationnelle et opérationnelle. Mais de l’autre côté, l’ampleur de la concurrence mondiale, dominée par des acteurs étrangers, oblige à se maintenir dans une course à l’innovation. Les organisations se retrouvent donc prises entre deux impératifs : garantir la conformité tout en soutenant l’innovation et la compétitivité. Cette tension est d’autant plus forte que la course technologique ne se déroule pas partout sous les mêmes contraintes réglementaires. La souveraineté numérique devient dès lors un axe stratégique pour concilier performance, conformité et sécurité.
Souveraineté numérique : un impératif
Dans un contexte géopolitique instable, les États-Unis restent le premier fournisseur mondial de solutions informatiques. En cas de tensions politiques ou de virages économiques (puces, tarifs, transferts de données), cette dépendance technologique questionne la continuité et la maîtrise des risques. La question devient : comment rester conforme lorsqu’on utilise des outils étrangers ? La voie praticable consiste à exiger la preuve d’alignement sur les règles européennes, via des mécanismes de certification et de contractualisation adaptés (clauses, localisation, chiffrement, réversibilité, contrôle des sous-traitants).
De plus en plus d’acteurs privilégient donc des solutions locales, notamment européennes, afin de répondre à des critères stricts de sécurité et de souveraineté, tout en soutenant l’écosystème national. Ce choix renforce la confiance (clients, régulateurs), facilite l’alignement RGPD et réduit l’exposition à des aléas extraterritoriaux.
Face à la pression réglementaire, il est possible de faire confiance à des fournisseurs non européens dès lors qu’ils sont conformes aux régulations en vigueur. C’est pourquoi des entreprises américaines — favorables à la régulation et à la souveraineté — cherchent à obtenir des certifications reconnues en Europe, pour démontrer la robustesse de leurs pratiques et rassurer les DSI comme les métiers.
Les certifications : gages de sécurité, d’uniformisation et de lisibilité
La certification ANSSI, par exemple, constitue un levier concret : elle atteste que des technologies respectent des standards élevés de sécurité et contribuent à la souveraineté. Pour des entreprises « entre le marteau et l’enclume » de la régulation, elle permet de ne pas choisir entre sécurité et liberté : on sécurise, on reste conforme, et on garde des marges de manœuvre techniques. Autre avantage décisif : bien que circonscrite à l’Allemagne, la certification instaure un cadre cohérent pour les DSI et sécurise le secteur IT national (meilleure comparabilité des offres, réduction du temps d’évaluation, accélération des déploiements).
Concrètement, l’uniformisation des standards en Europe réduit la fragmentation des exigences de sécurité entre pays. Cela facilite l’adoption de solutions certifiées (procédures d’achat, due diligence, audit) et rend possible la collaboration avec des fournisseurs non-européens à condition qu’ils respectent ces standards, certifications à l’appui.
Dans un contexte où les pressions géopolitiques et réglementaires se multiplient, les entreprises doivent arbitrer sans renoncer : sécurité, conformité et innovation doivent coexister. L’Europe offre une voie claire et unifiée : régulation, certification et standards communs — pour renforcer la souveraineté numérique tout en soutenant une innovation forte. En privilégiant des solutions certifiées et alignées sur les exigences européennes, les organisations se protègent mieux, gagnent en résilience et demeurent compétitives, quel que soit l’écosystème technologique sous-jacent.
Des acteurs de la cybersécurité s’inscrivent dans cette trajectoire : aider les organisations à assurer la conformité en continu, maîtriser le risque cyber de l’entreprise et concilier souveraineté opérationnelle et performance, sans freiner l’innovation.
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Par Jérôme Warot, AVP – Solution Engineering – EMEA South & Central, Tanium