L’IT change de rôle : fini le support technique, place à la stratégie. Entre cloud souverain, sobriété numérique et compétences hybrides, les infrastructures deviennent le moteur d’une souveraineté digitale et d’une durabilité concrète.

L’infrastructure IT a longtemps été perçue comme un simple centre de coûts à optimiser. Aujourd’hui, elle s’impose comme un pilier stratégique, indispensable à la compétitivité des entreprises. Plus qu’un socle technique, elle doit être mature, maîtrisée, disponible et résiliente, tout en garantissant une sécurité absolue pour soutenir les applications métiers et les ambitions business.

Cette évolution s’inscrit dans un contexte marqué par une croissance sans précédent des investissements technologiques. Selon Gartner, les dépenses mondiales en technologies de l’information devraient atteindre 5 435 milliards de dollars en 2025, en progression de 7,9 % sur un an. Une telle dynamique souligne l’urgence pour les entreprises de repenser leur infrastructure, non plus comme une contrainte budgétaire, mais comme un levier de performance économique, de résilience organisationnelle et de responsabilité environnementale. Face à ces enjeux, une question centrale émerge : comment concevoir une infrastructure IT qui allie souveraineté, performance et durabilité, tout en restant un centre de coûts optimal ?

1 – Souveraineté numérique : maîtriser ses données et ses infrastructures

La souveraineté numérique ne se limite pas au débat entre cloud européen et grands acteurs mondiaux du cloud. Pour les organisations, elle se traduit par la maîtrise effective de leurs données : localisation, cadre juridique et garanties de réversibilité. Concrètement, cela implique de déployer des infrastructures interopérables, sécurisées et adaptées aux besoins métiers en maitrisant la localisation de ses données. La crédibilité de l’offre européenne se joue sur ce terrain opérationnel, bien au-delà des discours politiques.

2 – Durabilité : réduire l’impact environnemental de l’IT

Le numérique représente aujourd’hui environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre Un impact qui est déjà significatif et en croissance. Pourtant, les leviers de sobriété existent : prolongation du cycle de vie des équipements, recours au matériel reconditionné, relocalisation partielle des services, rationalisation des flux.

Ces décisions, autrefois cantonnées aux équipes techniques, doivent désormais s’intégrer aux arbitrages stratégiques. Décarboner l’IT ne signifie pas simplement « verdir » un parc informatique, mais repenser la chaîne de valeur dans son ensemble. Selon Gartner, les entreprises peuvent réduire leurs coûts énergétiques de 20 à 50 % en optimisant leurs infrastructures.

L’optimisation de l’efficacité énergétique des data centers en est un exemple concret : le déménagement vers des centres de données moins énergivores, affichant un faible PUE, permet d’atteindre rapidement un retour sur investissement grâce aux économies d’énergie, malgré le coût de migration. Pour une grande organisation, cela peut représenter plusieurs millions d’euros d’économies annuelles. Par exemple, en prolongeant de deux ans l’utilisation des ordinateurs et serveurs, une entreprise de taille moyenne économise 300 000 à 500 000 euros par cycle de renouvellement, soit 10 à 15 % du budget IT.

3 – Performance et transformation des compétences

L’évolution des infrastructures IT redéfinit les compétences requises. Les frontières entre maintenance, cybersécurité, cloud et durabilité s’estompent, nécessitant des profils hybrides et une formation continue. La réussite de cette transformation repose sur :

* La capacité à trouver la bonne compétence au bon endroit (outsourcing vs recrutement).
* La capitalisation et la pérennisation des compétences et des savoirs : documenter, anticiper et transmettre.
* Une gouvernance et un pilotage transverses, garants de la cohérence et de l’efficacité des équipes.

Technologie et talents doivent avancer de concert pour faire de l’IT un véritable levier stratégique.

4 – Vers un modèle européen durable et crédible

D’ici 2030, les entreprises attendent des partenaires capables de concilier agilité, sécurité, performance sociale et environnementale. Cela nécessite de construire :

* Des infrastructures souveraines et fiables, soutenues par une expertise sectorielle solide, avec une maîtrise de la donnée et de sa provenance.
* Une approche systémique allant du design à l’exploitation, jusqu’au recyclage des équipements.
* Une approche systémique allant du design à l’exploitation, jusqu’au recyclage des équipements.
* Un modèle européen indépendant, qui ne soit ni une copie des géants mondiaux, ni une alternative symbolique, mais une véritable proposition de valeur.

Cette vision intégrée de l’infrastructure IT devient un catalyseur de résilience, de souveraineté et de durabilité pour les organisations.

L’infrastructure IT est un socle technique au service des métiers de l’entreprise. La combinaison entre souveraineté, durabilité, économie et performance est le terreau idéal de la croissance et de l’innovation.

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Par Stéphane Hascoët, Président de Jiliti

 

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