Trop de factures, pas assez de contrôle : L’ère du cloud tout-puissant touche ses limites. Les entreprises veulent désormais redonner du sens à leurs architectures avec le retour sur site en conservant l’agilité Cloud et la puissance de l’observabilité.
Pendant des années, le cloud computing a été le mot à la mode dans le secteur des technologies. En 2020, on le considérait comme une solution miracle permettant à ses utilisateurs de travailler en tout lieu pour que les entreprises puissent développer leurs opérations instantanément et proposer des services numériques rapidement et avec agilité. Les entreprises se sont empressées de migrer leurs charges de travail sur le cloud, inspirées par ses promesses de flexibilité, de rentabilité et de pérennité à long terme. Cette tendance s’est accélérée avec l’essor continu de l’IA.
Contre-culture du cloud
Même si l’enthousiasme pour le cloud ne faiblit pas, nous constatons à l’heure actuelle une approche plus avisée et pragmatique. On pourrait comparer la situation à l’achat d’une voiture de sport tape-à-l’œil. Tout d’abord, c’est grisant, mais, avec le temps, les factures d’essence et d’entretien deviennent coûteuses et l’on constate ne pas avoir besoin d’un tel véhicule pour conduire les enfants à l’école. Nous remarquons cette méfiance vis-à-vis du cloud de la part des gouvernements et des organismes bancaires, de santé et d’autres secteurs pour lesquels la confidentialité des données, ainsi que la conformité, ne peuvent pas être compromises. Ces entreprises reconsidèrent leurs décisions initiales et se demandent si toutes les charges de travail ont leur place dans le cloud.
La conformité, toutefois, ne semble pas être un facteur déterminant. Les frais de licence des principaux fournisseurs de logiciels ont considérablement augmenté, tout comme les factures mensuelles de services cloud. Alors que les charges de travail évoluent, surtout celles qui nécessitent des ressources de calcul hautes performances et l’entraînement de modèles d’IA, les dépenses liées au cloud montent en flèche. Gartner prévoit que, cette année, plus de 50 % des entreprises qui ont transféré leurs charges de travail sur le cloud public vont en rapatrier une partie en raison d’un dépassement inattendu des coûts, de problèmes de performance ou d’une combinaison des deux.
Ce processus a déjà commencé. Dans le monde entier, les entreprises retransfèrent des charges de travail du cloud public vers des infrastructures sur site ou des installations partagées. Ce n’est pas que le cloud n’est pas performant, mais la réalité a pris le dessus.
À quoi cette augmentation des coûts du cloud est-elle due ?
Le modèle de prestation de services cloud flexible et en fonction de l’utilisation est une arme à double tranchant. Il permet aux entreprises d’éviter initialement des dépenses élevées en capital, ce qui représente un avantage considérable si elles doivent être opérationnelles ou évoluer rapidement. Pourtant, lorsque les prix sont variables, elles ne peuvent en aucun cas prévoir le montant de leurs factures de services cloud. À cela s’ajoute le rythme effréné de la numérisation, résultant souvent de stratégies gouvernementales privilégiant le cloud. De nombreuses entreprises ont donc fini par avoir une empreinte cloud tentaculaire et des coûts qui explosent.
Dans le domaine de l’IA, le problème est encore plus sérieux. L’entraînement de grands modèles de langage (LLM) ou l’exécution de charges de travail d’inférence intensives nécessitent une puissance de calcul faramineuse qui entraîne à son tour des dépenses considérables pour financer les services cloud requis.
C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises rapatrient leurs données. Ce n’est pas qu’elles rejettent le cloud, mais elles recalibrent leurs stratégies.
La réalité du rapatriement
Évidemment, le transfert de charges de travail à partir du cloud présente des défis. Le rapatriement nécessite habituellement la configuration d’un environnement informatique hybride. Ainsi, certaines charges de travail restent dans le cloud public et d’autres sont transférées dans des environnements privés ou des installations en périphérie. Cette fragmentation est source de complexité et présente également de nouveaux défis en matière de gestion.
Il suffit de comparer un environnement informatique à une ville. Lorsque tout est centralisé, il est facile d’entretenir les routes, d’assurer la gestion des installations et d’intervenir en cas d’urgence. Lorsqu’elle s’étend et que surgissent soudainement des banlieues, des zones industrielles et des quartiers épars, il est nécessaire de trouver un nouveau moyen de tout surveiller pour pouvoir gérer l’ensemble. Et c’est là que l’observabilité entre en jeu.
On peut la comparer à un tableau de bord intelligent de la ville qui donne, en temps réel, une visibilité parfaite sur les flux de trafic, l’utilisation de l’énergie, les temps de réponse en cas d’urgence, et bien plus. En langage informatique, cela signifie qu’il permet de surveiller les performances des infrastructures, des applications et des réseaux pour faciliter la détection des anomalies, l’identification précise des causes premières et l’optimisation des opérations.
Dans le contexte du rapatriement à partir du cloud, l’observabilité joue un rôle essentiel. Elle permet aux équipes de confirmer que les charges de travail sont plus performantes et moins coûteuses sur site, elle garantit que les applications sensibles à la latence sont à la hauteur des attentes des utilisateurs et elle fournit les informations nécessaires pour optimiser les performances de tout le patrimoine hybride. Sans observabilité, les équipes informatiques travaillent à l’aveuglette.
Planification des étapes suivantes
La décision de rapatrier des données ne doit pas être prise à la légère. Il convient de prendre sérieusement en compte les implications techniques et commerciales. Toutefois, ce n’est peut-être pas la migration qui pose le plus problème, mais ce qu’il se passe ensuite. Une fois les charges de travail rapatriées, les entreprises doivent avoir les outils, les bonnes personnes et des processus en place pour être opérationnelles dans un environnement hybride. Cela implique qu’elles investissent dans des solutions d’observabilité, qu’elles s’assurent que les pratiques de gouvernance des données s’appliquent à tous les environnements et qu’elles garantissent la montée en compétences des équipes pour permettre à celles-ci de faire face à la complexité.
La maturité cloud pour avoir plus de choix
Cette vague de rapatriements n’annonce pas la fin du cloud computing. Cela indique plutôt que les entreprises y voient plus clair. Elles ne se laissent plus prendre au discours standard qui place le cloud au premier rang. En revanche, elles recherchent la solution la plus adaptée à chaque charge de travail, et c’est un signe de maturité cloud.
Le cloud public offre encore une valeur immense, surtout pour les charges de travail imprévisibles ou celles pour lesquelles l’évolutivité rapide présente un avantage. Toutefois la balance penche de nouveau en faveur d’un modèle plus équilibré qui permet aux entreprises de choisir la combinaison qui leur convient de solutions cloud, sur site et en périphérie, en fonction du coût, du contrôle et des performances.
Alors que les entreprises atteignent cette nouvelle phase de maturité cloud, elles vont constater que l’observabilité est le ciment qui solidifie l’ensemble. Elle garantit non seulement le transfert de vos charges de travail, mais également leur optimisation. Elle évite l’apparition de nouveaux points morts au fur et à mesure que l’infrastructure se développe. Elle donne aux équipes les moyens de prendre de meilleures décisions, et ce, plus rapidement, dans un univers de plus en plus hybride.
Pour revenir à l’exemple de la ville dynamique, l’observabilité représente le centre de secours en cas d’urgence : un centre qui surveille chaque quartier, intervient en temps réel si un incident se produit et assure le fonctionnement ininterrompu des systèmes, et ce, en toute sécurité. Que l’on développe les banlieues cloud ou que l’on modernise les rues principales sur site, c’est l’observabilité qui permet de faire régner l’ordre au milieu du chaos.
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Par Sascha Giese, évangéliste technologique mondial spécialiste de l’observabilité, SolarWinds