OpenAI poursuit sa stratégie d’expansion fonctionnelle en rachetant la startup à l’origine de Sky. Une opération stratégique qui rapproche l’IA de l’action concrète et vise à mieux intégrer ChatGPT au cœur de macOS. Une fusion ambitieuse, à la croisée de l’efficacité et du contrôle qui inquiète les défenseurs du respect de la vie privée.
OpenAI poursuit sa quête de jeunes pousses aux outils à même de renforcer l’intégration de l’IA dans les usages quotidiens. Après les acquisitions récentes de Roi (une fintech spécialisée dans les recommandations d’investissements générées par IA, une acquisition stratégique pour diversifier l’écosystème OpenAI au-delà du conversationnel) et de Statsig (startup spécialisée dans le développement de produits et l’expérimentation à grande échelle, qui doit renforcer les capacités d’OpenAI en matière de tests et de déploiement de nouvelles fonctionnalités), OpenAI annonce l’acquisition de Software Applications Incorporated, la jeune pousse à l’origine de Sky, une interface d’intelligence artificielle conçue pour les ordinateurs Mac. Ce logiciel, encore inédit auprès du grand public, se distingue par sa capacité à comprendre le contexte de l’écran et à agir directement dans les applications de l’utilisateur, qu’il s’agisse d’écrire, de planifier, de coder ou d’organiser sa journée.
L’opération est loin d’être accessoire. Elle doit permettre à OpenAI d’intégrer son écosystème au cœur des usages quotidiens, bien au-delà de la simple interaction par requêtes textuelles. « Nous construisons un futur où ChatGPT ne se contente pas de répondre à vos demandes, mais vous aide réellement à accomplir vos tâches. L’intégration profonde de Sky au Mac accélère notre vision d’une IA présente dans les outils que les gens utilisent chaque jour » explique Nick Turley, vice-président et responsable de ChatGPT, qui a piloté l’acquisition.
Le montant du rachat de Software Applications n’a pas été dévoilé, mais la startup avait levé 6,5 millions de dollars, notamment auprès de Sam Altman, PDG d’OpenAI, via un fonds d’investissement. L’histoire des fondateurs de Sky ajoute une dimension symbolique à l’opération. Ari Weinstein et Conrad Kramer avaient déjà marqué l’écosystème Apple en créant Workflow, racheté par la firme de Cupertino et devenu l’application « Shortcuts » de macOS. Leur retour dans l’univers des assistants intelligents, cette fois aux côtés d’OpenAI, illustre une continuité des dirigeants dans la quête d’outils plus fluides et plus puissants.
« Les progrès de l’IA ne consistent pas seulement à faire progresser l’intelligence, mais aussi à la déverrouiller grâce à des interfaces qui comprennent le contexte, s’adaptent à votre intention et fonctionnent de manière transparente » expliquent les responsables d’OpenAI. L’objectif est d’intégrer Sky dans ChatGPT et parallèlement d’intégrer un peu plus ChatGPT au cœur de macOS alors qu’Apple patine depuis des mois avec son Apple Intelligence.
De façon assez ironique, cette acquisition est annoncée alors que Microsoft fait face à une levée de boucliers pour de nouvelles fonctionnalités de Copilot que certains considèrent comme un danger pour la confidentialité. Après la controversée fonction Recall, l’éditeur a récemment introduit « Partager l’écran avec Copilot » (Copilot Vision, qui permet à l’IA de voir ce que vous faites pour vous aider en ayant tout le contexte et effectuer des actions en votre nom), « Copilot Actions » (l’IA interagit directement avec des pages Web et fichiers pour vous désinscrire de newsletters, renommer des fichiers, réserver une table dans un restaurant, etc.), « Journeys dans Edge » (analyse l’historique de navigation pour regrouper automatiquement les recherches et projets) ou encore « Hey Copilot » (qui permet d’activer l’assistant par la voix, comme avec Siri ou Alexa). Microsoft affirme que toutes ces fonctions sont optionnelles et nécessitent une activation explicite, rappelle que des indicateurs visuels signalent quand Copilot écoute et agit et insiste sur la conformité RGPD de ses fonctionnalités et sur le fait que les données ne servent pas à entraîner ses modèles IA. Mais cette toujours plus forte intégration de l’IA dans nos vies privées alimente une polémique qui rappelle le fragile équilibre entre confort et contrôle.
Or « Sky », comme d’autres systèmes dits « agentiques », nécessite d’accéder à l’écran et aux applications pour agir d’une façon au moins aussi invasive que les dernières fonctionnalités de Copilot. L’approche de Sky suscitait déjà des débats parmi les experts en cybersécurité et défenseurs de la vie privée. Son acquisition par OpenAI ne fait bien évidemment qu’accentuer les débats. L’entreprise de Sam Altman devra convaincre que cette intégration native sur Mac et dans ChatGPT peut se faire sans compromettre la confiance des utilisateurs.
Reste à voir exactement comment OpenAI concrétisera l’intégration de Sky et comment celle-ci transformera la manière dont les utilisateurs interagissent avec leurs ordinateurs et avec l’IA sur Mac et sur les autres plateformes (Windows, Web, mobiles).





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