À l’heure où les DSI ne se demandent plus s’il faut faire de l’IA générative mais comment l’industrialiser, une question domine : comment amener l’IA au plus près des données, sans renoncer ni à la souveraineté, ni à la maîtrise du TCO ? Pour évoquer ce sujet, Guy Hervier invite sur le plateau de « l’invité de la semaine », Sophie Papillon, Vice President France et Afrique du Nord de Cloudera.
Dans un paysage où les grands comptes accélèrent leurs projets GenAI, testent des agents d’IA et jonglent avec des architectures hybrides mêlant on-premise, cloud public et leurs déclinaisons « souveraines », les arbitrages se compliquent : où exécuter les workloads d’IA ? comment éviter l’explosion de la facture ? comment rester conforme aux réglementations européennes en matière de données sans freiner l’innovation ?
À l’occasion du forum Evolve organisé à Paris, déclinaison locale de la tournée mondiale EVOLVE25 placée sous le mot d’ordre « Bringing AI to your data – Anywhere », Sophie Papillon, Vice President France et Afrique du Nord de Cloudera, est notre invité de la semaine. Avec sa stratégie « data-in-place AI », Cloudera s’est imposé comme un acteur clé des architectures « data fabric », en connectant et sécurisant les données sur l’ensemble des environnements cloud, edge et on-premise tout en se distinguant par une orchestration avancée de flux multi-agents, intégrant ingestion, gouvernance, MLOps et IA générative dans une plateforme unifiée. Cet entretien est ainsi l’occasion d’analyser avec notre invitée comment l’éditeur entend faire venir la puissance de l’IA là où résident déjà les données, plutôt que l’inverse. C’est aussi une opportunité de déchiffrer une vision stratégique où l’IA peut déjà devenir un levier opérationnel, piloté avec rigueur et agilité.
Pour Sophie Papillon, le débat sur la « bulle IA » ne se résume pas à la flambée des investissements, même si elle rappelle que les hyperscalers ont déjà injecté plus de 320 milliards de dollars dans les infrastructures d’IA. La vraie question, insiste-t-elle, est de savoir « quelle monétisation, quelle innovation, quels gains business ces investissements vont réellement générer ? ». Autrement dit, l’heure n’est plus aux POC sympathiques mais aux bénéfices tangibles sur des processus critiques.
Cette bascule est déjà à l’œuvre sur le terrain : Cloudera vient de sonder 1 500 décideurs IT dans le monde et « 96 % déclarent avoir au moins un processus métier critique qui tourne désormais grâce à l’IA ». Pour la dirigeante, « la promesse commence à devenir réalité » et l’enjeu pour les DSI devient clairement le passage à l’échelle : dé-siloter la donnée, fiabiliser la gouvernance, réduire les copies inutiles et faire converger data lake, lakehouse et IA générative dans un même socle opérationnel.
C’est précisément sur ce terrain qu’elle positionne Cloudera : intégration précoce d’Apache Iceberg, catalogue REST pour interroger les données sans les dupliquer, Lakehouse Optimizer pour automatiser l’optimisation de l’open data lakehouse, et surtout une approche « Private AI » très assumée. Avec la solution « AI in a Box » codéveloppée avec Dell, « les entreprises peuvent entraîner leurs modèles et exploiter leurs données sensibles chez elles, sur leur propre infrastructure, sans les exposer à l’extérieur », souligne-t-elle, en visant particulièrement la finance, l’aéronautique, le secteur public ou les telcos.
L’autre marqueur fort de l’entretien tient à l’hybridité et à la souveraineté. « La réponse, c’est qu’il n’y a plus d’arbitrage à faire : on donne le choix », résume Sophie Papillon en évoquant la possibilité de garder des données régulées on-premise, d’en placer d’autres sur AWS, Azure, GCP ou des clouds de confiance, puis de les rapatrier si la réglementation ou les coûts évoluent. Partenaire officiel du futur cloud souverain AWS en Europe comme de Sense (Thales/Google), Cloudera revendique une capacité à suivre les stratégies multi-cloud et sovereign cloud des grands comptes, tout en permettant déjà à certains clients de « décommissionner » des lakehouse 100 % publics jugés trop coûteux ou trop rigides.
Enfin, l’entretien ouvre aussi la focale au-delà de l’hexagone, vers le Maroc, où Cloudera observe « une très grande maturité sur la data » et une forte accélération des projets, notamment dans la banque, les télécoms et l’industrie. De quoi rappeler que l’industrialisation de l’IA, de la data fabric et des architectures hybrides ne se joue plus seulement à Paris ou Londres, mais sur l’ensemble des marchés où les DSI veulent reprendre la main sur leurs données, leurs modèles et leurs coûts.
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