La décision a été prise en octobre dernier mais a été peu ébruitée jusqu’à présent. Fujitsu va progressivement fermer son usine d’Augsburg dans laquelle il produit encore les serveurs et une partie des PC à destination du marché européen. « Les clients et les partenaires ne sont plus prêt à payer le surcoût de l’ordre de 15% qu’implique de produire en Europe », justifie Stéphane Deliry, directeur de la division produits de Fujitsu France. La fermeture définitive est prévue au plus tard pour septembre 2020.
Objectif affiché : gagner en compétitivité
D’ici à cette échéance, la recherche & développement ainsi que la production auront été centralisées au Japon. La production des PC et tablettes sera confiée à Fujitsu Client Computing Limited (FCCL), la co-entreprise que le constructeur japonnais détient depuis octobre 2017 avec la banque de développement du Japon et Lenovo – qui est majoritaire – où il a regroupé sa R&D et ses outils de production. Objectif affiché : massifier ses achats et gagner en compétitivité. En revanche, les serveurs devraient continuer d’être produits dans des usines directement détenues par Fujitsu. Ne resteront en Europe que les équipes commerciales, « chargées de proposer le portefeuille de la marque ainsi que les services associés, à travers le réseau habituel des partenaires ou en direct », et les équipes marketing, chargées de faire remonter au Japon les besoins des clients européens.
Lenovo comptabilise déjà les ventes de Fujitsu dans ses chiffres PC
À en croire Stéphane Deliry, « les partenaires ne sont pas inquiets [de cette restructuration]. Ils savent qu’ils vont gagner en compétitivité et que les produits resteront aux standards et au design de Fujitsu ». Sauf que… beaucoup des partenaires que nous avons interrogés à ce sujet n’en avaient pas été informés. Plus embêtant, certains de ceux qui étaient au courant l’ont appris de la concurrence, et notamment de Lenovo qui s’est clairement employé à recruter les partenaires Fujitsu durant le salon IT Partners la semaine dernière. Argument mis en avant par Lenovo : « on comptabilise déjà les ventes de Fujitsu dans nos propres chiffres et une partie de la production de PC Fujitsu va être rapatriée dans nos usines ». Sous-entendu : il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints…
Pour Stéphane Deliry, cette dernière assertion des équipes Lenovo relève de la désinformation. « Fujitsu et Lenovo n’ont jamais fait de déclaration en ce sens. Le communiqué officiel commun paru il y a quelques mois était très clair : la production de PC et devices de Fujitsu viendra bien du joint venture FCCL et non pas des usines Lenovo ». Dont acte. Mais pour certains de partenaires, ces nuances sur la provenance exacte des produits ne servent qu’à noyer le poisson.
« Une nouvelle concentration à subir »
Pour eux, c’est déjà Lenovo, détenteurs de la majorité du capital de la coentreprise, qui est à la barre de l’activité PC. Et ils sont convaincus que Fujitsu finira par s’en désengager tôt ou tard. « Il s’agit d’une nouvelle concentration à subir… Le marché est désormais contrôlé par les trois grands acteurs que sont Dell, HPE et Lenovo, avec des alternatives de plus en plus limitées et une production européenne quasi éteinte », regrette un gros partenaire Fujitsu de l’Ouest de la France, qui craint que cela amoindrisse sa capacité de différenciation à terme. Une analyse qui a conduit plusieurs partenaires historiques de la marque à basculer tout ou partie de leurs achats vers d’autres contructeurs, comme nous l’ont confirmé plusieurs d’entre eux. Et le principal bénéficiaire de ces reports de parts de marché semble être… Lenovo.
Fujitsu se focalise sur son offre d’infrastructures
Les partenaires se montrent toutefois moins sceptiques dans l’avenir des serveurs et des produits datacenters, sur lesquels la France essaye de rattraper son retard par rapport aux autres pays. « D’un point de vue stratégique, Fujitsu s’est clairement engagé dans le développement de son offre d’infrastructures serveurs/datacenter », constate un partenaire Select implanté dans le Gard qui travaille avec la marque depuis plus de 15 ans. « De nouveaux accords, notamment avec Nutanix, et des solutions telles que le Primeflex hyperconvergé full-flash complètent avantageusement leurs offres clés en main vShape sous HyperV ou VMware », estime-t-il. « Aujourd’hui, Fujitsu a la capacité de couvrir la quasi-totalité des besoins infrastructures de nos clients », ajoute-t-il pour bien bien réaffirmer sa confiance dans la marque.
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