La fragilité des dorsales sous-marines resurgit : un double sectionnement en Mer Rouge perturbe les routes Europe–Asie/Moyen-Orient, allongeant la latence et bousculant Azure. Entre aléas maritimes et risques géopolitiques, la résilience passe par une véritable diversité de chemins physiques.
En juillet dernier, un rapport de la société de cybersécurité Recorded Future mettait en lumière une intensification préoccupante des menaces pesant sur les câbles sous-marins, infrastructure vitale qui transporte 99 % du trafic de données intercontinental. À travers une analyse de 44 incidents survenus au cours des 18 derniers mois, l’entreprise a identifié une inquiétant tendance : la multiplication d’attaques ou de sabotages potentiellement soutenus par des États, notamment la Russie et la Chine.
Il est encore trop tôt pour savoir si c’est une nouvelle attaque de cette cyber-guerre sous-marine qui est à l’origine d’un double sectionnement de câbles sous-marins en Mer Rouge (les câbles SEA-ME-WE 4 et IMEWE), signalé samedi 6 septembre 2025 au petit matin. L’incident peut aussi avoir été produit par un navire à la dérive laissant traînée son ancre comme en 2024.
Reste que ce sectionnement de câbles a considérablement ralenti les accès Internet dans certaines parties d’Asie du Sud et dans le Golfe, tout en dégradant les routes réseau d’Azure qui transitent par le Moyen-Orient.
Microsoft a ainsi prévenu ses clients d’« une latence accrue » sur les flux passant par la région. Le cloud américain a basculé vers des routes alternatives, prévenant que « les câbles sous-marins prennent du temps à réparer » et que des latences élevées pouvaient persister le temps que les opérateurs rééquilibrent les chemins. D’autres fournisseurs Cloud ont aussi averti de congestions liées à « plusieurs défauts » sur les câbles empruntés habituellement par leurs datacenters.
Microsoft a, depuis, publié un second avertissement pour indiquer ne plus détecter d’incident actif côté Azure, même si des chemins de secours plus longs vont rester en place un bon moment. Quelle qu’en soit l’origine, la remise en état d’un câble exige l’envoi de navires spécialisés, des fenêtres météo favorables et une localisation précise de la coupure : il faut souvent compter plusieurs semaines.
À ce stade, Internet et les grands clouds absorbent le choc par reroutage, mais au prix de performances dégradées pour certains parcours Europe–Asie/Moyen-Orient. La leçon est connue des équipes réseau et des DSI : la diversité de routes physiques et pas seulement de fournisseurs reste la meilleure police d’assurance face aux « coudes d’étranglement » de la connectivité mondiale.
En attendant de comprendre l’origine de ce double sectionnement…