On parle beaucoup de cloud. Mais au cœur du traitement et des échanges de données, on trouve surtout des data centers pour le traitement et des câbles pour les échanges.
L’essentiel de nos communications voyagent d’un continent à l’autre par des câbles qui sillonnent le fond des océans. C’est ce que rappelle rfi.fr dans un récent dossier très complet intitulé « Un océan de câbles : dans les profondeurs d’internet ».
Des autoroutes sous forme de câbles
Les câbles sous-marins sont devenus l’infrastructure essentielle du monde d’aujourd’hui. Fin février 2019, cette immense toile comptait quelque 380 câbles en service, soit environ 1,2 million de kilomètres de « tuyaux » qui serpentent sous les mers. Près de 99% du trafic intercontinental est assuré par les lignes sous-marines ne laissant que 1 % aux satellites qui ne représentent qu’une ressource d’appoint.
L’idée d’installer des câbles ne date pas d’aujourd’hui, le premier ayant été installé en 1851 entre le cap Gris-Nez en France et le cap Southerland en Angleterre. Mais les câbles sont devenus une nécessité pour faire transiter le volume considérable et en constante augmentation des données qui circulent sur la Toile. Fin février 2019, cette immense toile comptait quelque 380 câbles en service, soit environ 1,2 million de kilomètres de « tuyaux » qui serpentent sous les mers. Une soixantaine d’autres sont en projet ou en cours de construction. Des très courts comme le CeltixConnect-1 et ses 131 km entre l’Irlande et la Grande-Bretagne, et des très longs qui font l’équivalent du tour de la Terre, tel que le SeaMeWe-3, 39 000 km, qui relie l’Allemagne à la Corée du Sud, en passant par l’Australie ou encore le Pakistan. Le site
Aujourd’hui, la plupart des pays côtiers disposent d’au moins un câble sous-marin. Comme on le voit sur la carte de TeleGeography, une société américaine spécialisée dans l’analyse des données de télécommunications, l’Antarctique, la Corée du Nord, l’Erythrée ou encore l’île de Pâques constituent encore de rares zones du globe non connectées au reste du monde.
Mal protégés et vulnérables
Les câbles sont plus fragiles qu’il n’y parait nous rappelle le dossier, et pourraient devenir être malmenés par des phénomènes naturels ou devenir une cible de choix en cas de conflit. Le site Tyco Telecommunications recense plus de 2000 incidents en près d’un demi-siècle.
Tout le monde s’accorde à dire que l’enjeu stratégique derrière les câbles sous-marins a été largement sous-estimé. Résultat : c’est la sécurité de l’ensemble du réseau qui s’en trouve négligée.
Le meilleur antidote à la menace qui plane reste de favoriser la résilience, c’est-à-dire multiplier les connexions et les câbles pour ne pas dépendre d’un seul lien. C’est d’ailleurs principe qui constitue le fondement de l’architecture de l’Internet.
Des câbles qui reflètent la puissance géopolitique
« Les Etats-Unis captent l’essentiel du trafic dans le monde », précise Laurent Bloch, chercheur en cyberstratégie et auteur d’Internet, vecteur de la puissance des Etats-Unis*. D’abord, pas besoin d’une loupe pour se rendre compte qu’ils règnent en maîtres sur beaucoup de câbles. Ensuite, c’est là qu’internet a été inventé et le pays domine une partie des infrastructures qui constituent son architecture, dont l’organisme qui contrôle l’attribution des noms de domaine, l’ICANN.
Les GAFAM, nouveaux maîtres du jeu
Les paramètres du marché des câbles sous-marins sont en train de changer. Après un creux au milieu des années 2000, depuis un peu plus de deux ans, la fibre optique est de nouveau l’objet d’investissements massifs. Entre 2016 et 2017, les acteurs du secteur ont investi 5,1 milliards de dollars dans la construction de câbles et, dans son rapport 2019, la société de conseil en télécommunications TeleGeography estime qu’ils pourraient dépenser 8,8 milliards de dollars entre 2018 et 2020.
Parallèlement à la domination américaine, la Chine n’a pas dit son dernier mot. En élevant une « grande muraille » numérique autour de son internet, le pouvoir de Pékin a tenté de s’isoler du réseau international. Pas étonnant dans cette perspective qu’elle boycotte les câbles sous-marins passant par la puissance américaine. Mais d’un autre côté, elle n’hésite pas à utiliser les fils optiques pour étendre son influence.
C’est d’ailleurs elle qui a déployé le câble SAIL, cité précédemment. Surtout, en 2020, un câble chinois devrait relier Marseille au Pakistan, en passant par l’Egypte, Djibouti et le Kenya, avant d’être doté d’une extension vers l’Afrique du Sud. « C’est officiellement le câble des nouvelles routes de la soie », ce plan d’infrastructures à échelle mondiale voulu par le président Xi Jinping, et qui vise à asseoir la puissance de Pékin.