Le nouveau rapport « Cloud Performance Benchmark » de ThousandEyes montre de grandes disparités de performance entre les régions alors que les performances des fournisseurs Clouds sur une même région sont souvent très comparables.
Mesurer les performances et la fiabilité des grands acteurs du cloud est un exercice très complexe qui dépend de nombreux facteurs : services utilisés, régions utilisées, connectivités de l’entreprise, etc. Comme le rappelait IT For Business dans un récent article « les Benchmarks proposés ont assez peu de chance de refléter votre propre expérience en tant qu’entreprise cliente. »
C’est pourquoi ThousandEyes n’essaye pas de comparer directement la performance générale des clouds ou la performance spécifique de certains services, mais se focalise bien d’avantage sur les infrastructures réseaux de chacun et notamment sur les latences relevées sur leurs différentes infrastructures à travers le monde.
Dans son rapport de 72 pages intitulé « Cloud Performance Benchmark 2019-2020 », l’organisme constate des performances relative similaires entre les grands clouds d’une manière générale mais d’importantes disparités entre les régions.
L’étude compare AWS, GCP, Azure, IBM Cloud et Alibaba Cloud et s’appuie sur différents tests de latence et de débits réalisés sur une période de 30 jours à partir de 98 sondes placées à travers le monde. Plus de 320 millions de mesures ont ainsi été collectées et agrégées.
L’Europe est bien lotie
L’un des graphiques les plus intéressants pour les entreprises européennes montre les temps de latence entre les différents utilisateurs de par le monde et les datacenters de chaque opérateur à Londres. Sans surprise, les utilisateurs européens bénéficient des meilleurs résultats (rappelant ainsi l’importance d’héberger les applications au plus proche des utilisateurs). Les utilisateurs américains et africains bénéficient aussi d’une bonne expérience, quels que soient les fournisseurs Cloud. En revanche le reste du monde doit affronter les latences importantes qui dégradent l’expérience utilisateur. C’est aussi sur ces expériences éloignées que les différences entre les clouds sont les plus marquées.
GCP dérape parfois
Pourtant, que l’on exploite un data center européen ou un data center américain d’un des clouds, les expériences resteront relativement similaires quel que soit le fournisseur. Il faut aller chercher des destinations plus exotiques pour trouver des exceptions à cette règle. Et à chaque fois, le mauvais élève s’appelle Google. En effet, GCP dérape sur ses datacenters en Inde avec une latence de 2,5 fois à 3 fois supérieure à ses concurrents mais aussi sur Sao Paolo (où les utilisateurs brésiliens souffrent d’une latence 6 fois supérieure sur GCP que sur les autres clouds). Des exceptions marginales mais qui doivent attirer l’attention des DSI et des ingénieurs de Google.
Des infrastructures réseau différentes
Le rapport met ainsi en évidence les différences d’infrastructure réseau des clouds. Ainsi AWS et Alibaba Cloud s’appuient principalement sur l’internet public pour le transport des données alors que GCP, Azure et IBM s’appuient bien davantage sur des backbones privés. Pour autant, les résultats sont relativement égaux. D’ailleurs Amazon, avec AWS Global Accelerator, dispose également de son propre réseau privé (qui offre des routes optimisées au sein du backbone connecté d’AWS) mais les résultats des tests réalisés sur ce réseau spécifique ne se montrent globalement pas significativement supérieurs à la connectivité internet principale d’AWS : si ThousandEyes note parfois 33% d’amélioration, l’essentiel des gains tourne autour de 10% et il arrive sur certains cas que la connexion publique se montre 44% plus rapide ! L’utilisation d’AWS Global Accelerator n’est donc pas une garantie systématique de meilleure performance.
Le cas chinois
Autre information majeure à retenir de ce rapport, le « Great Firewall » a un impact majeur sur tous les trafics entre la Chine et le reste du monde. Le « Great Firewall », c’est cette énorme infrastructure de filtrage au cœur des points de connexion de la Chine à Internet. Tous les paquets qui circulent entre l’Internet mondial et la Chine subissent une « Deep Packet Inspection » pour s’assurer que seuls les contenus en ligne alignés sur la ligne du Parti Chinois peuvent passer dans un sens comme dans l’autre. Du coup, quels que soient les fournisseurs de cloud, tous les trafics entrant ou sortant de Chine connaissent des taux de perte de paquets très importants. En revanche, ThousandEyes signale que le trafic qui reste au cœur du réseau chinois ne connaît lui aucun problème de latence ni perte de paquets.
Pour les entreprises étrangères, Singapour et Hong Kong sont les deux régions de prédilection pour héberger des Workloads destinés à servir les clients chinois. Et dans ce scénario, Alibaba Cloud se révèle le meilleur acteur avec des latences bien plus faibles que celles d’Azure, AWS ou IBM.
Au final, ce nouveau rapport ne révèle rien de très spectaculaire. D’une manière générale tous les fournisseurs offrent des prestations relativement similaires en termes de connectivité. Il a le mérite d’offrir un panorama mondial de la connectivité des grands fournisseurs de cloud et de démontrer, à ceux qui en doutaient encore, à quel point il est fondamental de placer les données et les applications au plus proches des utilisateurs.