Dans une course technologique où chaque milliard investi peut faire la différence, l’accord entre Nvidia et OpenAI propulse l’IA dans une nouvelle dimension, vers un futur d’infrastructures géantes et de puissance inégalée. Un futur où l’Europe va avoir du mal à exister.

C’est un coup de tonnerre dans le ciel déjà électrique de l’intelligence artificielle. Hier, Nvidia et OpenAI ont officialisé ce que Jensen Huang, patron du géant des puces, décrit comme « le plus grand projet d’infrastructure IA de l’histoire ». L’accord prévoit un investissement pouvant atteindre 100 milliards de dollars, étalé au rythme du déploiement de 10 gigawatts de puissance de calcul, soit l’équivalent énergétique de dix réacteurs nucléaires français.

Loin d’un simple placement financier, l’accord est avant tout un pacte industriel et technologique. La somme astronomique servira à bâtir une infrastructure d’une ambition folle : « Construire cette infrastructure est crucial pour tout ce que nous voulons faire. C’est le carburant dont nous avons besoin pour améliorer les performances, développer de meilleurs modèles, générer des revenus, bref tout faire » justifie Sam Altman, le CEO d’OpenAI. « Aucun autre partenaire que NVIDIA n’est capable de réaliser cela à une telle échelle et avec une telle rapidité ». Car, OpenAI le promet, le premier gigawatt de cette infrastructure (directement liée au projet Stargate hébergé par Oracle Cloud) sera opérationnel dès le second semestre 2026.

Sécuriser… pour mieux verrouiller la concurrence

Plus concrètement, pour OpenAI, ce partenariat lui assure de sécuriser la fourniture des futurs superchips « Vera Rubin » de Nvidia sur un marché du GPU très en tension. « C’est pour nous l’assurance de disposer du carburant dont nous avons besoin pour stimuler les progrès », explique Sam Altman.

Parallèlement Nvidia sécurise un client stratégique au moment où le marché chinois se ferme, où la concurrence s’organise (rappelons que 120 startups développent des puces IA) et où les rumeurs voulaient qu’OpenAI développe son propre accélérateur IA (comme AWS, Google, Microsoft et Meta l’ont déjà fait). En un sens, avec un tel accord qui s’ajoute à celui signé avec Intel la semaine dernière, Nvidia ne fait pas que sécuriser ses revenus, elle verrouille sa domination sur le marché. L’annonce a d’ailleurs été saluée par une hausse immédiate de l’action Nvidia, tandis que celles de ses concurrents vacillaient, notamment celle de Broadcom.

La démesure du gigantisme

Annoncée pour 2026, la superpuce « Vera Rubin » combine un processeur central ARM maison dénommé « Vera » (formé de 88 cœurs ARM “Olympus” pour 176 threads) et un GPU « Rubin » de dernière génération, reliés par une bande passante NVLink de 1,8 To/s. Côté mémoire, elle adopte la HBM4e ultrarapide, et promet jusqu’à 25 pétaflops par GPU, soit plus de 13 fois les performances de l’actuel Blackwell, avec une efficacité énergétique radicalement améliorée : à puissance égale, seulement 3 % de la consommation de Hopper. Dans sa configuration la plus ambitieuse, Rubin Ultra, quatre GPU Rubin travailleront de concert pour atteindre 100 pétaflops et 1 To de mémoire HBM4e. Au final, chaque « rack » délivrera 8 exaflops de puissance de calcul IA ! « Nous allons littéralement connecter l’intelligence à chaque application, à chaque cas d’utilisation, à chaque appareil – et nous ne sommes qu’au début », promet Jensen Huang.

Avec ce partenariat, la course à l’armement IA franchit un nouveau palier. L’investissement massif impose un nouveau seuil technique et économique qui met une pression intenable sur les startups de l’IA concurrentes et va imposer aux géants de la Tech d’ajuster leurs stratégies.

Le futur de l’intelligence artificielle, du moins dans sa forme la plus avancée, se jouera dans un club très fermé, où le ticket d’entrée se chiffre en centaines de milliards de dollars.

L’Europe, spectatrice d’un choc de titans ?

Un palier trop élevé pour l’Europe ? L’annonce a dû résonner comme une sirène d’alarme dans les couloirs de Bruxelles. Le récent rapprochement entre ASML et Mistral AI paraît étonnamment dérisoire face à la déferlante de milliards de dollars outre-Atlantique. Pendant que nous célébrons nos champions nationaux, Nvidia et OpenAI déploient une force de frappe financière et industrielle qui se compte avec aisément « un zéro de plus ». Récemment, Jensen Huang lui-même, prévenait que, sans une stratégie d’infrastructures souveraines, l’Europe risquait de « tomber dans l’oubli ».

Ce « partenariat pour la prochaine ère de l’intelligence », comme le qualifie Nvidia, laisse entrevoir une restructuration profonde du paysage technologique mondial. Il marque le coup d’envoi d’un nouveau chapitre, un chapitre où la démesure est devenue la norme.

 

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