Dans un nouveau mail, Satya Nadella a annoncé à l’ensemble des salariées qu’il allait supprimer 18 000 emplois (Microsoft va supprimer 18 000 postes), soit un peu plus de 14 % des postes dont une grande partie affectera Nokia.
Est-ce cela que l’on appelle dans certains milieux un licenciement boursier ? C’est possible mais une chose est sûre, la bourse a accueilli la nouvelle de manière très positive et le cours de l’action s’est enchéri de près de 4 %. Sur les neuf premiers de l’exercice fiscal (clos fin mars) qui inclus l’activité de Nokia, Microsoft a réalisé un chiffre d’affaires de 63,5 milliards de dollars contre 57,9 mds$ un an plus tôt et un bénéfice net de 17,4 mds$ à comparer aux 16,9 mds$ un an plus tôt. C’est pour cela que Satya Nadella avait l’accent dans son mail précédent sur la productivité. C’est la plus grosse suppression d’emplois de toute l’histoire de la compagnie, la dernière en date remonte à 2009, juste après la crise financière, avec une coupe de 5800 emplois.
Evolution du cours de l’action depuis septembre 2012
Dans un nouveau mail – un mode de communication que semble affecter Satya Nadella – au titre évocateur Starting to Evolve Our Organization and Culture, le troisième CEO de l’histoire de Microsoft a donc annoncé la mauvaise nouvelle sans trop de détour. « La première étape pour construire la bonne organisation et atteindre nos ambitions est de réaligner notre force de travail » explique-t-il précisant que 18 000 emplois devraient être supprimés – deux fois plus que ce que prévoyait Wall Street – lors de l’exercice fiscal 2015 (du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015). Microsoft devrait provisionner entre 1,1 et 1,6 milliards pour soutenir cette mesure. Sur les 18 000, 12 500 devraient affecter Nokia et les services. Ces employés devraient être avisés dans les six mois qui viennent. Bonjour l’ambiance dans l’entreprise pendant cette période. « Je vous fait la promesse de faire en sorte que tout ceci se fasse avec considération et dans la plus grande transparence » ajoute-t-il.
Cette réduction des emplois vise deux objectifs : la simplification de l’organisation avec un middle management moins important – une évolution qui concerne un peu toutes les grandes entreprises – pour « faciliter la circulation de l’information et accélérer la prise de décision » et l’intégration de l’activité Nokia.
A peine 5 mois après avoir pris les rênes de l’entreprise, Satya Nadella imprime donc sa marque et affiche une rupture radicale avec son prédécesseur Steve Ballmer. « Pendant la direction de ce dernier, explique Daniel Yves, analyste à FBR Capital Markets, Microsoft s’était alourdi de nombreuses strates de management et avait lancé de nombreuses et coûteuses initiatives qui ont entamé sérieusement le dynamisme de l’entreprise ». Dans cette direction hasardeuse, l’acquisition de Nokia a sans doute été un point d’orgue.
« Pendant la dernière décennie, Microsoft a souffert de deux maux principaux, commente Bret Jensen, investisseur et chroniqueur de publications financières. D’abord un manque de ligne directrice sur ce que voulait être l’entreprise : un éditeur de logiciel ? Une fabriquant de mobile ? Une entreprise Internet ? Une entreprise d’électronique grand public ? Un acteur du cloud ? Ensuite, une exécution beaucoup trop lente à la fois dans l’arrêt d’activités et dans le lancement de nouvelles. Avec Satya Nadella, la situation a changé et Microsoft met aujourd’hui l’accent sur deux directions : mobile et cloud. Et il n’est pas de communication dans laquelle l’entreprise ne manque pas de le rappeler ».