Après avoir longuement hésité, Oracle veut accélérer le développement de ses services cloud avec l’ouverture de 12 nouveaux data centers dans les deux ans à venir.

Plus un fournisseur de services cloud, plus il doit posséder des data centers. C’est là une condition nécessaire pour être un acteur majeur de ce domaine d’activité mais non suffisante.  C’est sur la base de cette constatation triviale qu’Oracle vient d’annoncer à l’occasion de la conférence CloudWorld qui s’est tenue hier à New York la mise en œuvre de 12 nouveaux data centers dans le monde : 5 en Asie (Chine, Inde, Japon, Singapour, Corée du Sud), 1 au Moyen-Orient (Arabie saoudite), 2 en Europe (Amsterdam et Suisse), 2 au Canada et 2 aux Etats-Unis. Ces deux derniers seront notamment destinés aux traitements du ministère de la Défense.

L’extension est l’un des plus grands projets de construction d’infrastructure qu’Oracle ait jamais entrepris, et qui lui permettra de quadrupler le total actuel de trois centres de données cloud que l’entreprise exploite actuellement.

Avec ces nouvelles infrastructures, Oracle vise à développer ses positions, offrant un portefeuille complet et intégré de services cloud (SaaS, PaaS, et IaaS) et de nouveaux services dans la sécurité, la Blockchain et l’Intelligence Artificielle.

Au deuxième trimestre de l’exercice fiscal, Oracle fait état d’un chiffre d’affaires de 9,6 milliards de dollars en croissance de 6 % par rapport au même trimestre de l’exercice précédent. Au sein de cette activité, le cloud ne représente que $1,5Mds, une part encore relativement modeste de ce total d’environ 16%. Mais la firme de Larry Ellison fait état d’une croissance de 44 % de l’activité du cloud. La partie du logiciel en mode SaaS (Software as a Service) s’élève à $1,1Mds, environ 18 % de la vente de logiciel sous la forme de licence. Sur les quatre prochaines trimestres, l’éditeur entend atteindre les $2Mds de chiffre d’affaires en abonnement logiciels SaaS. En novembre dernier, Oracle a dévoilé la dernière version de la base de données avec une solution d’abord disponible sur le cloud. Selon Oracle, cette base de données est proposée sur le cloud pour un prix moitié moindre à une base équivalente sur AWS.

Le reste de l’activité ses services cloud (PaaS et IaaS) pour lesquels Oracle à de solides ambitions est beaucoup plus modeste avec $396M, en croissance de 21 %. Sur ces deux derniers créneaux (PaaS et IaaS), Oracle est très loin derrière les leaders du marché, Amazon Web Services, Google et Microsoft « qui ont déjà largement pénétré le monde des développeurs et des entreprises et obtiennent des niveaux de satisfaction élevés, commente Rob Enderle, président du cabinet Enderle dans le quotidien The Mercury News. Oracle a la réputation de fournir des solutions chères et utilise des prix artificiellement bas pour attirer les nouveaux clients et ensuite les enfermer dans des solutions sans possibilité de retour en arrière et en augmentant les frais d’abonnement ».

Dans les services d’infrastructure cloud, AWS reste le leader du marché avec 44% du marché de l’infrastructure, selon le Gartner devant Microsoft avec 7 %. La position d’Oracle est pour l’heure extrêmement faible et inférieur à 1%. La question est de savoir si Oracle va pouvoir rattraper son retard.

Et si elle veut augmenter cette part de marché, Oracle va devoir augmenter ses dépenses en capital. Les data centers et l’équipement y afférent qu’ils contiennent peuvent générer des coûts de construction astronomiques. Selon un article du Wall Street Journal, Amazon, Microsoft et Google ont dépensé un total combiné de 41,6 milliards de dollars en dépenses en capital l’année dernière, avec un pourcentage important de celui estimé à la construction de data centers. Oracle, quant à lui, avait des dépenses totales en capital de 2,04 milliards de dollars au cours des 12 mois se terminant en Novembre 2017, selon le Journal.