Avec =COPILOT(), Excel change de dimension : l’IA devient une formule à part entière, capable de synthétiser, annoter ou générer du contenu en direct dans la feuille. Une étape qui replace Excel au cœur des workflows de support, qualité et ventes.
Depuis deux ans, Microsoft intègre avec plus ou moins de réussite, plus ou moins de clairvoyance, des fonctionnalités IA au cœur de ses outils bureautiques et collaboratifs. Jusqu’ici, Excel n’était pas forcément l’outil le mieux servi par son éditeur malgré l’intérêt des IA dans l’analyse de données.
Cette semaine, l’éditeur a néanmoins franchi une étape des plus symboliques. Au sein d’Excel, l’IA n’est désormais plus cantonnée à une barre latérale ou à des assistants contextuels, elle devient une fonction d’Excel à part entière.
En effet, la nouvelle fonction =COPILOT()
permet de saisir un prompt en langage naturel directement dans une cellule, d’y adjoindre des références à des plages de données et de laisser le modèle générer une sortie qui “vit” dans la grille comme n’importe quelle autre formule Excel. Les résultats se recalculent lorsque les données changent et peuvent se combiner avec les fonctions classiques (IF, SWITCH, LAMBDA, WRAPROWS).
« La puissance des modèles de langage arrive directement dans les feuilles Excel », résume Catherine Pidgeon, Partner Director de l’équipe Excel.
Ce que change la fonction « Copilot() »
Concrètement, =COPILOT()
sert à résumer, classer ou générer du texte à partir de cellules ciblées. On peut typiquement l’utiliser pour étiqueter des retours clients par sentiment, condenser des tickets de support, produire une description de produit à partir de spécifications, voire “déverser” des tableaux multi-lignes en sortie. Le tout sans quitter la feuille ni copier-coller des réponses d’un chatbot.
Cette approche succède à l’expérimentation LABS.GENERATIVEAI
et marque un glissement de l’IA “à côté” d’Excel vers l’IA dans Excel.
Modèle, limites et bons usages
Techniquement, la fonction s’appuie pour l’instant sur le modèle gpt-4.1-mini. Et pour éviter tout dérapage, Microsoft cadre son usage. L’éditeur précise ainsi qu’il ne faut pas l’employer pour des calculs numériques (préférer SUM, AVERAGE, etc.) ni pour des scénarios à fort enjeu réglementaire (reporting financier, juridique, conformité), l’IA pouvant générer des réponses erronées.
Son savoir interne est borné à des informations antérieures à juin 2024. La fonction ne voit que le prompt et les plages référencées : aucun accès au reste du classeur, ni aux données d’entreprise, ni au Web n’est permis.
Gouvernance : données, labels et réseau
Point crucial pour les DSI/RSSI : les prompts et données de contexte ne sont pas utilisés pour entraîner les modèles. Le calcul nécessite une connexion Internet vers des modèles hébergés sur Azure et respecte les labels de sensibilité : un classeur marqué Confidentiel ou Hautement confidentiel bloque l’exécution de =COPILOT()
.
En clair, la gouvernance M365/Purview reste aux commandes, et l’activation de l’IA peut s’aligner sur les politiques de classification existantes.
Accès et capacité
Le déploiement est en canal Beta sur Windows (Version 2509 / Build 19212.20000+) et Mac (16.101 / Build 25081334+), avec une arrivée annoncée sur Excel pour le Web via le programme Frontier. L’usage est borné à 100 appels par tranche de 10 minutes (et jusqu’à 300 appels par heure), des seuils appelés à évoluer. L’accès requiert une licence Microsoft 365 Copilot.
Perspectives
La fonction Copilot() apporte un bénéfice immédiat : elle permet de gagner du temps sur toutes les opérations de traitement de texte dans Excel (tri, annotation, synthèse), sans avoir besoin de scripts ou d’extensions supplémentaires. En outre, du côté de l’IT, l’intégration sous forme de fonction calculée simplifie le déploiement à grande échelle. Les formules sont documentées, le recalcul reste maîtrisé et la classification permet un contrôle approprié des usages.
Cette bascule « formule = IA” remet Excel au centre des workflows de connaissance et de support, avec un levier d’adoption pragmatique : aucun nouvel outil à apprendre, juste une fonction de plus. Reste, pour les organisations, à canaliser l’enthousiasme par des lignes directrices d’usage, et à mesurer les gains sur des cas ciblés (SAV, qualité, ventes) avant d’étendre. Microsoft promet des améliorations de modèle et, à terme, une ouverture vers des sources Web/entreprise ; de quoi élargir les cas d’usage — sous réserve d’un cadrage rigoureux côté sécurité et conformité.