Les polémiques sur les réseaux sociaux sont difficiles à éteindre. Après les déboires rencontrés par Adobe pour des termes insuffisamment clairs dans ses licences, c’est au tour de Microsoft d’être accusée de voler vos documents Office pour entraîner ses IA. Ce n’est pas le cas, mais les utilisateurs ont raison de se poser la question…
En début de semaine, les réseaux sociaux ont frémi de fébrilité après la publication d’un post devenu viral d’un certain Dr Casey Lawrence expliquant que Microsoft exploitait par défaut vos documents Word et Excel pour entraîner ses IA, et que le consentement pour une telle pratique était activé par défaut.
Peu convaincus par l’argumentation de ce « Dr », nous n’avions par relayé l’information, estimant que ce dernier faisait une dangereuse confusion entre « fonctionnalités cloud » et « entraînement d’IA » et que son discours allait totalement à l’inverse de celui clamé « haut et fort » par l’éditeur. En outre, cette pratique paraissait aller complètement à l’inverse de l’initiative SFI (Secure Future Initiative), nouvelle priorité de la firme de Redmond.
L’auteur du post expliquait par ailleurs (confirmant notre impression d’amalgame mal venu) que pour se désinscrire de cet « espionnage », il fallait aller désactiver une option planquée au fin fond des paramètres Word en allant dans « Fichier -> Options -> Centre de gestion de la confidentialité -> Paramètres du Centre de gestion de la confidentialité -> Options de confidentialité -> Paramètres de confidentialité -> Fonctionnalités connectées ».
Si nous sommes 100% en accord avec l’auteur sur le fait que Microsoft se paye notre tête en plaçant ses réglages de confidentialité dans une telle arborescence (honnêtement, y a de quoi être suspicieux), force est de reconnaître que le réglage désigné n’a rien à voir avec l’entraînement des IA de Microsoft mais permet de bénéficier de fonctionnalités optionnelles exécutées dans le Cloud (ce qui forcément impose de laisser aux infrastructures Microsoft d’accéder à votre contenu), notamment certaines fonctions IA de proposition automatique de retouches ou de mises en forme mais aussi la possibilité de co-éditer des documents à plusieurs en temps réel. Désactiver cette autorisation rend mécaniquement inopérationnelles ces fonctionnalités cloud évoluées.
Le Cloud est d’abord une question de confiance
Rappelons par ailleurs, qu’en utilisant Microsoft 365, solution essentiellement Cloud, l’utilisateur fait forcément confiance à l’éditeur et que ses infrastructures analysent forcément le contenu de tous les documents, ne serait-ce que pour vous permettre d’utiliser la recherche (et depuis peu la recherche sémantique). Mais tout ceci n’a rien à voir avec l’utilisation de ces contenus pour entraîner des IA !
La viralité des réseaux sociaux est telle, que bien des DSI, RSSI et DPO se sont tournés vers l’éditeur pour demander un éclaircissement sur les allégations du Dr Casey Lawrence. Au point que l’éditeur a bien été obligé de répondre sur ces mêmes réseaux sociaux. Le compte X de Microsoft 365 a ainsi rappelé que « nous n’utilisons pas les données clients des applications M365 pour entraîner nos LLMs ». Et de rappeler que « le paramètre ’Fonctionnalités Connectées‘ permet d’activer les fonctionnalités nécessitant un accès Internet comme le coauthoring des documents ».
Et de renvoyer les utilisateurs vers sa documentation : Overview of optional connected experiences in Office – Microsoft 365 Apps | Microsoft Learn.
Il serait bon tout de même que cette polémique serve de leçon à Microsoft alors que les termes des licences des éditeurs sont de plus en plus vagues quant aux usages des données et que les datas d’Internet, comme des réseaux de Meta, X ou Google ont été allègrement pompées par tous les acteurs de l’IA des startups comme OpenAI, Anthropic ou xAI jusqu’aux géants comme Google, Meta et Microsoft.
Notamment, Microsoft devrait vraiment repenser son « Centre de la Confidentialité » dans les applications Microsoft 365 et s’inspirer de l’accessibilité et de la clarté de ses centres similaires dans Edge et dans Windows. Plus de transparence ne fait pas de mal…