« Nous voulons être le VMWare du réseau en virtualisant les couches basses du réseau », affirmait Gregg Hotlzricher, VP Marketing de BigSwitch Networks lors du dernier OpenStack Summit de Sydney.

Aujourd’hui, le marché des réseaux pour des data centers connait une croissance de plus de 13% par an, mais il connait aussi des transformations internes assez profondes puisque le segment du 40GbE à connu une croissance de ses revenues de plus de 70% en 2016. La société d’analyses Gartner pense que le basculement vers le 50GbE et le 100 GbE provoquera une croissance importante pour les années à venir. Parmi les facteurs qui gouvernent ces évolutions sont l’émergence du SDN (Software Defined Network) dont l’objectif et de rendre le réseau agile et flexible à la manière des serveurs virtualisés et des infrastructures de stockage dans les actuels datacenters, pour répondre rapidement aux impératifs de business et de scalabilité. Les implémentations d’infrastructures de Cloud Hybride ou même de multicloud (telles qu’on l’a constaté lors de l’OpenStack Summit de Sydney) dans les entreprises deviennent de plus en plus fréquentes et nécessitent une plus grande automation des opérations.

SDN et réseaux ouvert

De nouveaux mode opératoires apparaissent basés sur la mise en place de politiques de gestion organisées, centralisées et structurées qui s’opposent au CLI (command Line Interface) qui consiste à paramétrer séparément chaque appareil intervenant dans le datacenter. Mais dans de nombreux cas, les entreprises, qui cherchent à améliorer la flexibilité de leurs opération et à réduire simultanément leurs coûts d’équipements et de fonctionnements sont coincés par leurs fournisseurs dans des approches fermées matériel + Logiciel. Si la plupart de constructeurs proposent des « fabric » en général basées sur des architectures propriétaires, ils offrent cependant des possibilités de programmabilité qui permettent se rapprocher du SDN. (Cisco, Arista, Huawey, Juniper, etc.). L’OpenStack est aujourd’hui au cœur de la nouvelle tendance des réseaux ouverts et les différentes enquêtes présentées montrent que près de la moitié des entreprises considèrent des standards ouverts et une plus grande interopérabilité entre les différents constructeurs. Ceux-ci restent cependant bien campés sur des positions propriétaires, offrant des opportunités pour de nouveaux entrants.

BigSwitch Network et hyperconvergence

« Nous sommes une société de logiciel, précise Gregg Holtzricher, VP marketing de BigSwitch, et nous apportons une brique importante dans les solutions hyperconvergées telle que  celle de Nutanix. » En effet, Nutanix est aussi une pile logicielle, mais elle ne couvre que le compute et le storage, mais pas le réseau. L’offre de BigSwitch vient se mettre en dessous de la stack Nutanix qui gère l’hyperviseur et les machines virtuelles dans un système souple très efficace et different de celui de VMWare. L’opérateur dispose d’une console unique qui lui permet d’instancier une ou plusieurs  nouvelles machines virtuelles et de provisionner le stockage pour les données, mais ensuite, il faut faire appel au réseau et faire circuler les données. « C’est là que nous arrivons explique Gregg Holtzrichter. » L’utilisateur achète maintenant une solution intégrée Serveur/Stockage/Réseau gérée par Nutanix et non plus une solution hyperconvergée à laquelle il fallait ajouter les composants réseaux.

L’offre de BigSwitch est double: Big Monitoring Fabric (BMF) est un NPB (Network Packet Brocker), un appareil basé sur des switch Ethernet ouverts du marché qui offre un ensemble d’outils de monitoring du trafic sur les réseaux du cloud et du datacenter et assure la sécurité, c’est une alternative flexible et économique à Gigamon ; Big Cloud Fabric (BCF) est un contrôleur SDN basé sur des switches ouverts du marché (Dell ou HPE) qui supporte tout type de charge de travail ( physique, virtuel, containers) et les logiciels d’orchestration (VMWare, OpenStack). Ce contrôleur fournit le switching (commutation) au niveau 2 et le routage au niveau 3 et accepte le chainage et l’insertion de services entres les niveaux 4 et 7.

« Le principe est que chaque pod est géré par un contrôleur, explique Greg Holtzricher, et nous apportons un « directeur de contrôleur » qui agrège les différents pods, quel que soit le cloud (ou les clouds) que vous utilisez, permet l’automatisation du réseau. Nous virtualisons tout le réseau physique, le contrôleur a une image de tout ce qui est physique sur le réseau, ce qui élimine l’utilisation du CLI. Cette approche est basée sur la manière dont Google organise son propre réseau et ses datacenters, elle permet le coud hybrid ou le multi cloud en automatisant la mise en place « end to end des datacenters interconnects » qui offre robustesse, agilité et réponse aux charges de travail. »

Cette proposition de valeur est désormais valable pour Nutanix, mais elle est aussi applicable pour Kubernetes, pour VMWare, OpenStack grâce à une intégration avec le plug in Neutron. BigSwitch a passé un partenariat avec Red Hat qui simplifie l’installation et la gestion de BCF pour la plateforme OpenStack Red Hat Enterprise.

Des économies sensibles

BigSwitch dispose donc aujourd’hui d’une offre commerciale SDN plutôt avantageuse aussi bien en Capex puisque le hardware s’appuie sur des switches ouverts du marché, qui sont en moyenne 50% moins chers que les switches propriétaires, mais cette offre et intéressante en Opex et en efficacité par rapport aux offres propriétaires. Pour Gregg Holtzrichter, la croissance de BigSwitch est assez spectaculaire puisqu’elle a été de +90% en 2017. « Nous avons dépassé 40 millions de dollars de chiffre d’affaireq, uniquement en logiciel, sans compter les prix des matériels associés…ce qui donne un chiffre de plus de $100M au total » L’ambition de la société, qui se compare à Arista Network (toutes proportions gardées), est de renforcer son expansion à l’international et de viser une entrée en bourse dans les 2 ans. Elle vient de lever 30 millions de dollars.