Le salon Datacloud qui se déroule à Monaco les 3 et 4 juin au forum Grimaldi est le grand rendez-vous des fournisseurs de Datacenters (centres de données). 1550 personnes ont participé à ce rendez-vous européen connu jusque-là sous le nom de Datacenter Europe depuis 2004.
Si le nouveau nom « Datacloud» peut laisser penser que l’on aura à faire aux habituels fournisseurs de serveurs et de logiciels, ce n’est pas encore le cas. On reste dans le cadre des infrastructures générales (électricité, refroidissement, systèmes de racks, sécurité périmétrique, etc.). Dans les conférences, pourtant, les références aux logiciels comme SAP, Microsoft, les outils d’Open source et tous les programmes de sécurités étaient nombreuses. L’objectif pour l’organisateur avec le changement de nom est à terme de faire venir de nouvelles firmes, le marché des applicatifs et des fournisseurs de serveurs étant plus animé que celui des investisseurs immobiliers qui planifient leurs constructions dans des perspectives décennales. Le marché du cloud public, selon IDC, qui représentait 56,6 milliards de dollars en 2014, devrait progresser de 22,8 % sur 4 ans pour atteindre 127 milliards en 2018 .
Le marché des centres de données s’éloigne des capitales
Organisé par le bureau d’études anglais Broadgroup.Com, la conférence repose en premier lieu sur une cinquantaine de sessions animées par des spécialistes de ce secteur, en effervescence. Tous les acteurs américains du Cloud en particulier cherchent à se diversifier en Europe et en Afrique,la combinaison des prêts à bas coûts et des aides d’installation. Le sujet intéresse en France de plus en plus les collectivités locales en quêtes de nouveaux emplois, l’ouverture d’un grand datacenter étiqueté « Microsoft Azure » dans le sud de la France a été plusieurs fois évoqué. Mais apparemment, la firme de Redmond attend des éclaircissements sur la législation européenne et des engagements précis de la part des investisseurs publics pour oser se déclarer, le sujet étant déjà depuis longtemps en gestation, les allemands et d’autres pays de la communauté européenne étant prêts aussi à investir du point de vue immobilier. Ce type de projets explique l’engouement de près des 300 fournisseurs, des installateurs de systèmes de refroidissements, des constructeurs de datacenters comme Bouygues énergies, Siemens ou des opérateurs comme NTT Europe, Equinix, pour ce salon. Ils exposaient leurs dernières réalisations souvent en partenariat avec des dizaines de sociétés de services spécialisés. L’objectif est de trouver de nouveaux partenaires, chercher de nouveaux fournisseurs pour s’implanter dans de nouveaux territoires, 55 pays étant représentés, en particulier Singapour et Hong Kong toujours imprégnés d’une culture anglo-saxonne.
La législation européenne principal souci.
Du coté des conférences, le salon Datacloud aura été marqué par les promesses d’une nouvelle régulation européenne. En France, depuis que la loi sur le renseignement a été légèrement modifiée, l’heure est à l’apaisement. Rappelons qu’il y a six semaines l’association des hébergeurs LAFHADS, Gandi, IDS, Ikoula, Lomaco, Online, OVH, avait alerté le gouvernement sur les risques de récession en cas d’un accès sans contraintes au contenu des données sur les disques de tous les Datacenters. Leur indignation tenait au risque de voir les développements économiques des centres de données en France totalement remis en cause. Depuis le gouvernement est venu rassurer les industriels du secteur. Le représentant des hébergeurs, Gustave Klaba, le patron d’OVH, précisait : « Pour nos clients hébergement français et étranger, il n’y a pas de changements, sauf si le client a une activité terroriste. Les données de nos clients ne seront pas copiées massivement ». Au niveau européen, la sécurité des données reste le souci majeur, les entreprises américaines, où qu’elles se trouvent, du fait de la loi connue sous le nom de Patriot Act ayant obligation de répondre aux requêtes du FBI. La législation européenne qui est en pleine refonte pourrait remettre en cause certaines habitudes.
Equinix, vedette du secteur
Le secteur a été marqué par le rachat la semaine passée de l’anglais Telecity pour 3,6 milliards de dollars par l‘américain Equinix. Le président Europe de ce dernier, Eric Schwartz, était d’ailleurs présent en compagnie de John Hugues, le chairman de Telcity group. Au cours d’une soirée inaugurale, Eric Schwartz recevait le trophée du leader de l’industrie des Data Center. Interrogé sur l’éventuel rachat du hollandais Interxion, Eric Schwartz n’a pas voulu commenter cette éventuelle opération. Rappelons qu’avant le rachat de l’hébergeur Telecity, ce dernier cherchait lui-même à s’emparer d’Interxion. Depuis les actionnaires de Telecity ont préféré vendre leurs actions au meilleur prix à Equinix, une preuve s’il en fallait une que les investisseurs vivent à l’affut des opportunités.
Plus une affaire d’immobilier que de techniques
Interrogé sur ce qui différenciait l’industrie des télécoms de l’industrie des Datacenters, un spécialiste anglais soucieux de ne pas être cité nous a confirmé : « Avec les datacenters, on entre dans une logique d’immobilier, celui des RIET (Real Estate Investissment Trust), le fonds d’investissements immobiliers. Par rapport au prix du mètre carré classique pour l’immobilier de bureau, celui du shopping ou du logement, les chiffres sont multipliés par dix. Actuellement, les datacenters sont entrain de s’éloigner des grandes villes comme Londres et Amsterdam. Une grande partie des acteurs présents à Monaco sont des fonds d’investissements, parfois des banques qui veulent parier sur des projets comparables à ceux de constructions d’immeubles proposés pour la location de bureaux. La course à la réduction des investissements lourds favorise la montée de tous les services en mode locatif. Le paradoxe, c’est que les banques multiplient lees expériences dans ce domaine en tant qu’investisseurs, n’hésitent pas à s’engager, mais en tant que clients ils ne font pas confiance à des sous traitants et préfèrent construire leurs propres installations. »
Interrogé sur l’intérêt de participer à un salon orienté très infrastructures «primaires » le directeur d’Arista France, Pascal Gay précisait « C’est vrai qu’ici, c’est un peu eau, gaz, et électricité à tous les étages pour les Datacenters. Les visiteurs connaissent mal les enjeux des télécommunications. On est un peu déçus.» Interrogés sur le client des grands Datacenters. « On travaille depuis plus d’un an avec OVH qui était exclusif Cisco. L’évolution du 10, 25, 40 gigabits vers les 100 gbits favorise notre progression car les composants Broadcom ne coûtent pas plus cher».
Le green en pole
Dans le domaine du refroidissement, les objectifs « green » sont de plus en plus mis en avant. Le simple refroidissement à eau (ci-dessous les tuyaux qui refroidissent les datacenters de Google) ou de nouveaux équipements exploitant l’air ambiant permet d’éviter les notes d’électricités élevées.