Le rachat des actifs numériques de The Weather Company, données et technologies (IBM rachèterait The Weather Channel Company pour $2mds) peut paraître surprenant mais confirme que, désormais, les données sont tout.
Retour sur une annonce a première vue déconcertante. The Weather Channel (anciennement The Weather Channel Company ou TWC) est un canal de nouvelles en continu présentant les conditions et la prévision météorologiques pour le grand public américain. The Weather Company est un grand pourvoyeur de données météorologiques via de multiples canaux aux médias : Télévision, par câble et satellite, mais il fournit également des interventions et des cartes pour les journaux, la radio et l’internet. The Weather Company a été créée en 1980 par John Coleman, un ancien présentateur météo pour la chaîne ABC.
IBM acquiert tous les actifs de l’entreprise sauf la chaîne de télévision. The Weather Company a pris le virage du mobile et est la quatrième app la plus utilisée aux Etats-Unis toutes activités confondues. Aujourd’hui, le service proposé par TWC supporte 26 milliards de requêtes par jour et fait état de 82 millions de visiteurs mensuels.
Les plans d’IBM avec cette acquisition sont ambitieux. Big Blue entend faire la synergie entre sa plate-forme analytics et cognitive Watson et les données gérées sur le cloud de la société de prévision météo. TWC collecte et analyse des données provenant de multiples sources, plus de 40 millions de smartphones et 50 000 avions quotidiennement qu’elle diffuse à plus de 5000 clients de différents secteurs : médias, compagnies aériennes, énergie, assurance et administration. IBM avait déjà annoncé en début une migration des données et applications sur son propre cloud.
IBM entend ajouter une nouvelle brique dans cet édifice avec la contribution de l’Internet des objets. La firme d’Armonk avait déjà annoncé le projet de construction d’une division Watson IoT avec un investissement de 3 milliards de dollars. L’Internet des objets permettra d’améliorer la qualité des données et d’affiner les prévisions sur les deux dimensions, le temps et l’espace. « Nous envisageons une nouvelle vague de prévisions bénéficiant de ces différents apports associant la science météorologique, l’informatique et l’analytics », commente David Kelly, CEO de The Weather Company
IBM entend bien mettre les bouchées doubles dans le développement de son système cognitif Watson. Et pour cela, elle a à la fois besoin de volumes de données considérables dans les domaines les plus divers et de technologies pour les valoriser. Les dernières acquisitions d’IBM sont largement tendues vers cet objectif.
Aider les entreprises à gérer leurs données
Lors de son événement Insight 2015 qui s’est tenu cette semaine à Las Vegas, IBM a lancé de nouvelles initiatives afin de répondre à ce défi de taille de la profusion des données qui sont déversées dans les entreprises. Dans les faits, 80% d’entre elles ne les utilisent pas, ou ne les analysent pas correctement.
IBM annonce le premier Insight Services en temps réel du marché basé sur le Cloud et largement basée sur Spark et de nouvelles capacités cognitives. A l’occasion de cette manifestation, IBM a dévoilé plusieurs services.
Le premier Insight Cloud Services délivre des informations basée sur les données et les connaissances scientifiques à partir de l’analyse de données, le tout provenant de sources telles que Twitter et The Weather Company.
La disponibilité de l’offre Spark-as-a-Service basé sur Bluemix suit un programme beta depuis plusieurs semaines. 3000 développeurs l’utilisent pour concevoir des applications métier, business ou grand public, intelligentes alimentées par des données. IBM a également renouvelé la conception de plus de 15 solutions analytiques et commerce d’entreprises avec Spark, afin d’accélérer leur capacité de traitement en temps réel.
Enfin, en appliquant une combinaison de technologies de pointe, d’analyse des images, de traitement du langage naturel, et des technologies de « machine learning », la nouvelle offre cognitive Datacap Insight Services peut automatiquement classer et comprendre rapidement un document, son format et sa structure, mais aussi les mots ou les chiffres, à partir de tout type de document et détermine avec précision les mesures appropriées à prendre.
La dimension stratégique des données
Dans son dernier livre Le mirage numérique, Pour une politique du Big Data, Evgeny Morozov met en regard la crise financière qui s’est soldée par un sauvetage du système bancaire et aransformé l’Etat en un champ de ruines et le bouleversement selon lequel il s’agit de tout numériser et connecter à l’Internet. Dans ce contexte les données sont devenues désormais stratégiques et décident de tout (…). « Le fait qu’Uber apparaisse comme un réservoir de données aux urbanistes est tout à fait conforme à l’idéologie solutionniste de la Silicon Valley », écrit l’auteur… « Le problème est que les villes qui font ami-ami avec Uber risquent de développer une dépendance excessive à ses flux de données… Au lieu de la laisser (l’entreprise) aspirer la totalité des informations relatives aux déplavements, les villes devraient chercher à obtenir ces données par leurs propres moyens. Ensuite, elles pourraient autoriser Uber et consorts à les utiliser pour implanter leur service ». Et non l’inverse pourrait-on ajouter. La question est posée de savoir qui aura la maîtrise des données. Le phénomène de l’Open Data selon lequel de nombreux opérateurs publiques ouvrent leurs données est tout à fait intéressant mais dans le même temps des entreprises privées se créent uniquement grâce à cette même maîtrise des données.