La transformation numérique va entraîner une redistribution des cartes chez les fournisseurs et faire émerger des nouveaux rôles au sein des entreprises.

Dans dix ans, les fournisseurs les plus influents d’aujourd’hui auront perdu de leur présence sur le marché à l’exception d’un seul : Google. C’est ce qu’indiquait Peter Sondergaard, SVP, Research du Gartner à l’occasion du Symposium ITXPo qui s’est tenu il y a quelques jours à Orlando (Floride). Mais le phénomène le plus marquant est que les fournisseurs qui seront les plus influents dans dix ans sur la scène du numérique n’existent pas encore. Le corollaire de cette assertion est que la numérisation va transformer les entreprises et cela de manière à la fois profonde et rapide.

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Pour la mettre en œuvre, de nouveaux profils vont apparaître dans les entreprises, qui seront parfois indépendants des DSI. Outre-Atlantique, ils s’appellent Chief Data Officer ou Chief Digital Officer (directeur de la transformation numérique) et sont rattachés hiérarchiquement à la direction générale et ne reportent pas le plus souvent aux DSI. Entre 2012 et 2014, le nombre de ces nouveaux profils sera multiplié par trois atteignant un taux de présence significative. Certaines directions opérationnelles auront même leur propre responsable numérique. C’est le cas des directions marketing dont l’activité a considérablement évolué ses dernières années sous la pression du numérique.

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Est-ce à dire que ces responsables numériques menacent l’existence des DSI ou qu’ils pourraient être amenés à les remplacer ? Ce n’est pas l’avis de Peter Sondergaard qui les présente plutôt comme des « agents du changement », sans réel budget, sans équipe importante. Et lorsque la transformation numérique des entreprises sera achevée (si cela a un sens car c’est un chemin plus qu’une destination), leur fonction évoluera et tous les dirigeants de l’entreprise devront posséder une telle expertise. Sachant que, pour ce qui concerne les DSI, il faudrait toujours maintenir et faire évoluer l’infrastructure IT, qu’elle soit dans l’entreprise ou sur le cloud.

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Une chose est sûre : les DSI sont mis à rude épreuve avec la transformation numérique. Alors que seulement 10 % d’entre eux indiquent avoir des problèmes dans la mise en œuvre avec leur informatique, selon le Gartner, 50 % avouent ne pas être prêts pour ce nouveau défi lié au numérique. Pourquoi ? « Tout simplement parce que le numérique est différent de ce qu’on a connu jusqu’ici », explique Dave Aron, analyste du Gartner. Un des défis que nous devons relever, est que nous vivons dans un monde analogique. « La numérisation revient à combiner le logiciel, l’analytics et les technologies internet et de les appliquer à ce monde analogique, explique Bill Ruh, responsable de l’activité logiciel de GE. Jusqu’ici les DSI se concentraient sur le back-office. A l’avenir, il leur va falloir se focaliser sur le front-office ».

Le DSI de la ville de Brisbane (Australie) a pris en compte cette évolution dans le plan de cybercité à 5 ans qu’il a mis en place grâce auquel il doit, entre autres, doubler le nombre d’entreprises qui vendent en ligne, supporter 250 nouvelles startups et continuer à améliorer les relations avec les habitants de la ville grâce aux services en ligne.

 

Les DSI vont devoir fonctionner à deux niveaux. L’un nécessaire pour assurer le fonctionnement normal de l’infrastructure en utilisant les méthodes traditionnelles, l’autre correspondant à une approche agile, innovante pour conduire la transformation numérique et explorer les nouvelles opportunités. Dans certains cas, cela nécessitera de prendre quelques risques car l’adoption de nouveaux business models peut dans un premier temps affecter les activités traditionnelles. Que les nouvelles activités ne cannibalisent pas trop vite les activités traditionnelles mais en prennent le relais. Tout cela étant une question de synchronisation. « La numérisation n’est pas une option ou un add-on, c’est la nouvelle réalité », conclut Dave Aron.