La saison est ouverte pour les fusions massives, elles témoignent de la fin d’une époque, celle des équipements réseaux ultra spécialisés au profit de solutions dédiées à des applications plus courantes.
A peine l’annonce du rachat d’Aruba par Fortinet effectuée, c’est au tour d’Avago d’annoncer son rachat de Broadcom. Ces deux fabricants tenaient une bonne part du marché des composants haut débit pour les télécoms, le chiffre d’affaires combiné des deux entreprises équivalent à environ 15 milliards de dollars par an. L’opération effectuée par Avago (ex-division composant d’HP appelée en son temps Agilent) est largement supérieure à celle du rachat par Nokia d’Alcatel-Lucent pour 16,6 milliards de dollars.
En parallèle, HP vient juste d’acheter Contextream, un éditeur de logiciel connu pour avoir transformé son logiciel de contrôle de gestion de réseau pour les opérateurs.
La firme était passée d’un mode propriétaire à celui adopté par la communauté Open Dayligth. L’objectif est bien sûr d’offrir un moyen de virtualiser les réseaux d’opérateurs afin de réduire les coûts d’exploitation. Après les rachats d’Embrane par Cisco et celui de Corente par Oracle, ceux qui doutaient encore que le SDN était en train de révolutionner le secteur télécom réseaux et applicatifs devraient arrêter de se poser des questions.
Pour en revenir aux 37 milliards du rachat d’Avago, l’accord entre les fabricants de composants qui implique 17 milliards de dollars en espèces et 20 milliards de dollars d’actions pour Avago, peut s’expliquer par la montée en puissance des offres de réseaux pilotées par logiciels.
De plus en plus, les composants réseaux sont limités en nombre dans leurs fonctions. Les applications sont en effet, pour l’instant, « remontées » dans des serveurs classiques, bien moins chers que des équipements réseaux hyperspécialisés. Ainsi un routeur peut être avantageusement remplacé par un commutateur associé à un serveur, les applications étant plus facilement modifiables entre les différents serveurs.
Ce rachat va également marquer la fin d’une époque dans les semi-conducteurs de communication, comme Broadcom, souvent considéré comme l’étoile montante de l’ère des dot-com.
Après avoir finalisé le rachat de LSI en mai 2014 (montant de l’acquisition : 6,6 milliards de dollars) puis Emulex en février (606 millions de dollars, Avago est en train de devenir le fabricant incontournable des composants d’entrées-sortie.
Dans ce même secteur NXP Semiconductors avait récemment acquis Freescale 16,7 milliards, soit 11,8 milliards de dollars, si l’on prend en compte la dette de Freescale. En août 2014, IBM avait cédé son activité semi-conducteur à Global Foundries. Selon plusieurs rumeurs issues de Wall street, le prochain rachat sera celui d’Altera, mal en point lui aussi. Seul Intel serait sur la liste des prétendants.