Le développement des Smart Cities s’annonce depuis dix ans déjà comme une révolution urbanistique à l’ampleur inégalée. Transports, logement, travail, culture, tous les aspects de la vie des grandes agglomérations devraient être touchés par ces transformations qui visent à rendre nos villes plus intelligentes et efficientes par la collecte et l’utilisation de données. Mais concrètement quels projets s’apprêtent à voir le jour, quels moyens doivent être mobilisés et quels obstacles doivent être dépassés pour les mener à bien ?

La notion de Smart City recouvre des réalités et des projets très divers dans lesquels il est parfois difficile de discerner des points communs. Trois axes principaux semblent cependant se dégager, la ville intelligente est durable, au sens écologique du terme, connectée, c’est à dire que l’information y circule de façon fluide, et ouverte, à la participation des citoyens comme à l’innovation.

Dans cette volonté d’utiliser au mieux les informations collectées dans l’espace public, la ville d’Amsterdam se veut pionnière et a notamment mis en place sur son périphérique un système de limitations de vitesse évolutives particulièrement innovant : à partir de statistiques sur la circulation lors de journées similaires ainsi que d’un réseau de capteurs et caméras une vitesse limite est calculée en temps réel puis affichée sur des panneaux lumineux. Ce système aurait permis de réduire le nombre de bouchons de moitié et les émissions de CO2 de 15%

Des dispositifs intelligents de ce type pourraient également voir le jour dans le secteur culturel, plusieurs musées étudient par exemple la possibilité d’utiliser un certain type de capteurs, les beacons, pour créer de nouvelles expériences muséographiques en envoyant sur le smartphone du visiteur des informations en format multimédia sur l’œuvre devant laquelle il se trouve. Les beacons intéressent également les acteurs de la grande distribution qui y voient une opportunité de développer des programmes de fidélité et des promotions personnalisées ainsi que de mettre en place des dispositifs de gamification. Les stades pourraient eux aussi s’équiper de capteurs et permettre ainsi aux spectateurs de localiser la sortie la plus proche ou la moins encombrée et permettre des évacuations plus fluides.

A plus long terme, l’un des plus importants chantiers des Smart Cities est celui de la transition énergétique. De nombreuses entreprises proposent aujourd’hui des services et des équipements, tels que les compteurs intelligents, pour distribuer l’énergie plus judicieusement ou encore construire des bâtiments produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Ces initiatives privées sont cependant dépendantes de l’implication des pouvoirs publics dans le développement des infrastructures. Ce volet des smart cities implique, au-delà de son aspect technique, une meilleure information et une plus forte responsabilisation des citoyens, le compteur intelligent n’étant efficace que si l’usager tient compte des données qui lui sont fournies à propos de sa consommation.

Le risque de l’infobésité

Ces projets se heurtent à des obstacles de plusieurs types, les institutions et entreprises qui les mettent en place doivent en premier lieu éviter de surcharger l’utilisateur d’information. L’installation volontaire d’une application est un prérequis initial et toute sollicitation excessive de l’usager ou, dans le cas des projets commerciaux, du client, mène inévitablement à la suppression de l’application.

Une collecte de données sous haute surveillance

La collecte des données nécessaires à ces projets est également limitée par des freins légaux. En France, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a un droit de regard sur l’ensemble des projets informatiques menant au stockage de données personnelles. Les pouvoirs publics et les entreprises ayant l’ambition de participer au développement des smart cites doivent donc opérer un numéro d’équilibriste entre la nécessaire collecte d’information et le respect de la vie privée des utilisateurs.

La Smart City relève donc d’une réalité plurielle dont les enjeux diffèrent selon ses applications aux champs de la culture, des infrastructures urbaines ou de la consommation. La diversité des projets et des problématiques rassemblés sous ce terme ne doit cependant pas faire oublier qu’une même volonté les motive : celle de mettre les données au service des citoyens et d’une ville plus durable et plus agréable à vivre.

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Mathilde Roussel est responsable marketing et communication, Comarch