La contraction de la trésorerie des TPE et PME française illustre la fragilité persistante du tissu entrepreneurial et économique national, accentuée par l’inflation, les impayés et un climat économique très incertain. Le baromètre d’Axonaut met en lumière une équation tendue : moins de trésorerie, plus d’impayés, et un avenir illisible.

Dans un contexte où les TPE et PME françaises affrontent simultanément inflation, ralentissement de la demande et complexité administrative, la question de la trésorerie devient cruciale. Les retards de paiement, déjà identifiés par la CCI Paris Île-de-France comme l’un des principaux risques pour la survie des petites structures, continuent de fragiliser le tissu économique. La mise en place progressive de la facturation électronique à partir de 2026 pourrait, à terme, améliorer les délais de règlement, mais pour l’heure, les dirigeants doivent composer avec des tensions financières inédites.

Parallèlement, les dispositifs publics comme le Fonds Renforcement de Trésorerie de Bpifrance ou les solutions de paiement instantané proposées par des fintechs telles que myPOS offrent des pistes de soutien, mais leur adoption reste inégale.

C’est dans ce climat que Axonaut publie les résultats de son Observatoire de la trésorerie des TPE et PME françaises pour le deuxième trimestre 2025, un baromètre qui suit depuis 2020 l’évolution financière de 4 500 petites entreprises utilisatrices de son logiciel de gestion.

Des chiffres qui confirment la dégradation

Et les chiffres confirment les tendances aux difficultés de trésorerie et au manque de confiance dans l’économie et dans les perspectives Business 2026 :

* Une Trésorerie en recul : entre mai et août 2025, la trésorerie moyenne est passée de 15 840 € à 15 710 €, soit une baisse de 0,8 %. L’an dernier, une TPE disposait en moyenne de 16 783 € de trésorerie.

* Impayés en forte hausse : sur la même période, le montant moyen des factures impayées a bondi de 8 %, passant de 28 683 € à 31 031 €. L’an dernier, le montant moyen du total des factures impayées s’élevaient à 29 578 € de factures impayées.

* Un été noir : août 2025 affiche la trésorerie la plus basse jamais enregistrée depuis la création de l’Observatoire en 2020, tandis que les impayés atteignent leur pic annuel.

Un contexte social et économique tendu

Cette contraction s’inscrit dans un environnement plus large de difficultés pour les dirigeants : selon Le Figaro (août 2025), 31 000 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi depuis le début de l’année, un record historique.

Les enquêtes de Bpifrance et Rexecode confirment que l’insuffisance de la demande reste le premier frein à la croissance, citée par plus de 60 % des dirigeants, tandis que l’accès au crédit de trésorerie demeure un enjeu pour près d’un sur cinq.

Des leviers à activer d’urgence

Face à cette situation, plusieurs solutions sont régulièrement évoquées :

* Les avances de trésorerie pour pallier les retards de paiement.
* Le recouvrement renforcé des factures impayées.
* L’Affacturage et affacturage inversé, encore sous-utilisés par les petites structures.
* La digitalisation des paiements pour accélérer la disponibilité des fonds.

Les données d’Axonaut ne sont pas qu’un instantané statistique : elles traduisent une réalité quotidienne pour des milliers de dirigeants qui jonglent entre charges fixes, investissements reportés et incertitude économique. À l’horizon 2026, la généralisation de la facturation électronique pourrait contribuer à réduire les délais de paiement et sécuriser les flux financiers, à condition que les TPE soient accompagnées dans cette transition.
En attendant, la combinaison d’outils publics (Bpifrance, aides régionales), de solutions privées (fintechs, plateformes de paiement) et de bonnes pratiques contractuelles apparaît comme la voie la plus réaliste pour éviter que la trésorerie des petites entreprises ne s’épuise davantage. Car derrière les chiffres, c’est la capacité même de ces structures à maintenir l’emploi, investir et innover qui est en jeu. Car, ne l’oublions pas,   »sans trésorerie, pas de vision ; sans vision, pas d’avenir… »

 

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