Budgets sous tension, conformité et souveraineté, sécurité et résilience, modernisation applicative et productivité des équipes… Autant de sujets brûlants des DSI aujourd’hui que Béatrice Kosowski, présidente d’IBM France, vient éclairer par une feuille de route IBM qui revendique l’ouverture, l’opérationnalisation et le passage à l’échelle. L’occasion de revenir avec elle sur comment déployer vite sans renoncer au contrôle, comment moderniser l’infrastructure dans un monde post-Vmware, comment industrialiser l’IA dans des SI hétérogènes, comment faire rimer innovation avec confiance et durabilité, mais aussi pourquoi le mainframe est tout sauf une dette technique…
Cela devient presque un rendez-vous annuel. Invité récurent de Guy Hervier dans son émission, Béatrice Kosowski, présidente d’IBM France, fait le point sur les innovations d’IBM et une année 2025 très riches en nouveautés phares, un an après son précédent passage sur notre plateau.
Dans un moment où l’IA sort des POC pour entrer dans les workflows critiques, où la gouvernance devient aussi centrale que la performance, et où l’hybridation cloud–on-prem impose des choix d’architecture concrets, IBM multiplie les signaux forts : accélération de watsonx et de ses modèles Granite, y compris sur des usages métiers comme la prévision de séries temporelles ; montée en puissance de la gouvernance avec un catalogue agentique et des outils d’évaluation ; et continuité assumée du « core IT », du mainframe de nouvelle génération z17 à z/OS 3.2 pensé pour l’ère de l’IA. Sans oublier l’écosystème Red Hat, qui pousse une IA exécutable partout, du datacenter au multicloud.
Ce point d’étape devenu annuel est toujours l’opportunité de faire un point sur l’informatique quantique. IBM est non seulement le pionnier du domaine mais sa roadmap est aujourd’hui la plus avancée et la plus crédible. Au point que l’éditeur commence déjà à la mettre en oeuvre avec les entreprises. « Nous venons de démontrer avec HSBC, sur des données réelles, une amélioration de 34 % de précision pour des prédictions sur le marché obligataire — en mode hybride, traditionnel + quantique. Là, on est dans la vraie vie », pose d’emblée Béatrice Kosowski, avant de rappeler que le SDK quantique Qiskit d’IBM « est devenu le standard de fait, utilisé par plus de 74 % des développeurs quantiques ».
Alors, cap sur l’industrialisation : « Starlink, notre premier ordinateur quantique “fault-tolerant”, sera commercialisé en 2029. On a franchi des caps décisifs sur la correction d’erreurs et le couplage de puces. » Une trajectoire qui s’inscrit dans une vision d’ensemble où « 30 % de nos attentes collectives sur l’IA seront traitées avec l’aide du quantique » rappelle notre invitée, et où l’hybridation avec le HPC ouvre des cas d’usage concrets, de l’optimisation sous contraintes à la chimie.
Sur la souveraineté et l’« après-VMware », le message porté par Béatrice Kosowski est très clair : « Red Hat OpenShift, c’est la liberté de choix, d’action et de réversibilité ; beaucoup d’acteurs sensibles y voient une technologie qui sécurise la souveraineté. »
Face aux secousses du licensing, IBM « a mis des équipes pour proposer des options » : héberger les workloads VMware « à l’abri » sur IBM Cloud, ou engager la bascule « stratégique » avec OpenShift Virtualization et la modernisation applicative.
Côté IA d’entreprise, IBM revendique l’échelle : « Nous totalisons 7,5 milliards de bookings en GenAI et 10 000 clients utilisent watsonx. »
La plateforme s’appuie sur des modèles ouverts (dont Granite) et une gouvernance « choisie par AWS pour sa propre plateforme » affirme notre invitée. Surtout, IBM pousse désormais « l’orchestration d’agents » pour éviter le shadow AI et maîtriser risques et conformité. « Le sujet, c’est l’adoption et le ROI » souligne-t-elle.
Preuve par l’exemple en interne : « L’an dernier, 3,5 milliards de gains de productivité documentés, et 4,5 milliards cette année » dévoile la présidente de la filiale française d’IBM. Support client en self-service à 70 % (-26 % sur les délais, +25 points de NPS), fonctions RH « 94 % des transactions via un agent » (-40 % sur l’opérationnel, +55 points de satisfaction). « La clé, c’est réinventer les processus : éliminer, simplifier, puis automatiser avec l’IA » note-t-elle.
Enfin, IBM assume le « core IT » : « Les mainframes, qu’on le veuille ou non, c’est 68 % des workloads du monde. z et Power sont préparés à l’IA et “quantum-safe” » rappelle notre invitée. Avant d’ajouter : « On parle beaucoup d’IA, mais l’IA repose sur un socle : observer, automatiser, remédier et maîtriser les coûts — sinon, avec le milliard de nouvelles applis tirées par l’IA, ça explose. ».
De la résilience du socle à l’agentisation de l’IA, de la souveraineté pragmatique à l’ère post-VMware, cette « mise à l’échelle » se veut concrète : « Ce qui compte, ce sont les cas d’usage utiles, la confiance et des preuves. »