ChatGPT a déjà profondément impacté les habitudes des utilisateurs en matière de recherche Web. En lançant son propre navigateur, dénommé ChatGPT Atlas, OpenAI veut aussi changer notre façon de naviguer et acheter sur Internet.

La rumeur courait depuis des mois. OpenAI l’a transformé en réalité hier soir en lançant ChatGPT Atlas, son propre navigateur Web ! Ce n’est d’autant pas une surprise que les navigateurs dopés à l’IA font couler beaucoup d’encre depuis quelque temps. Comet de Perplexity a ouvert la voie à une navigation agentique, à une génération de navigateurs « nativement IA ». Mais Microsoft avait été le pionnier d’un Web « copiloté » en intégrant Copilot au cœur d’Edge dès 2023. Il avait été suivi peu après par toute une génération de navigateurs intégrant un assistant IA à l’instar de Opera One (et son IA Aria), de Brave (avec Leo AI) ou encore du navigateur ARC (avec Max).

Mais avec Comet, Perplexity est allé un peu plus loin non seulement en permettant de discuter avec les onglets ouverts mais également en permettant à l’Internaute de demander au navigateur de faire des choses pour lui. Une initiative qui a rapidement fait des émules. The Browser Company (navigateur ARC) a lancé Dia avant de se faire acquérir par Atlassian en septembre dernier. Microsoft a suivi le mouvement en introduisant le « Copilot Mode » pour Edge. Une fois ce mode activé, le comportement du navigateur change considérablement. Edge se transforme en navigateur « AI-First » où Recherche, chat et navigation se fondent dans une seule interface. Copilot devient la page d’accueil du navigateur et le moteur de recherche par défaut. L’IA peut analyser les onglets ouverts, regrouper les onglets par thématique, analyser ce qui est à l’écran, ouvrir des sites, traduire des vidéos, etc.

Même Google commence à sentir l’impact de cette compétition qui met en danger son quasi-monopole Chrome. L’éditeur a lancé « Gemini in Chrome » sorte de réponse au « Copilot Mode » d’Edge visant à faire de Chrome un navigateur davantage centré sur l’IA. Mais cette extension est encore très expérimentale et réservée aux internautes américains.
De son côté, Anthropic a lancé fin août son « Claude for Chrome » qui permet à l’IA de naviguer, cliquer sur les boutons et remplir les formulaires, directement dans votre navigateur. Là encore ce projet est expérimental et son accès est limité.

ChatGPT Atlas, la nouvelle arme d’OpenAI

Avec une telle effervescence autour de la réinvention des navigateurs Web à l’ère de l’IA on voyait mal OpenAI ne pas réagir. L’éditeur prépare depuis des mois sa réponse. La startup en a levé le voile cette nuit.

Cette réponse s’appelle ChatGPT Atlas. Il s’agit d’un nouveau navigateur Web « AI-First » construit à partir du code source de Chromium (la version open source de Google Chorme). Pour l’instant, OpenAI n’a dévoilé que la version macOS d’Atlas. Mais des versions mobiles et Windows sont en cours de développement.

« Emmenez ChatGPT avec vous sur le Web pour bénéficier de réponses instantanées, de suggestions plus intelligentes et d’agents prêts à se charger de vos tâches, le tout avec des paramètres de confidentialité que vous choisissez. » C’est ainsi qu’OpenAI présente son navigateur ChatGPT Atlas. L’assistant IA est omniprésent. Il devient bien évidemment le moteur de recherche du navigateur. Mais il apparaît aussi sous la forme d’un volet sur la droite de la page qui permet de résumer des articles, comparer des produits ou analyser les données de la page affichée. ChatGPT peut aussi mémoriser votre activité Web pour restituer les informations au moment opportun. La présence du mode Agent de ChatGPT laisse l’IA interagir avec les sites et effectuer seule, en votre nom, les actions demandées. Il devient possible de lui confier des missions comme passer une commande sur un site donné.

OpenAI alerte sur l’aspect encore très immature de son navigateur et de son agent intégré. Même si des garde-fous sont présents pour empêcher l’IA de réaliser des actions non souhaitées ou de se laisser piéger par des instructions malveillantes cachées dans une page Web, l’éditeur reconnaît que des erreurs restent possibles. L’agent peut par exemple se tromper dans des workflows complexes ou être exposé à des tentatives de détournement.

Pour limiter ces risques, OpenAI a intégré plusieurs mécanismes : impossibilité pour l’agent d’exécuter du code dans le navigateur, de télécharger des fichiers ou d’installer des extensions, pauses obligatoires sur les sites sensibles (banques, services financiers), et possibilité d’utiliser l’agent en mode déconnecté pour réduire l’exposition aux données personnelles.

Atlas introduit aussi une gestion fine de la mémoire de navigation. L’utilisateur peut choisir d’activer ou non cette fonction, consulter ou archiver ses « browser memories », et les effacer en supprimant son historique. Ces mémoires permettent à ChatGPT de retrouver du contexte utile : par exemple, générer un résumé des offres d’emploi consultées la semaine précédente ou poursuivre automatiquement une recherche de produits.

Le navigateur est disponible dès aujourd’hui sur macOS pour tous les utilisateurs (Free, Plus, Pro et Go). Les clients Business, Enterprise et Education peuvent également y accéder en version bêta, sous réserve d’activation par leur administrateur. Les déclinaisons Windows, iOS et Android arriveront prochainement. Le mode agent est réservé aux abonnés Plus, Pro et Business.

Avec ChatGPT Atlas, OpenAI franchit une étape supplémentaire vers un Web « agentique », où l’utilisateur délègue de plus en plus de tâches répétitives à une IA intégrée au navigateur. L’éditeur promet des mises à jour fréquentes et une feuille de route ambitieuse : support multi-profils, outils pour développeurs, et meilleure intégration des applications tierces.

En clair, ChatGPT Atlas n’est pas seulement un nouveau navigateur : c’est la tentative d’OpenAI de transformer l’expérience Web en une interface pilotée par l’IA, où recherche, navigation et action se confondent. Une offensive directe contre Chrome, Edge et les autres navigateurs « augmentés » qui pourrait bien redessiner l’équilibre du marché. A suivre donc…

 

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