IA à l’échelle, modernisation par les containers et souveraineté numérique : ces thèmes sont au cœur des défis des DSI mais également au cœur de l’actualité et de la stratégie de Red Hat. L’éditeur confirme son rôle de catalyseur pour des DSI en pleine mutation, entre cloud hybride et exigences de conformité. Son Directeur général en France, Rémy Mandon, est l’invité de la semaine d’InformatiqueNews.
L’actualité de Red Hat est intense. Moteur clé de la croissance d’IBM depuis bientôt 5 ans, l’éditeur surfe plus que jamais sur l’open-source à l’heure de la souveraineté numérique, mais aussi sur Open Shift à l’heure où les infrastructures se modernisent en combinant VM et containers dans une approche hybride et en cherchant à servir des besoins IA toujours plus nombreux et agentiques.
L’éditeur a récemment dévoilé Red Hat AI 3, une itération pensée pour faire passer l’IA de l’expérimentation à l’échelle avec un pipeline rationalisé, une inférence distribuée, et une mise en production plus rapide sur un socle open hybrid cloud.
Et, l’éditeur vient aussi d’annoncer cette semaine, Confirmed Sovereign Support pour l’Union européenne : un modèle de support opéré par des équipes citoyennes de l’UE, pour donner aux organisations un contrôle opérationnel aligné avec les exigences de souveraineté et de conformité.
Pour évoquer toutes ces actualités mais également éclairer les débats sur l’ère post Vmware/Broadcom, Guy Hervier a inivité sur son plateau de « L’invité de la semaine », Rémy Mandon, Directeur général de Red Hat. Une opportunité rare de revenir en détail sur des sujets clairement au cœur des défis de toutes les DSI aujourd’hui.
Rémy Mandon commence par le feuilleton européen de la souveraineté. Le « nouveau score de souveraineté » proposé par la Commission, pensé comme une moyenne pondérée de huit critères, intrigue autant qu’il interroge la pertinence de « découper la souveraineté en tranches ». « La souveraineté, ça ne se décrète pas, ça se vérifie, ça s’audite », insiste-t-il, rappelant que certaines exigences peuvent rester éliminatoires dans des appels d’offres, quand bien même d’autres critères seraient excellents.
Côté IA, Red Hat AI 3 assume une promesse simple – « Any LLM, Any Accelerator » – et une exécution pragmatique : une pile 100 % logicielle réunissant RHEL, OpenShift et un moteur d’inférence, déployable on-premise ou dans le cloud, en BYOS ou en service managé. Les premiers retours sont tangibles : BNP Paribas a présenté une plateforme « LLM as a Service » basée sur OpenShift et Red Hat AI, avec des « dizaines et des dizaines de cas d’usage » accessibles aux métiers. « Oui, il y a déjà des mises en production », confirme-t-il, tout en reconnaissant que beaucoup d’organisations en sont encore au POC.
Le dirigeant détaille aussi l’ouverture de Red Hat vers les opérateurs européens : OpenShift AI est en cours de qualification chez les hyperscalers tout en s’étendant chez les acteurs régionaux – OVHcloud, 3DS Outscale, Scaleway, Bleu, S3NS, NumSpot, Cloud Temple – pour répondre aux exigences de résidence et de contrôle des données. L’objectif reste constant : « ne jamais mettre les clients en situation de dépendance » et leur permettre de porter leurs workloads d’un cloud à l’autre.
Le fil rouge, c’est l’open source. « 100 % open source », martèle Rémy Mandon, code visible, modifiable et redistribuable, adossé à des licences (notamment GPL) et à une « Open Source Assurance » qui joue un rôle de bouclier en cas de litige de propriété intellectuelle. « On protégera le client », dit-il, façon de rappeler que la transparence n’exclut pas des garanties contractuelles robustes.
Sur la virtualisation, l’entretien bat en brèche l’idée d’un raz-de-marée des conteneurs : la coexistence va durer et s’organiser. Red Hat a « accéléré » OpenShift Virtualization pour accompagner les migrations et le dual-sourcing ; preuve à l’appui avec Emirates NBD, qui a migré 9 000 VM en quelques semaines. Ici, OpenShift n’est pas qu’un socle de conteneurs : c’est la passerelle entre mondes VM et microservices, au rythme réel des SI.
Le débat lock-in/multicloud est abordé sans détour. Techniquement et contractuellement, Red Hat affirme la portabilité de ses souscriptions et de ses workloads entre clouds. Rémy Mandon alerte toutefois sur les services managés très intégrés des hyperscalers, qui peuvent recréer de la dépendance : d’où l’intérêt d’un OpenShift « identique » d’un cloud à l’autre et d’écosystèmes de compétences open source largement disponibles sur le marché.
Annonce clé de la semaine, Red Hat Confirmed Sovereign Support précise ce que « souverain » veut dire côté services : support assuré par des équipes européennes, situées en Europe, avec données de support résidant en Europe ; chez les opérateurs qualifiés, les niveaux 1 et 2 restent chez le provider, mais « le niveau 3 » Red Hat est garanti en Europe. Une offre facilitée par la forte base de développeurs et contributeurs Red Hat en République tchèque et en France.
Reste l’enjeu humain. Les DSI citent massivement la pénurie de compétences, le ROI et la gouvernance/« data residency » comme freins à l’IA. Red Hat mise sur la famille « Lightspeed » (Ansible, OpenShift, RHEL) pour abaisser la barrière d’entrée via le langage naturel : pas une baguette magique, mais un accélérateur qui « oriente vers les bonnes pratiques et formations » et facilite l’auto-rémédiation.
Et demain ? L’entretien esquisse une IA plus interopérable et standardisée : prise en charge du protocole MCP pour « faire parler les agents entre eux », travaux autour de vLLM/LLMD et d’une inférence plus distribuée et efficiente. À trois ans, Rémy Mandon parie sur une adoption beaucoup plus large des outils d’IA par les collaborateurs reconnaissant que « on n’y est pas encore tout à fait » et sur la rencontre féconde entre humains et agents pour « libérer l’innovation ».





puis