Selon une étude du groupe BT, 61% des décideurs du secteur de l’IT français pensent que le Cloud va transformer leurs méthodes de travail. Le Cloud représente en effet un tournant majeur dans les modes de consommation des ressources informatiques, mais aussi dans les façons de travailler. Du point de vue des DSI, on ne peut tout simplement plus penser un système d’information de la même façon qu’auparavant. Mais cette transformation s’accorde parfois difficilement avec les attentes et les habitudes d’équipes opérationnelles organisées autour d’applicatifs historiques. Quelles stratégies les entreprises mettent-elles en place pour concilier ces exigences contradictoires ?
Les équipes opérationnelles, qui gèrent au quotidien les systèmes d’information, et les équipes chargées du développement de ces SI n’ont pas toujours eu des exigences divergentes, aux débuts de l’informatique elles formaient même un seul service homogène. Depuis, les outils se sont complexifiés et alourdis pour remplir un nombre grandissant de fonctions. Ces deux pôles se sont dès lors séparés et ont depuis des priorités différentes : la stabilité et la qualité pour l’opérationnel, la souplesse et l’innovation pour le développement. Aujourd’hui, des initiatives sont prises pour aligner ces fonctions de façon à optimiser leur impact sur les activités commerciales de l’entreprise : c’est le DevOps.
L’informatique est un métier jeune, c’est pourquoi l’on parle régulièrement de révolutions informatiques. Dans le secteur industriel cependant, on peut considérer qu’elle a atteint un certain degré de maturité. Comme dans l’automobile ou le logement, les révolutions informatiques actuelles ne concernent donc plus les méthodes de production mais de consommation. Avec le Cloud, ce sont des services qui sont consommés et non plus des éléments techniques.
Pour fluidifier l’organisation des DSI, le DevOps propose de prendre le meilleur du cloud comme des infrastructures traditionnelles pour répondre au mieux aux exigences de souplesse comme de stabilité. Une approche bimodale qui permet d’intégrer des changements de façon structurée et progressive tout en conservant les applications qui ne peuvent s’y adapter. Tous les projets qui ont besoin d’agilité peuvent ainsi être outillés en conséquence et être vecteurs de développement business tandis que les outils les plus lourds et les plus complexes, comme certains ERP, qui ne peuvent être externalisés sont conservés avant d’être transformés de façon itérative.
La principale erreur à éviter lors de l’évolution vers un tel système bimodal est l’étanchéité : des échanges permanents entre applications legacy et outils agiles sont nécessaires et les deux parties du SI doivent donc être pensés de façon complémentaire. Le DevOps demande également de repenser la sécurité des informations : auparavant, la priorité était d’élever des murs infranchissables autour des données de l’entreprise, aujourd’hui l’ouverture est la règle et les protections doivent être conçues application par application. Une gestion plus complexe mais aussi plus adaptée à la conception modulaire des systèmes d’informations modernes.
Le DevOps représente la naissance d’une nouvelle culture de l’informatique d’entreprise : en faisant échanger des équipes de différents horizons, il contribue à remettre l’accent sur les objectifs business. La logique de changement induite par le DevOps est donc une logique globale qui demande à être accompagnée et transmise. La flexibilité et l’agilité ne sont utiles que si elles favorisent concrètement l’adaptation de l’entreprise et de ses équipes au marché.