Le dernier Observatoire de conjoncture publié par Numeum fait l’effet d’un électrochoc : après des années de croissance soutenue et une croissance de 4,1 % en 2024, le secteur du numérique ne progresse plus que de 1,8 % en 2025. Un chiffre encore positif, mais loin des prévisions à 4%, qui masque à la fois « un ralentissement brutal de l’activité » et des signaux bien plus négatifs !

C’est un véritable électrochoc. Pour la première fois, Numeum prévoit à la fois un recul de -2,1% sur l’activité des ESN (entreprises de services numériques) et un repli de -2,5% dans le secteur du conseil technologique. Un recul d’autant plus inquiétant que l’activité des équipes s’étiole dangereusement suite au gel de nombreux projets IT : près d’un tiers (32%) des participants à l’étude printanière 2025 pointent un manque de charge de travail ! Le marché numérique partirait-il en vrille dans la startup nation ? Le syndicat des entreprises du numérique parle d’« un ralentissement brutal de l’activité » ! Le signal faible entraperçu en fin d’année 2024 s’est muté en alerte majeure, en l’espace de six mois.

Et ceci, même si les éditeurs de logiciels et les plateformes clouds échappent encore à la morosité ambiante en affichant une croissance de 8,2%. Mais ce chiffre positif masque un paysage inquiétant. Il est essentiellement dû au retard pris par les entreprises Françaises dans la modernisation « move to cloud » et par la hausse des tarifs ! Dit autrement, cette croissance n’est pas portée par de nouveaux investissements structurants, la dynamique actuelle se révèle donc fragile et potentiellement limitée dans le temps.

Le plus inquiétant est pourtant ailleurs : L’intelligence artificielle générative, le grand espoir de relais de croissance de tous les acteurs numériques, reste cantonnée au stade du POC. Près de la moitié des organisations (48 %) expérimentent la technologie, mais deux freins ressortent : le déficit de compétences internes et l’identification de cas d’usage réellement créateurs de valeur (tous deux cités par 47 % des DSI sondés). Faute de levier immédiat, l’IA ne compense pas la contraction des budgets « projets ».

Conséquence directe, l’emploi recule lui aussi pour la toute première fois depuis la crise de 2009. En 2024, quelque 7 000 postes ont disparu des métiers du numérique, ramenant les effectifs à 666 000 salariés, soit le niveau de 2022 ! Le phénomène devrait se poursuivre : 36 % des entreprises prévoient de réduire leurs recrutements de jeunes diplômés et d’alternants cette année ! L’IA n’en est pas encore la cause principale, c’est plutôt la crise économique et les incertitudes politiques qui nourrissent cette prudence.

Dans ce contexte, la présidente de Numeum, Véronique Torner, exhorte pouvoirs publics et dirigeants à préserver les dispositifs de soutien à l’innovation – Crédit d’impôt Recherche, Crédit d’impôt Innovation, statut JEI – et à maintenir l’effort d’investissement numérique. « Le numérique est l’oracle de notre compétitivité », rappelle-t-elle, redoutant qu’un désengagement prolongé n’entraîne un décrochage durable de l’économie française face à ses concurrents européens et mondiaux.

Voilà des perspectives bien inquiétantes d’autant qu’aucun signe positif ne semble clignoter dans les mois à venir…

 

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