En lançant son plan de transformation, nom de code « Genesis », Atos dévoile son nouveau cap stratégique : accélérer sa transformation digitale et renouer avec une croissance durable. 

Depuis deux ans, le groupe français de services numériques a surtout fait la une pour ses difficultés : endettement lourd, réorganisation périlleuse et périmètre trop dispersé. La restructuration financière bouclée fin 2024 lui offre enfin de l’oxygène . Mais il manquait un grand plan de transformation et de retour à la rentabilité. Ce dernier a enfin été rendu public. Répondant au nom de Genesis (terme qui évoque la renaissance), il ambitionne de faire redevenir Atos un acteur offensif de l’IT et dessine une feuille de route de 2025 à 2028 pour à la fois repositionner l’ESN en partenaire technologique mondial « AI Powered » (avec deux marques claires Atos et Eviden), simplifier et assainir l’entreprise (avec une gouvernance resserrée), faire de l’IA un moteur de croissance.

Avec Genesis, Atos passe d’une phase de restructuration défensive à une phase de reconquête offensive et s’offre une roadmap à la fois financière, organisationnelle et technologique.

Annoncé lors d’un Capital Markets Day parisien, Genesis vise 9 à 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et quelque 10 % de marge opérationnelle à l’horizon 2028. Pour y parvenir, le PDG Philippe Salle mise sur une idée simple : « Très peu d’entreprises peuvent livrer des solutions numériques de bout en bout à grande échelle ; Atos en fait partie ». Le groupe passera donc de multiples marques à deux enseignes claires : Atos pour les services (cloud, cybersécurité, data & IA, applications, plateformes, workplace) et Eviden pour les produits (supercalculateurs, systèmes critiques, vision par ordinateur, solutions de cybersécurité).

Cette simplification s’accompagne d’un recentrage géographique : six régions jugées rentables – dont la France, l’Allemagne et l’Amérique du Nord – concentreront les investissements, tandis que des marchés jugés secondaires seront cédés ou fermés. La même logique prévaut côté gouvernance : une direction resserrée, des fonctions corporate allégées, des frais généraux visés à 5 % du chiffre d’affaires et un programme de réduction de coûts déjà enclenché.

Mais la pièce maîtresse reste l’IA. Atos crée une ligne de métier « Data & AI » qui doit passer de 2 000 à 10 000 experts en trois ans ; l’objectif est double : proposer aux clients des services à plus forte valeur ajoutée et automatiser massivement les opérations internes. Le groupe promet aussi 500 millions d’euros de R&D et 100 millions pour prendre des participations dans des start‑ups de l’IA, du quantique ou de la cybersécurité.

Pourquoi cette feuille de route parle‑t‑elle aux DSI ? Parce qu’elle conjugue trois priorités de tout département IT : sécuriser les environnements, moderniser les infrastructures et industrialiser l’IA générative. Sur la sécurité, Atos capitalise sur ses centres de détection et réponse managée, tandis qu’Eviden conserve un portefeuille de produits stratégiques. Sur la modernisation, le groupe pousse un cloud hybride « FinOps by design » et des plateformes SAP ou ServiceNow pré‑intégrées. Sur l’IA, la promesse est de transformer la donnée en automatisation concrète, sans sacrifier la conformité ou la gouvernance.

Par ailleurs, la suspension de la vente de la branche Cybersecurity Products éloigne le risque de voir certaines technologies critiques passer entre d’autres mains. Et la volonté affichée d’atteindre une note « investment grade » avant 2028 rassure sur la pérennité des contrats long terme.

En toile de fond, Atos rappelle son ambition RSE : neutralité carbone 2050, 40 % de femmes dans les recrutements 2025 et gouvernance renforcée, des arguments qui comptent de plus en plus dans les appels d’offres publics et privés.

Reste à transformer l’essai. L’État français discute toujours le rachat de l’activité Advanced Computing, évaluée entre 500 et 625 millions d’euros ; la décision attendue fin mai infléchira la trajectoire de désendettement. En attendant, Atos se donne quatre ans pour prouver que Genesis n’est pas seulement un nom accrocheur mais le vrai point de rebond d’un champion technologique en quête de renaissance.

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