L’essor des services Over-The-Top (OTT) pour les vidéos, le visionnage multi-écrans et la télévision sur tous les supports a amorcé un tournant dans la production et la distribution télévisuelle et vidéo. Pour capitaliser sur les nouvelles opportunités qu’offre ce marché, les propriétaires de contenus, producteurs, diffuseurs ainsi que les fournisseurs de services avec qui ils collaborent, recherchent de nouveaux moyens de créer, stocker, gérer et distribuer les contenus télévisuels et vidéo numériques. Ils commencent notamment à adopter des modèles de charges de travail passant intégralement par l’IP et des services basés sur le cloud et via des logiciels, et ce afin de rester pertinents et compétitifs.
Il n’est toutefois pas évident de déterminer à quelle vitesse et dans quelle mesure il convient de migrer vers le cloud, et les sociétés de médias ont de nombreux éléments à prendre en considération avant de sauter le pas.
Un modèle dédié
La croissance du taux d’adoption du cloud soulève de nouvelles préoccupations pour les entreprises du secteur, à commencer par la question de la sécurité. À ce titre, de nombreux acteurs des médias, tels que les opérateurs multi-systèmes, continuent d’utiliser un modèle informatique dédié. Une étude que nous avons menée en 2014 avec IDG Connect a révélé que la sécurité des informations était le principal facteur incitant les décideurs informatiques européens à conserver leurs charges de travail dans leurs propres data centers (53 %), juste devant la protection des données et les règles de gouvernance (41 %).
Un modèle dédié présente des avantages pour certaines entreprises : plus la société de médias est grande, plus il est probable qu’elle puisse capitaliser sur l’infrastructure et les ressources informatiques existantes et ainsi maximiser ses retours sur investissement. Une taille importante permet en outre d’acquérir le matériel de base à moindre coût.
Le cloud entre en scène
Ceci étant dit, le passage à un modèle basé sur le cloud offre des avantages en matière d’évolutivité, de flexibilité et de réduction des coûts qu’il est difficile d’obtenir dans un environnement dédié. À titre d’exemple, la plate-forme privée sécurisée de production de vidéos sur le cloud d’Aframe permet à Fox Sports de rationaliser son flux de production de bout en bout ainsi que la collecte d’informations sur le sport et l’actualité, plaçant la chaîne en première ligne pour diffuser les actualités sportives les plus récentes et des contenus inédits.
Il est indispensable de recourir à un modèle basé sur le cloud lorsque l’on doit répondre à une demande variable. L’incident qui s’est produit chez SlingTV en témoigne. Le diffuseur ne s’est pas montré à la hauteur lors de la compétition de basketball NCAA en fournissant un service de streaming marqué par des interruptions fréquentes et des erreurs, ou parfois même tout simplement inaccessible. Cela souligne la nécessité d’adopter une solution IaaS ou SaaS. Ces solutions évolutives permettent en effet de faire face à une demande exponentielle et sporadique à moindre coût.
L’informatique hybride ou la clé d’un système harmonisé
Comme expliqué précédemment, les avantages offerts par un environnement dédié en matière de sécurité et la flexibilité du cloud incitent les sociétés de médias à opter pour un modèle informatique hybride qui allie les deux approches. En 2014, NBC a adopté les services de diffusion en continu de Microsoft Azure et iStreamPlanet pour couvrir les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi. Ce déploiement annonce une tendance croissante du secteur : d’ici trois à cinq ans, la majorité des fournisseurs de services média utilisera le cloud pour une partie de ses opérations et aura recours à la fois à un hébergement sur site et sur cloud public et privé.
Cependant, la mise en place d’un modèle informatique hybride ne se fera pas du jour au lendemain. À l’instar des considérations émises par les sociétés de médias vis-à-vis d’un environnement dédié ou d’un cloud « pure-play », trouver le bon équilibre requiert de porter une attention particulière à la rentabilité de l’infrastructure et à la sécurité des contenus, ainsi qu’à l’interopérabilité des infrastructures, plates-formes et services concernés. Après tout, ne doit-on pas s’attendre à ce qu’une infrastructure dédiée composée d’un cloud privé et public, d’offres IaaS, PaaS et SaaS engendre une certaine complexité ?
L’une des clés du succès de l’informatique hybride, entre autres, repose dans sa capacité à assurer une connectivité fiable et rapide entre les fournisseurs de cloud, idéalement au sein d’un data center externe reconnu pour sa connectivité. Le secteur s’oriente dans le même temps vers la mise en place d’interfaces de programme d’application (APIs) plus standardisées qui offriront une meilleure intégration des applications développées par différents fournisseurs à travers de multiples environnements cloud.
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Cet article a été rédigé par Bryan Hill, directeur Marketing et Business Development – Médias Numériques, Interxion et Fabrice Coquio, président d’Interxion France