Google crée sa propre fondation, véritable camouflet pour la Linux Foundation et la CNCF, et y verse l’une des briques essentielles de l’univers Kubernetes s’attirant les foudres d’IBM et de bien des développeurs open-source.

Istio, la couche « Service Mesh » construite au-dessus de Kubernetes et composante phare de la solution cloud privé/cloud hybride « Google Anthos », s’est rapidement imposée comme une brique essentielle dans la sécurisation , la gestion et la gestion des microservices qui composent une application moderne « cloud native ».

Son créateur, en l’occurrence Google, avait promis de transférer la responsabilité de cette couche fondamentale à une fondation open-source et tout le monde s’attendait à ce que celle-ci soit la CNCF (Cloud Native Computing Foundation) qui préside déjà aux destinées de tant de technologie clé à commencer par Kubernetes mais aussi FluentD, Helm, Prometheus, CodeDNS, etc.

Beaucoup de spécialistes de l’open-source et de supporters d’ISTIO ont aujourd’hui ont l’impression de s’être fait flouer par Google. Le géant américain vient en effet de créer une organisation open-source un peu floue et étrange, « Open Usage Commons », dont la vocation est bien plus de gérer ses marques déposées (logos, noms, etc.) que de gérer la responsabilité de l’évolution du projet open-source. Pour Google, les fondations actuelles se montrent inadaptées à défendre les marques déposées ce qui a fait réagir la Linux Foundation dans un billet de Blog rappelant son investissement dans la défense des trademarks.

Et surprise, ISTIO est justement l’un des trois projets open-source versés par Google à cette nouvelle organisation, avec Angular et Gerrit Code Review. IBM, Cloud Foundry et de nombreux développeurs ont réagi très négativement à cette annonce. Beaucoup y voient une traitrise. IBM qui fut l’un des supporters d’ISTIO dès l’origine a réagi via la plume de Jason McGuee, le directeur technique d’IBM Cloud Platform : « L’annonce par Google de la création de l’Open Usage Commons est décevante parce qu’elle ne correspond pas aux attentes de la communauté en matière de gouvernance ouverteUn processus de gouvernance ouvert est le fondement de nombreux projets réussis. En l’absence d’une telle gouvernance, des frictions ne manqueront pas de naître au sein de la communauté des projets liés à Kubernetes ». McGee explique par ailleurs que cette décision est très éloignée des attentes d’IBM concernant l’avenir d’une technologie que l’entreprise a soutenue et sur laquelle elle a lourdement investi depuis le début. « Le projet devait être versé à la CNCF lorsqu’il serait arrivé à maturité » explique McGee. « IBM reste convaincu que la meilleure façon de gérer des projets open source clés comme Istio est d’avoir une véritable gouvernance ouverte, sous l’égide d’une organisation de bonne réputation avec des règles du jeu équitables pour tous les contributeurs, la transparence pour les utilisateurs et la gestion neutre des licences et des marques par les fournisseurs. »

Cette manœuvre de Google n’est pas de bon augure et marque une volonté de l’éditeur de garder un contrôle plus restrictif sur la destinée de briques qui sont les fondations de son Google Anthos.

Mais une manœuvre qui pourrait finalement bien servir la concurrence car elle rend finalement la solution Google Anthos un peu moins universelle et ouvre un nouveau boulevard aux solutions de maillage de services concurrentes comme Linkerd ou SMI (Service Mesh Interface), Kubeflix ou Zuul.