Alors que l’on parle de plus en plus d’industrie 4.0 et de projets d’avenir, l’image de l’ingénieur(e) reste relativement vieillotte. Et pourtant, l’ingénieur du futur est sexy.

Les jeunes collégiens et lycéens s’orientent de plus en plus tôt. Il faut donc travailler à rendre l’ingénierie et ses métiers plus compréhensibles et accessibles dès les études secondaires. À l’heure actuelle, les vocations sont plutôt rares : beaucoup s’engagent dans cette voie parce que des membres de leur famille ou des proches y travaillent déjà, ou en fonction d’options et de facilités dans certaines matières à l’école… ce qui peut déboucher sur une entrée presque « par hasard » en école d’ingénieurs.

Alors comment donner envie aux plus jeunes d’aller dans ces carrières parce qu’ils le veulent et non pas simplement parce qu’ils le peuvent ?

L’ingénieur du futur, loin des clichés

Car l’ingénierie est un métier dynamique, de passionnés ! Loin des clichés de l’ingénieur « lunetteux », travaillant dans son coin, parlant une langue extraterrestre, les mains (masculines bien sûr…) dans le cambouis.

Tout d’abord, il existe autant de variétés d’ingénieurs que de projets. Dans l’industrie particulièrement, les projets innovants sont, pour beaucoup, porteurs d’espoir sociétal. C’est l’un des challenges clés des années à venir : la maîtrise des technologies de pointe que représentent le BIM, la 3D ou l’IA serviront à façonner un monde plus sain. La recherche de nouvelles sources d’énergie, l’aviation tout électrique ou le développement des Smart Building… Il s’agit d’une nécessité écologique pour notre planète autant qu’une demande du monde industriel. L’ingénieur de demain changera le monde !

Il sera également communicant. Et un communicant tout-terrain ! Dans un Bureau d’Etudes, l’ingénieur ne travaille pas seul mais en open space et en équipe. Il existe de l’entraide et de l’émulation entre les collaborateurs pour faire aboutir des projets. Par exemple, le brainstorming apporte un esprit ludique dans la recherche de solutions techniques. Le porteur de projet doit aussi pouvoir argumenter les choix de son équipe et convaincre des assemblées de clients qui n’ont pas forcément les mêmes bagages techniques. Vulgariser les projets, savoir les présenter, les expliquer simplement… Au-delà de la technique, la communication est au cœur du métier.

Communiquer oui, mais dans quelle langue ? L’industrie se mondialise et l’ingénieur du futur doit être tourné vers l’international. Dans ce cadre, l’anglais est indispensable pour dialoguer avec les fournisseurs, certains interlocuteurs des sites Best Cost…  Ou tout simplement pour la lecture ou la rédaction de documents techniques.

L’ingénieur du futur est une femme ?

En 1973, en France, 600 femmes avaient obtenu le titre d’ingénieure, soit 5% du nombre de diplômés. A la rentrée 2017-2018, la part d’étudiantes dans les écoles d’ingénierie représentait plus de 27 % des effectifs. La parité n’est pas pour demain, mais la tendance est à la féminisation du secteur. L’ingénierie, et plus largement l’industrie, offrent de formidables opportunités de carrière, même si certains clichés perdurent.

Plus que dans les ateliers ou les bureaux, c’est dans mon entourage privé que j’ai entendu : « Mais pourquoi fais-tu ce choix ? », « Tu sais que tu vas être la seule femme ? » ou, plus machiste, « t’es sûre d’avoir les qualités physiques pour ? ». Remarques arriérées à l’heure où le savoir technique est le même pour tous, où la force physique n’a pas d’impact, et où l’envie et l’énergie sont les éléments différenciants. Pour une femme, choisir l’ingénierie, et plus globalement l’industrie, c’est se montrer curieuse d’un secteur qui gagne à être (mieux) connu mais c’est aussi avoir du caractère et savoir s’affirmer. Ceci étant, d’une certaine manière, se retrouver seule femme au sein d’un bureau d’étude est aussi une chance qui offre une certaine visibilité et des facilités pour engager du relationnel, facteur important du bureau d’étude moderne.

Il existe de nombreuses femmes dans l’industrie et l’ingénierie, de nombreux parcours inspirants pour susciter des vocations. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux ou d’aller s’informer auprès d’associations comme ELLES BOUGENT. Mais tout doit partir de l’école. De la base. Dès l’enfance ou l’adolescence, le message d’égalité doit se faire entendre pour sortir des stéréotypes et couper court à la « tendance à l’évitement » d’un secteur perçu comme réservé aux hommes. C’est une condition sine qua non pour que chacun et chacune puisse trouver sa voie. Et tant mieux si c’est dans l’ingénierie !

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Gaëlle Lefevre, ingénieure chez AMETRA et Ambassadrice de l’ingénierie au SYNTEC