Deux ingénieurs sur trois travaillent une partie de leur temps hors d’un cadre traditionnel comme le bureau ou le chantier et 14 % y consacrent plus du quart de leur temps.
C’est ce que révèle l’édition 2015 de l’enquête IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France) qui montre combien les modes de travail ont évolué ces dernières années grâce à la disponibilité des nouvelles technologies.
Deux populations sont à distinguer :
– ceux qui travaillent ainsi plus de 75 % de leur temps de travail à l’extérieur ce qui en fait une fonction délocalisée, le temps de travail est alors conforme à la moyenne des ingénieurs ;
– ceux qui y consacrent 33% de leur temps de travail en complément de leur activité « classique ». Dans ce cas, le travail à distance n’est plus un mode alternatif mais un moyen d’allonger la durée du travail dans des conditions moins contraignantes. Le temps passé au travail dépasse largement la moyenne. Cette population occupe des postes hiérarchiques sensiblement plus élevés.
Paradoxe, le travail à distance apporterait pour les ingénieurs partiellement une liberté supplémentaire (48%) et partiellement un asservissement (51%). Pour ceux qui ont un avis tranché, la liberté l’emporte sur l’asservissement (40% contre 8%). Ce sont surtout les ingénieurs appartenant à la hiérarchie intermédiaire qui positionnent plus souvent l’asservissement avant la liberté. Aux extrémités hautes et basses de la hiérarchie, la liberté l’emporte très nettement.
Le sentiment de liberté n’est pas appréhendé de la même façon selon la position occupée. Plus on monte dans la hiérarchie, plus les facteurs d’efficacité sont mis en avant : déplacements sans contrainte, meilleure gestion du temps de travail. Moins on a de responsabilités hiérarchiques et plus on privilégie l’équilibre entre vie professionnelle et privée, ainsi que la fatigue évitée dans les transports.
Peu de chômage chez les ingénieurs
Le marché de l’emploi est favorable aux ingénieurs, les jeunes diplômés sont vite embauchés et le niveau de chômage est deux à trois fois moindre que le niveau moyen en France. Globalement 100 000 ingénieurs ont été recrutés en 2014. Si leur rémunération est plus que satisfaisante, on peut néanmoins s’interroger sur une sous-valorisation de l’expertise technique en France.
Familiers des nouvelles technologies, ils montrent que la transformation des modes de travail qu’elles engendrent est vécue comme un facteur de liberté dans l’équilibrage d’une vie professionnelle intense et d’une vie personnelle à laquelle ils sont attachés. La féminisation est en marche. Elles sont 28% dans la dernière promotion quand elles n’étaient que 6% en 1973. Une femme de moins de 30 ans a aujourd’hui 13 fois plus de chances d’être ingénieur en 2014 que dans les années 80
Représentant actuellement 4% de la population, avec un million d’ingénieurs et de scientifiques et 200 000 chercheurs alliant des expertises pointues, riches et d’excellent niveau, l’ingénieur est en mesure de réussir de manière originale et pérenne les profondes transformations à venir en réunissant nos talents.
Seuls 4 % des ingénieurs sont non-salariés. Les plus jeunes se montrent plus désireux que leurs ainés à créer ou reprendre une entreprise. 96 % des autoentrepreneurs ont une expérience salariée préalable. L’expérience de l’entreprenariat se révèle satisfaisante pour 85 % des ingénieurs.
Parmi les 37 000 ingénieurs sortis de la dernière promotion, la proportion d’ingénieurs se déclarant en recherche d’emploi (18 %) témoigne d’une insertion rapide des jeunes dans la vie active.
Quelques mois après l’obtention du diplôme, plus de 80 % de ces nouveaux ingénieurs ont un emploi. Le chômage demeure aux alentours de 2 % pour les promotions sorties entre 1995 et 2010. En revanche, celui des séniors, relativement élevé, atteint un maximum de 7 % entre 55 et 60 ans.
Les salaires initiaux sont relativement concentrés. Les écarts salariaux croissent avec l’âge, à la fois en valeur absolue et en proportion.
Le salaire médian triple au cours de la vie professionnelle, passant de 35 000 € chez les 20-24 ans à 60 000 € entre 35 et 39 ans, pour atteindre 100 000 € par an en fin de carrière.
En 2015, 120 000 ingénieurs (soit près de 16 % des ingénieurs) travaillent à l’étranger. Plus de la moitié de ces emplois à l’étranger sont basés en Europe (57 %). Le trio des pays de tête en Europe est identique à celui de l’an passé : la Suisse (13,3 %), l’Allemagne (10,6 %) et la Grande-Bretagne (10,2 %). Hors Europe, les Etats-Unis (10,4 %) restent une destination privilégiée ainsi que l’Asie (13,9 %) qui conserve un grand potentiel d’attractivité. Les motivations de départ évoluent peu : un peu moins d’un tiers des ingénieurs partent à l’étranger à la demande de leur entreprise (31 % en 2015 vs. 30 % en 2006).
Méthodologie de l’enquête
La 26ème Enquête Nationale IESF sur la situation des ingénieurs a été réalisée en mars et avril 2015.
175 associations d’ingénieurs diplômés ont invité leurs adhérents à répondre au questionnaire très détaillé qui leur était proposé par Internet. En complément des rubriques traditionnelles portant sur la formation, l’emploi, l’innovation, la rémunération et la motivation, les ingénieurs ont répondu en grand nombre à des questions spécifiques optionnelles.Près de 55 000 réponses ont été recueillies cette année. La représentativité de cette enquête est sans égal, elle fait un vaste tour d’horizon de la situation des ingénieurs en activité et offre l’information de référence en France sur ce sujet.