On savait les Etats-Unis férus d’inculpations en cascade. La preuve vient d’en être une nouvelle fois donnée par le département de la Justice américain. Celui-ci vient de dévoiler un acte comportant 10 chefs d’accusation à l’encontre d’Huawei émanant d’un grand jury à Seattle, auquel s’ajoute un paquet de 13 chefs d’accusation lancé par des procureurs new yorkais.

Le fabricant chinois, par l’entremise de Meng Wanzhou (dite Sabrina Meng), sa directrice financière et fille du fondateur, a toujours nié posséder Skycom, considérée comme une filiale utilisée pour violer l’embargo américain sur les exportations vers l’Iran entre 2007 et 2017.  Les deux entreprises sont entre autres accusées de ne pas avoir respecté la loi contre les sanctions contre les Iraniens, de conspiration, de complot en vue de blanchiment d’argent, de fraude électronique et de fraude bancaire. Huawei et Huawei America sont par ailleurs accusées de complot, de conspiration et d’entrave à la justice concernant une plainte leur reprochant de s’être procuré la technologie robotique ainsi que du matériel appartenant à l’opérateur américain T-Mobile.

En présentant ces documents lors d’une conférence de presse, le procureur général par intérim, Matthew Whitaker, a expliqué qu’il s’agissait d’un comportement dicté par l’entreprise et non émanant de quelques individus. « Ce sont des actions très sérieuses de la part d’une compagnie qui semble utiliser l’espionnage industriel et violer les sanctions non seulement pour améliorer ses résultats, mais aussi pour concourir dans l’économie mondiale », a-t-il déclaré.

De son côté, le directeur du FBI, Christopher Wray, a affirmé que ces actes d’accusation, « dévoilent les actions effrontées et persistantes d’Huawei visant à exploiter les sociétés et les institutions financières américaines et à menacer le marché mondial libre et juste ». Il a confirmé que le département de la Justice réclamait officiellement l’extradition de Meng Wanzhou. Celle-ci a, rappelons-le, été arrêtée à Vancouver le 1er décembre avant d’être libérée quelques jours plus tard contre le versement d’une caution de 10 millions de dollars. Elle est depuis sous surveillance de la police canadienne et équipée d’un bracelet électronique. « Notre cliente, Sabrina Meng, ne devrait pas être un pion ou un otage dans cette relation. Mme Meng est une femme d’affaires intègre et honorable qui n’a jamais passé une seconde de sa vie à comploter pour violer une loi américaine, y compris les sanctions iraniennes », a de son côté expliqué son avocat.

Huawei a déclaré à Reuters avoir cherché à discuter de l’ensemble de ces accusations avec les autorités américaines « mais la demande a été rejetée sans explication ».

Le ministre de la Justice du Canada dispose d’un délai de 30 jours à compter de la réception de la demande pour accepter ou non l’extradition. Dans l’affirmative, le dossier sera envoyé à la Cour suprême de Colombie-Britannique pour avis, ce qui pourrait prendre des semaines, voire des mois.

Peu avant la conférence du département de la Justice, la Maison-Blanche annonçait qu’une équipe de conseillers économiques allait entamer mercredi des pourparlers commerciaux avec les responsables chinois. Une porte-parole de la Maison Blanche a expliqué que les « deux choses n’étaient pas liées ».

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