L’annonce d’IBM d’abandonner la commercialisation et la R&D de ses technologies de reconnaissance faciale a obligé les autres acteurs du marché à se positionner.

Par la voix de son président Brad Smith, Microsoft a rappelé que depuis 2018 l’entreprise avait pris position pour ne pas déployer de reconnaissance faciale dans tous scénarios susceptibles de mettre en péril les libertés individuelles. Il a rappelé que son entreprise avait à plusieurs reprises refusé de commercialiser ses outils de reconnaissances faciales aux forces de l’ordre (et notamment en 2019 pour un projet de la police californienne) et que Microsoft continuerait de ne pas déployer ou commercialiser de telles technologies aux organismes de police tant que le congrès américain n’aura pas légiféré et tant qu’il n’existera pas de « Lois ancrées dans les droits de l’homme pour contrôler les usages de cette technologie et protéger les libertés individuelles« .

Amazon, dont le service Rekognition a souvent été pointé du doigt, a également annoncé un moratoire d’un an durant lequel l’entreprise n’autorisera plus l’utilisation de son service par la police américaine. L’opérateur cloud espère que d’ici là, le Congrès aura eu le temps de voter des règles appropriées pour définir les cadres d’utilisation de la reconnaissance faciale par les forces de l’ordre. L’entreprise a cependant confirmé que des organisations comme Thorn (The International Center for Missing and Exploited Children) ou Marinus Analytics, dévouées à la protection de l’enfance et la lutte contre le trafic d’esclaves, pourraient continuer d’accéder à ses technologies IA.

Alors que la confiance des consommateurs vis-à-vis des géants de la Tech ne cesse de décroître, ces derniers ne peuvent plus se permettre de laisser la situation empirer. Ces entreprises doivent désormais ouvertement se positionner sur les sujets éthiques, quitte à être suspectées de profiter des crises comme celles du mouvement « Black Lives Matter » pour faire parler d’elles. Leur silence étant encore plus coupable, elles marchent sur des oeufs en matière de communication.
Reste à aligner les actes et les paroles, ce qui n’est pas simple quand elles sont officiellement fournisseurs de solutions pour les services publics et quand tout un écosystème de startups et de PME dépendent de leurs technologies cloud pour délivrer des solutions métiers aux services des Etats et aux différentes forces de police et de défense.
La pression de l’opinion publique et des consommateurs reste finalement la meilleure assurance de voir ces grandes entreprises ne pas franchir les lignes rouges et adopter des comportements éthiques. Encore faut-il en parallèle que les états légifèrent dans le sens des libertés individuelles, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas, notamment en ces temps difficiles marqués par le terrorisme, des contestations sociales parfois violentes et une pandémie.