La pandémie du coronavirus a démontré avec une puissance inédite l’importance des chiffres pour construire des messages clairs. Pour sensibiliser la population, faire observer les gestes barrière ou simplement rassurer, le fait de s’appuyer sur des données fiables, et mises à jour régulièrement, renforce les messages et en améliore la crédibilité. De l’autre côté, une fois les chiffres publiés, toute mesure ou comportement incohérent est relevé avec d’autant plus de force.
De la même façon, si le dirigeant a besoin de chiffres, ce n’est pas pour qu’ils dorment dans des dossiers enfouis dans une arborescence sans fin. Ils doivent être compris et utilisés. Faut-il aplatir une courbe ? En relever une autre ? Une évidence pour certains, un chantier titanesque pour d’autres, la bonne utilisation de la donnée reste un défi dans une France où deux tiers des TPE-PME (selon Deloitte, 2017) n’ont pas encore entamé leur digitalisation.
Confortées dans leur quotidien grâce à la croissance de leur entreprise, les entreprises de tailles petite et moyenne voient encore dans la donnée un chantier lourd, trop lourd. Assimilée à un flux énorme d’informations, la collecte des données apparaît comme une tâche difficile et son intérêt semble limité si l’on ne mise pas en parallèle sur des outils adaptés : la donnée n’est utile pour le pilotage de l’entreprise que si elle est associée au recours réfléchi à la data visualisation. Quel message veut-on faire passer ? Pour qui ? et pourquoi ?
La data visualisation est une technique (ou un art !) de présenter une donnée complexe sous forme visuelle simple et de façon interactive qui, si elle n’est pas nouvelle, demeure sous-exploitée par les entreprises et leurs managers. Les raisons en sont nombreuses. D’un côté, les TPE-PME disposent de ressources humaines et financières plus limitées, de l’autre le pilotage basé sur la donnée ne semble pas être leur priorité. Et pourtant, la data visualisation – par une sorte de sobriété de l’information qu’elle impose – a de nombreux avantages.
Tout d’abord, elle permet de comprendre plus vite les situations, mieux ajuster ses actions, se projeter avec davantage d’exactitude. Dans ce sens, pour le manager lui-même, elle est un outil de première importance, dans la mesure où il est le seul à pouvoir lui permettre de suivre les plus importants indicateurs sur un seul tableau de bord, clair et interactif, qui l’accompagne en fonction de ses besoins et qui provoque des réactions. Dans un univers régi par des tableaux Excel foisonnants et difficiles à lire, elle permet de mettre en avant le travail avec un résultat réellement accessible.
La publication d’un tableau de bord renforce également la capacité d’analyse et permet de vérifier si l’on a bien accès aux mêmes informations. Le fait d’avoir un référentiel partagé est un message fort qui responsabilise l’ensemble des équipes autour d’un même objectif, d’une même idée.
Ainsi, si la visualisation des données joue un rôle important, c’est bien parce qu’elle permet de transmettre un message auprès des collaborateurs et de déclencher les réactions souhaitées. La publication d’une donnée est à ce titre un acte managérial à part entière. Le chiffre d’affaires au moment du pic d’activité permet de renforcer la confiance des salariés en l’entreprise et en améliorer la marque employeur. A l’inverse, annoncer un mauvais taux de rentabilité peut contribuer à motiver les collaborateurs à se retrousser les manches. Dans une société où les collaborateurs peuvent avoir accès à beaucoup d’informations, voire en apprendre des médias ou des réseaux sociaux, imposer sa vision des choses est un véritable avantage. Dans un monde de plus en plus dématérialisé, la donnée présentée de façon accessible permet de créer des liens, de l’adhésion, et ce même à distance.
La visualisation des données via un tableau de bord interactif aide également à la mobilité. Toute personne qui a déjà essayé de consulter des fichiers Excel depuis son smartphone sait à quel point c’est difficile. Pour des collaborateurs en déplacement ou les directions générales rarement présentes à leur bureau, la lisibilité des chiffres, y compris sur smartphone, est un réel enjeu.
La data visualisation est ainsi d’une utilité incontestable, mais elle n’est possible que si les processus internes appropriés sont mis en place. Sur ce sujet, la période de confinement semble avoir joué un rôle d’accélérateur. Le télétravail pousse à la digitalisation. La digitalisation crée de la donnée. Et la donnée, couplée à la data visualisation, permet à son tour de voir ce qui a été rendu invisible par, par exemple, le travail à distance afin de mieux piloter l’entreprise. C’est un cercle vertueux pour les salariés et les chefs d’entreprise.
Alors que le gouvernement a annoncé dans son plan de relance que des fonds seront destinés à accompagner la numérisation dans les TPE et PME, espérons que la donnée devienne enfin une priorité. Espérons que, si une nouvelle crise arrive, nos TPE-PME seront prêtes pour se défendre. Dans chaque entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité, la mise en place d’une bonne politique de la donnée est possible, même nécessaire. Les TPE-PME, soit 99,9% des entreprises françaises à la source de 6,3 millions de postes salariés (source gouvernementale), méritent qu’on les y accompagne dès maintenant.
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Par Jean-Baptiste Mérel, Directeur des Offres de Report One