La numérisation des villes s’est accélérée avec l’Internet des objets, améliorant la qualité globale de vie et l’efficacité du fonctionnement des services publics. Mais avec quels objets connectés ? Quelle connectivité ? Quels applicatifs ? Plus que le choix de technologies à l’avenir incertain, les acheteurs publics gagnent à bien définir leurs besoins et les usages qu’ils attendent d’une ville connectée.
La ville connectée est optimisée et mutualisée
Les acteurs territoriaux ont très tôt compris les avantages des objets connectés, pour le citoyen comme pour les services publics. En particulier quant à la réduction des coûts de fonctionnement et pour proposer un service de meilleure qualité. Si le principe est entendu, la diversité des approches et des solutions ne facilite pas la détermination de l’objet d’un marché.
D’un côté, l’habitude est restée d’opérer l’achat public par service. Le choix des technologies se fait en fonction des secteurs (eau, éclairage, voirie…) et n’apporte pas de vision globale des infrastructures créées au niveau d’un territoire. De l’autre, des technologies sont isolées les unes des autres et évoluent rapidement. Si l’on note un début de convergence, aucun standard n’est encore adopté.
Choisir une technologie équivaut à s’enfermer dans un protocole dont l’interopérabilité avec les autres infrastructures n’est pas assurée. C’est également le risque de mal alimenter les applicatifs, d’accéder à une vision tronquée de son parc et de ne répondre qu’en partie aux besoins actuels et futurs des usagers et des services. Ce n’est pas la bonne approche.
A l’inverse, une approche globale via le triptyque objets connectés, connectivité et applicatifs permet de mutualiser les infrastructures pour optimiser les usages. A la collectivité, en amont, de définir lesdits usages qu’elle entend avoir dans le cadre de sa numérisation.
Les critères d’usages indispensables
1. L’accessibilité des points
L’accessibilité des objets connectés définit le type de technologie à mettre en œuvre et l’architecture de collecte de données correspondante. L’infrastructure doit être construite en fonction du territoire concerné et de ses besoins propres. On recense ainsi les objets dits outdoor : des points faciles d’accès en extérieur, concernant par exemple les containers à déchets, le mobilier urbain ou encore le stationnement. L’outdoor permet la mise en œuvre de technologies réseaux mobiles ou le courant porteur en ligne pour les équipements branchés comme l’éclairage public.
Les objets indoor sont quant à eux situés en surface à l’intérieur d’un bâtiment et nécessitent soit un réseau local soit un certain niveau de pénétration et la capacité de répéter un signal en dehors du bâtiment. Enfin, les objets dits deep indoor englobent l’ensemble des capteurs enterrés ou très difficiles d’accès comme les compteurs d’eau. Généralement dépourvus d’accès au réseau mobile ou d’infrastructures câblées, ils supposent des technologies radio.
En partant du principe selon lequel qui peut le plus peut le moins, un opérateur capable d’assurer une couverture très fine adaptée au deep indoor est en mesure de couvrir tout autre type d’accès.
2. La répartition géographique des objets
Deuxième critère de choix pour la collectivité : le périmètre qu’elle souhaite équiper. Faut-il s’appuyer sur des objets répartis sur l’ensemble du territoire, ou les besoins sont-ils limités par exemple au centre-ville, tel que le contrôle du stationnement payant ?
Le territoire concerné est donc défini en fonction de l’usage que l’on aura de la connectivité. Et une nouvelle fois, de ces usages dépendront les choix à opérer.
3. L’autonomie énergétique des objets
Lors de l’investissement, la durée de vie des objets connectés ne doit pas être négligée. Elle dépend dans une large mesure du secteur concerné. Ceux n’opérant pas d’investissements fréquents et dont l’économie reste marginale se tourneront vers des objets connectés à l’autonomie importante.
Des secteurs comme l’éclairage public et le stationnement connaissent en revanche des cycles de retour sur investissement plus courts, et la capacité à renouveler l’équipement plus fréquemment.
4. La transmission de l’information
Intimement liée aux usages, la capacité de transmission d’informations s’étudie au regard de la fréquence de transmission, de la quantité de données et de la bidirectionnalité (réception et/ou émission de données). La collectivité définira le rythme auquel les données sont transmises : en temps réel, avec un pas de 10 minutes pour un réseau électrique, quotidien pour une consommation d’eau, à la demande ou en fonction de critères d’alerte.
Du rythme dépend donc la quantité de données à récupérer et à traiter. Tandis que la capacité de bidirectionnalité peut être recherchée pour sa part dans le cadre d’un besoin de pilotage (synchronisation, mise à jour, ON/OFF, redémarrage…).
5. Capacité d’intégration au SI
Quel que soit le format, la collectivité doit pouvoir collecter et traiter la donnée simplement et en toute transparence. L’alimentation du flux de données suppose un effort d’intégration des applicatifs utiles au système d’information, sans coûts cachés pour l’acheteur public.
La capacité d’intégration doit donc compter parmi les critères à retenir dans le choix des solutions pour le déploiement des objets connectés.
6. Le coût
Aspect non négligeable d’un marché, le coût ! Si la question de la fibre optique peut se poser, son coût de déploiement et d’exploitation reste encore élevé et peu adapté à l’économie ou au volume de données des objets connectés.
Les réseaux mobiles offrent quant à eux une grande réactivité, de la bidirectionnalité et la capacité de transmettre quantité d’informations. Ils sont cependant gourmands en autonomie et restent plus chers que les solutions radio bas débit. Toujours très abordables, ces dernières facilitent le déploiement d’un grand nombre d’objets connectés, quel que soit leur niveau d’accessibilité.
Enfin, le coût doit être évalué au regard de la capacité du prestataire à fournir l’ensemble des prestations : l’installation de l’infrastructure, le développement de l’architecture jusqu’à l’intégration des applicatifs dans le SI. Outre l’intérêt de disposer d’un interlocuteur unique, ce partenaire veillera à mutualiser l’ensemble des travaux entre les services, sur l’ensemble d’un territoire donné.
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Camille Loth est Directeur Marketing & Business Office, m2ocity