Une conception courante établit que les problèmes complexes peuvent être plus facilement résolus en les décomposant en petites tâches. Il en va de même pour les logiciels, pour lesquels on peut observer un glissement de l’ancien monde monolithique vers des micro-services granulaires. Et il n’est pas exagéré de dire que la vitesse à laquelle les organisations vont adopter ces micro-services sera un indicateur de leur pérennité et de leurs succès futurs. 

La notion d’encapsulation des fonctionnalités commerciales dans les logiciels n’est pas nouvelle. On peut remonter à la SOA, aux systèmes de programmation orientés objet et même au COBOL pour en trouver les premières traces.

Mais le développement de capacités commerciales packagées et des API ouvertes montrent que les entreprises s’intéressent de près aux micro-services. Ils offrent, non seulement, une alternative technique supérieure, mais ils correspondent aussi aux nouveaux besoins des entreprises pour aller plus vite, passer au numérique à chaque fois que c’est possible et offrir des expériences utilisateur convaincantes.

L’entreprise modulable et dynamique

L’enthousiasme est tel que le Gartner présente ce qu’il appelle l’entreprise composite dans son dernier rapport « Hype Cycle for Emerging Technologies », dans la section « Peak of Inflated Expectations ».
Il existe une formule simple selon laquelle services plus légers sont synonymes de plus grande souplesse pour les organisations. Ainsi, selon Gartner :

Les besoins des entreprises évoluent, les organisations doivent donc être capables de fournir rapidement des innovations et d’adapter les applications de manière dynamique, en rassemblant les capacités de l’intérieur et de l’extérieur de l’entreprise.

Au final, les micro-services facilitent l’utilisation du logiciel, son intégration et l’ajout de nouvelles fonctionnalités. Ils permettent également aux utilisateurs d’interagir avec les systèmes numériques de manière nouvelle et plus performante, qui changeront, à terme, la nature même du travail. En bref, ils nous font passer d’un monde où des êtres humains enseignent sans cesse à l’informatique à un monde où le code binaire devient notre assistant et nous enlève une grande partie de la « courbe d’apprentissage ».

Les micro-services sont des briques Lego

Les micro-services sont souvent comparés aux briques Lego et c’est une comparaison parfaitement adaptée. Lego a réinventé sa marque en concevant de nouvelles briques plus petites, aux usages plus précis et pouvant être utilisées de manière flexible pour créer des environnements nouveaux et ludiques.
Les micro-services fonctionnent en décomposant les différents éléments d’une application en composants individuels et spécialisés et en les rendant disponibles pour être assemblés avec d’autres dans des environnements librement couplés. Ils suppriment la nécessité de se contenter des applications de base ou de supporter des processus lents et rendent donc les personnels plus productifs.

Ils sont au cœur de l’avenir des logiciels d’entreprise et des ERP en particulier, qui sont souvent devenus synonymes de monolithe informatique. Cette conception est aujourd’hui obsolète et l’avenir va se tourner vers l’utilisateur. Le logiciel automatisera davantage de processus et ne demandera aux humains d’agir que là où ils sont nécessaires : pour vérifier, innover et généralement ajouter de la valeur.

Cette déconstruction de l’ERP est cruciale pour la flexibilité mais aussi parce que la façon dont nous utilisons les applications d’entreprise change de manière importante. Avant, des PC équipés d’écrans et de claviers étaient capables de gérer des structures de menus complexes et de nombreuses saisies de l’utilisateur ; aujourd’hui, le passage aux appareils et aux applications mobiles implique un changement drastique dans la conception des logiciels. Les applications mobiles ont du succès lorsqu’elles sont simples et ciblées et les micro-services conviennent parfaitement à ce modèle.

Il faut également penser de manière générale à être plus légers et à se passer de tout ce qui est amorphe et lourd, par exemple en utilisant de simples répertoires de documents plutôt que de remplir d’énormes bases de données pour faire fonctionner les processus de l’entreprise. Là encore, les micro-services permettent cette approche et contribuent à créer un monde de logiciels hautement intégrés, omniprésents et fédérés où des actions communément liées peuvent être facilement déclenchées, comme le passage d’un rendez-vous d’agenda à une visioconférence.

Il est temps d’oublier les silos et de supprimer les points de friction

Les consultants le répètent depuis des années et la transformation numérique l’impose : il faut travailler à la disparition des silos et à la suppression des points de friction à chaque fois que c’est possible, parfois au prix d’un bouleversement complet de l’organisation. Les bénéfices en retour sont évidents : l’innovation sera plus rapide et les logiciels plus fiables et plus astucieux, car on verra disparaître les effets en cascade du déplacement de grandes piles de codes. Les logiciels seront également plus faciles à utiliser et à développer dans des environnements avec peu ou pas de codage, ce qui permettra de ne plus dépendre de consultants coûteux qui n’apportent que des modifications mineures au code.

Le grand public ne connait pas les micro-services, mais ils sont essentiels à l’avenir des entreprises. Si elles ne peuvent pas les exploiter pour offrir une meilleure expérience utilisateur, elles se heurteront à un mur et les clients se tourneront vers des concurrents qui ont mis au point de meilleurs services. De Nokia à Apple et de Blockbuster à Netflix, ces changements du marché sont brutaux et rapides, il vaut donc mieux s’attaquer dès maintenant aux fondamentaux de l’expérience numérique et exploiter la puissance des micro-services.
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Par Claus Jepsen, CTO, Unit4