Vous avez certainement déjà entendu parler des bitcoins et des cryptomonnaies susceptibles de transformer fondamentalement les transactions faites en ligne… Si la plupart des utilisateurs ne réaliseront pas de transactions importantes en bitcoins dans un avenir proche, la technologie sur laquelle cette monnaie repose (appelée la blockchain) pourrait avoir un impact profond sur notre quotidien, et notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Bien que cette technologie existe depuis près de 10 ans, de nombreuses institutions peinent encore à la définir et, par extension, à évaluer son impact potentiel sur l’enseignement supérieur.

La blockchain : l’avenir de la certification ?

Dans le secteur de l’enseignement supérieur (et même après, dans le marché de l’emploi), la blockchain pourrait révolutionner les processus de certification. Avec les technologies actuelles, les étudiants et les employeurs doivent faire des pieds et des mains pour obtenir les relevés de notes ou les diplômes, ce qui est loin d’être évident lorsqu’il existe plusieurs diplômes et certifications spécifiques à chaque institution. De plus, l’envoi de ces relevés peut prendre jusqu’à plusieurs semaines et s’avère généralement payant.

Certaines organisations comme l’IMS, la PESC et le Groningen Declaration Network ont déjà lancé des initiatives visant à simplifier ces processus d’échanges digitaux, mais la blockchain pourrait aller encore plus loin en offrant une plateforme commune et fiable permettant de stocker des données académiques à des fins professionnelles et simplifiant la mobilité des étudiants entre différentes institutions ou régions. Cette transition pourrait considérablement rationaliser la gestion des données par les étudiants, qui seraient ainsi à même de fournir aux établissements et aux employeurs des informations complètes et sécurisées, qu’il s’agisse de résultats aux tests standardisés, d’exigences propres à un cursus, d’activités parascolaires ou d’autres formes d’apprentissage.

La blockchain pourrait s’avérer particulièrement efficace dans le cadre des formations basées sur les compétences ou des mini-formations de plus en plus populaires chez les universités et les entreprises disposant de programmes de formation professionnelle. Ainsi, au lieu de fournir des certificats papier difficiles à vérifier, la blockchain pourrait permettre aux étudiants de générer un récapitulatif complet des cours suivis et des certifications obtenues disponibles au public sans avoir à les demander à leur établissement. Alors que ces nouvelles approches de formation se démocratisent dans le secteur de l’enseignement supérieur et dans le monde de l’entreprise, la blockchain représente une solution efficace pour l’inscription et la gestion des candidatures d’étudiants, car elle pourrait permettre de suivre et de partager les diplômes et certifications des différents cursus suivis par les étudiants.

Mais compte tenu du contrôle total qu’aurait ce système sur notre parcours professionnel disponible publiquement sur Internet, il convient d’abord de réfléchir aux méthodes de développement et de déploiement les plus efficaces et à la création d’autorités réglementaires responsables de son fonctionnement.

L’impact financier de la blockchain et la dette étudiante

Si la plupart des utilisateurs ne savent pas comment réaliser des transactions avec des bitcoins, ces échanges sont néanmoins plus répandus qu’on ne le pense. En effet, une étude réalisée par IBM a montré que 15 % des banques prévoyaient d’utiliser la blockchain en 2017, et 66 % d’ici 2020.

Mais quel pourrait être l’impact de la blockchain sur les finances des étudiants ? Tout d’abord, la blockchain pourrait permettre de lier directement les aides financières et les bourses à la réussite académique des étudiants. Au lieu d’avoir à envoyer périodiquement des rapports sur la progression des notes, les étudiants et les universités pourraient utiliser des systèmes mettant automatiquement à jour les relevés digitaux, ce qui permettrait de comparer efficacement la performance aux valeurs de référence. De leur côté, les institutions souhaitant proposer des bourses au mérite pourraient identifier de nouvelles opportunités. De manière plus générale, cette technologie permettrait de centraliser la gestion des bourses et des aides gouvernementales.

Parallèlement, les systèmes de paiement des frais de scolarité en ligne ou par transfert bancaire simplifieraient considérablement le processus de règlement. Ces solutions pourraient s’avérer particulièrement rentables et conviviales pour les étudiants étrangers compte tenu de la nature interchangeable des bitcoins et de l’absence de frais de transfert. Seuls quelques établissements ont mis en œuvre cette technologie à l’heure actuelle, mais cette dernière devrait gagner en popularité au fil des années à mesure que les banques acceptent les paiements bitcoin.

Nous assistons actuellement aux balbutiements de cette technologie qui pourrait bientôt toucher tous les secteurs. Qu’il s’agisse d’intégrer les paiements bitcoin pour les frais de scolarité ou de gérer les certifications via la blockchain, le secteur de l’enseignement supérieur va certainement connaître des changements considérables.

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Cyril Perez est chef de Projet secteur Education chez
Unit4