Selon le Forum économique mondial, nous nous sommes engagés dans la quatrième révolution industrielle, celle de l’industrie 4.0, qui devrait modifier fondamentalement notre façon de vivre, de travailler et d’interagir les uns avec les autres.

L’impact du cloud, du big data, de la réalité virtuelle, du traitement du langage naturel (NLP), de l’automatisation et de l’intelligence artificielle (IA) se fait déjà sentir sur le lieu de travail. Qu’il s’agisse de plateformes qui tirent parti de l’intelligence artificielle pour automatiser le développement de logiciels ou de chats « intelligents » qui changent la façon dont les entreprises interagissent avec les clients, le paysage technologique évolue rapidement.

Bien que personne ne puisse prédire à quoi ressembleront les travailleurs de l’avenir, une chose est sûre : les technologies intelligentes permettent de rationaliser les opérations, de collecter des informations, d’augmenter la productivité du personnel et d’automatiser des tâches répétitives. Et si ce mouvement continue sa poussée, il reste nécessaire d’y acculturer les équipes.

Rassurer les collaborateurs quant à l’impact de l’IA sur les emplois

Selon un récent sondage mondial mené par The Workforce Institute, quatre collaborateurs sur cinq croient que l’IA rendra le travail plus stimulant, mais s’inquiètent du silence de leur employeur sur les conséquences de l’intégration des nouvelles technologies. En effet, moins de 42 % des organisations ont pris le problème à bras le corps en discutant de l’impact potentiel de l’IA sur leurs effectifs.

Les deux tiers des collaborateurs sont généralement favorables à l’IA, notamment pour éliminer les tâches répétitives et leur permettre de se consacrer à un travail plus important mais, sans surprise, ils disent qu’ils seraient inquiets ou résistants s’ils voyaient leur rôle – et leur poste – menacé par l’IA.

Les organisations qui souhaitent profiter de l’Industrie 4.0 devront préparer leurs collaborateurs et adapter leur culture d’entreprise pour bénéficier de l’IA. Elles risquent de prendre du retard si les collaborateurs voient les évolutions technologiques d’un œil méfiant et ne sont pas disposés ou capables de tirer parti des avantages de la technologie pour améliorer la productivité.

Intégrer l’IA de façon concertée dans les processus de travail

C’est pourquoi les entreprises qui cherchent à faire de la transition vers l’industrie 4.0 une réussite devront relever un grand défi : former les collaborateurs à l’IA et les inciter à utiliser de nouvelles méthodes de travail. Pour ce faire, les dirigeants devront expliquer en quoi l’IA est un levier pour soutenir les valeurs de l’entreprise, l’aider à remplir sa mission et respecter sa vision. Cela aidera aussi les collaborateurs à comprendre en quoi l’IA peut les aider dans leurs tâches.

Il faudra ensuite former les collaborateurs et promouvoir une culture plus expérimentale afin que l’entreprise se saisisse réellement des opportunités qui émergent grâce aux nouveaux outils liés à l’IA.

Former les collaborateurs pour bénéficier pleinement de l’IA

Qu’il s’agisse de superviser les assistants virtuels ou de les perfectionner pour qu’ils soient fonctionnels en conditions réelles, les entreprises devront s’assurer qu’elles disposent des compétences nécessaires pour répondre aux besoins émergents au fur et à mesure que le monde de l’entreprise évolue. En parallèle, il sera crucial de mettre en place des stratégies de formation et de développement professionnel pour soutenir et reconvertir le personnel dont les tâches auront été automatisées.

Mais préparer les collaborateurs pour qu’ils puissent s’adapter aux nouvelles missions n’est pas le seul défi à relever. Au fur et à mesure que les rôles évoluent, le personnel devra acquérir de nouvelles compétences pour surmonter ce qu’on appelle le « paradoxe de l’automatisation » : à mesure que nous devenons plus dépendants de la technologie, nous sommes moins enclins à prendre le contrôle dans les rares cas où la technologie échoue. Il sera de plus en plus important de maintenir un niveau de compétences humaines suffisant pour pouvoir intervenir lorsque ce sera nécessaire.

En même temps, les compétences à forte valeur ajoutée seront de plus en plus mises en avant. Ces nouvelles fonctions, encore mal définies, exploiteront ce qui n’est pas encore égalé par les machines comme la créativité et les compétences interpersonnelles. L’IA viendra renforcer ces fonctions grâce à une connectivité accrue et un accès aux informations plus fluide.

Développer les compétences des collaborateurs pour les aider à évoluer

Le Forum économique mondial prévoit que les principales compétences requises pour créer de la valeur dans un monde de plus en plus automatisé comprendront la capacité à résoudre des problèmes complexes, la pensée critique, la flexibilité cognitive et la gestion d’équipe. En d’autres termes, les compétences techniques deviendront secondaires. Développer de solides compétences humaines et être un apprenant actif sera plus important, parce que la demande portera sur des compétences que les machines ne peuvent pas facilement reproduire comme la créativité, l’intelligence émotionnelle et la communication.

Dans un monde où les compétences professionnelles sont appelées à changer tous les 18 mois environ, l’apprentissage deviendra la clé de l’évolution professionnelle. L’IA devenant de plus en plus répandue, les organisations devront gérer leurs équipes et leurs compétences pour s’adapter aux nouvelles réalités de l’industrie 4.0. Pour les chefs d’entreprise, cela signifie favoriser les changements culturels et créer des plans de formation qui non seulement favorisent l’adoption rapide de l’IA, mais surtout qui permettent d’en tirer parti pour accroître la productivité.

Les organisations les plus performantes reconnaissent que ces technologies sont plus efficaces lorsqu’elles complémentent les humains sans les remplacer. Centrées sur les intérêts des collaborateurs, ces organisations revoient leurs structures organisationnelles et repensent les modèles de gestion des talents qu’elles utilisent.

Leur défi est d’identifier les compétences dont a besoin leur personnel pour tirer efficacement parti de la technologie et transformer l’entreprise, et d’engager activement les collaborateurs dans la conception et la mise en œuvre de ces nouvelles technologies.

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Jérémy Salmon est VP Sales Vodeclic/Skillsoft