Avec la démocratisation du télétravail, les responsables informatiques et dirigeants d’entreprise ont dû faire face à une nouvelle donne : l’obligation d’innover afin de pouvoir garantir à leurs employés l’accès aux données essentielles dont ils ont besoin pour prendre des décisions. Un constat est né de cette nouvelle donne : l’urgence d’instaurer une culture de la donnée afin de permettre aux nouvelles technologies de générer de la valeur commerciale.

Une telle démocratisation des données semble être une réponse à l’accélération du progrès technologique. Alors que la tech trouve désormais sa place au sein des organisations, que les services cloud deviennent la norme, les employés jouissent d’une plus grande liberté pour tirer parti de nouvelles opportunités. Avec l’explosion du nombre d’applications métier, il est désormais essentiel de mieux exploiter les données afin d’en tirer une valeur business. En revanche, il n’existe aucune gouvernance des données, leurs définitions sont cloisonnées et les unités commerciales doivent gérer une multitude d’outils de monitoring des données.

Une entreprise qui décide de mettre les données au cœur de sa stratégie d’entreprise permet à chaque membre de l’organisation d’avoir accès à ces données et aux analyses dont il a besoin. Grâce à un tableau de bord, chacun est capable de gérer ces informations afin de mener à bien ses tâches. En d’autres termes, les données sont considérées comme de précieux atouts : elles sont aujourd’hui la nouvelle monnaie de l’entreprise. Pour développer une culture des données pérenne, il faut prioriser la création d’un état d’esprit adapté, créer des centres d’excellence au sein de l’entreprise, et choisir les solutions adéquates pour soutenir cette initiative

Priorité au développement 

Bien que chaque entreprise instaure une culture axée sur les données par une approche qui lui est propre, il existe des tactiques universelles à suivre afin de bénéficier d’une base solide et d’assurer la longévité de cette culture.

Premièrement, il s’agit d’aligner et d’intégrer à la culture de l’entreprise les mesures, définitions et langages communs utilisés par l’ensemble du personnel. Ceci a pour but d’encourager une plus forte interaction entre les différentes équipes qui pourront ainsi apprendre les unes des autres. Par exemple, les équipes de vente pourraient échanger avec le service informatique afin de concevoir une manière d’analyser les données par elles-mêmes et ainsi observer les interactions des clients, ou donner une vue 360 de l’expérience client.

Deuxièmement, il est important de garantir la facilité d’utilisation et de compréhension des solutions et des processus. Auparavant, les organisations devaient recourir à un vaste éventail de ressources et d’expertises afin d’exploiter l’ensemble des données. Désormais, des tableaux de bord adaptés permettent aux employés de comprendre l’utilité de ces données au sein de leurs workflows, d’extraire de la valeur et de prendre les bonnes décisions business.

Enfin, il est fondamental de se référer à des personnes internes à l’entreprise et non à des collaborateurs externes, ceci afin de développer une culture propre. Il sera ainsi plus judicieux de former aux nouvelles technologies les employés issus des services marketing, de la comptabilité et des ventes ainsi que d’autres unités commerciales traditionnellement considérées comme non techniques, car ils seront plus à même de comprendre les avantages que ces nouveaux outils apportent à leurs équipes.

Une fois cette base en place, des caractéristiques supplémentaires permettent d’en garantir la pérennité. Sur le plan technique, il est important de développer et d’intégrer à la culture d’entreprise un cadre de gouvernance des données qui soit flexible et adéquat, pour les données internes (données structurées) et externes (non structurées), comprenant un modèle de données capable d’évoluer au fur et à mesure que les employés gagnent en expertise. Afin de motiver les troupes, il est essentiel de définir des objectifs réalistes, sans toutefois s’engager dans des promesses intenables : déterminer un échéancier ambitieux mais pas agressif. Ainsi, les employés et leurs managers seront moins frustrés par d’éventuels faux départs et problèmes. Les récompenses de ce programme doivent être clairement établies, afin d’aider les employés à comprendre comment ils peuvent bénéficier de cette culture des données à titre personnel, et non seulement pour l’entreprise.

Création d’un centre d’excellence

Afin d’élever chaque membre de l’entreprise au rang d’expert en analyse des données, il est nécessaire d’établir une base des données et connaissances centralisée. La création d’un centre d’excellence dédié à la gestion des données permet d’organiser et d’orienter les collaborateurs dans la réalisation de leurs tâches. La centralisation des services de données s’effectue en parallèle au développement des fonctions d’analyse des données de chaque groupe selon leurs besoins spécifiques.

Un centre d’excellence adapté garantit une expertise, une certification et une formation unifiée, évitant ainsi toute erreur et mauvaise configuration par les utilisateurs des applications. Par ailleurs, il permet de superviser l’acquisition et le déploiement de solutions pour s’assurer que les employés n’effectuent pas d’achats excessifs de nouveaux outils et plateformes. Dans le cadre de cette supervision, le rôle du responsable informatique est d’être à l’écoute des demandes du personnel concernant les services à fournir, mais également d’observer l’utilisation des données ainsi que les dépenses connexes. Un bon centre d’excellence est doté d’une équipe d’experts et d’ambassadeurs : il s’agit de membres de l’organisation enthousiastes à l’idée d’instaurer une culture de la donnée et qui sont capables de susciter l’intérêt de leurs collègues et de les amener à adopter cette nouvelle culture.

Imaginer des solutions adaptées 

Chaque culture est propre à l’entreprise concernée : il est donc nécessaire de développer une suite unique de solutions. Cette étape est sans doute la plus difficile car elle nécessite la validation de nouveaux investissements. Par conséquent, il est important d’adopter l’approche appropriée.

La première étape réside dans la réalisation d’un inventaire des solutions existantes au sein de l’entreprise et de déterminer les réussites d’une unité commerciale qui peuvent être appliquées à d’autres. De nombreuses entreprises technologiques doivent donc appliquer leurs propres solutions à de nouveaux cas d’utilisation au sein même de leur organisation. Malheureusement, aucune solution n’est universelle. Il est donc probable que des investissements dans de nouveaux produits soient tout de même requis. Dans ce cas, il est judicieux d’auditer les priorités de l’entreprise et de développer un cadre sur la base des résultats obtenus.

Ce processus implique de nouvelles responsabilités et une nouvelle gouvernance de la gestion des données, mais représente également une opportunité pour renforcer la collaboration avec les responsables des différents services et équipes en vue de soutenir l’innovation et d’obtenir de meilleures informations exploitables. Dans le sillage de la pandémie actuelle, chaque responsable informatique doit se préparer à opérer en quelques mois une transformation numérique qui prend habituellement des années. C’est aussi une opportunité pour les directeurs informatiques de se positionner comme éléments essentiels de leur entreprise, mais aussi comme partenaires engagés pour favoriser la vitalité, la croissance et la longévité des différents services.
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par Antoine Aguado, Country Manager France d’Elastic