Face à une stratégie plein cap vers le cloud, les derniers résultats trimestriels que vient de publier Oracle montre que cette migration s’avère lente et difficile.

La faute au dollar mais ce n’est pas très nouveau (Oracle victime de la hausse du dollar). C’est le point que mentionne Oracle dans le communiqué de ses résultats trimestriels pour mettre ses chiffres en perspective. Au troisième de l’exercice fiscal, le chiffre d’affaires global s’est établi à 9 milliards de dollars, en baisse de 3 % mais en hausse de 1 % si l’on tient compte de l’enchérissement du dollar face aux autres monnaies, notamment l’euro. A 2,1 milliards de dollars, le bénéfice net accuse un recul 14 % mais de seulement 8 % si l’on tient compte de l’effet dollar. Oracle a décidé un programme de rachat d’action pour un montant de 10 milliards de dollars.

S’ils ne permettent pas de tirer des conclusions définitives, les résultats trimestriels donnent des indications sur la transition que doivent gérer tous les éditeurs : le passage de la vente de licence vers le cloud. Après avoir longtemps porté assez peu d’attention (Qu’il est loin ce jour de septembre 2008 ou Larry Ellison – alors dans le brouillard le plus complet -, qualifiait le cloud  » d’idioties et d’innovations marketing) à ce qui est devenu aujourd’hui une évidence pour tous, Oracle a mis plein cap sur le cloud. A l’édition 2015 de la conférence annuelle OpenWorld, 95 % des produits du catalogue de l’éditeur devaient disponibles sur le cloud, une avancée rapide (Oracle : pleins gaz vers le cloud).

C’est ce qu’avait déclaré Mark Hurd, CEO d’Oracle lors d’une conférence aux analystes en mai 2015 en expliquant que « nous investissons toujours beaucoup dans nos produits traditionnels mais nous faisons évoluer ces produits vers le cloud à un rythme très rapide ».

On le sait, les convertis de la dernière sont souvent les plus convaincus. Il est vrai qu’ils ont un peu de retard  à rattraper. De passage à Paris lors du Transformation Day en septembre dernier, Mark Hurd, Co-CEO d’Oracle, expliquait tout le bien qu’il pensait de cette nouvelle forme de production et de consommation du logiciel.

L’âge moyen des applications d’entreprise est de 23 ans, ce qui signifient qu’elles ont été conçues et installées en 1992, c’est-à-dire avant Internet, les mobiles, le cloud, les réseaux sociaux et sont donc obsolètes, expliquait-il à cette occasion (Oracle entre cloud et systèmes intégrés). Par ailleurs, « la mise en œuvre des nouvelles versions étaient lente, coûteuse et difficile, poursuivait Mark Hurd. Le cloud change tout et permet une évolution régulière, incrémentale et économique de ces applications. C’est là la magie du cloud computing qui est un modèle totalement différent et beaucoup mieux adapté aux entreprises et leur permet d’être beaucoup plus agile ».

Si tous le catalogue logiciel est désormais porté sur le cloud, les revenus provenant de cette source sont encore modestes de 8 % décomposés en 6 % pour le Cloud et Platform as a service et 2 % pour les services IaaS en mode as a Service. Ce qui est à comparer aux ventes des logiciels as a Service qui représentent 70 % du chiffre d’affaires total (18 % en nouvelles licences et 52 % pour le renouvellement des licences et le support). On le voit donc il y a encore beaucoup de chemin à faire. Et l’objectif de plus long terme est d’assurer la migration des ventes on-premise vers le cloud, techniquement et financement. Car les business models sont très différents. Sans parler de la gestion des partenaires qui doivent aussi s’adapter à ce nouveau mode. D’ailleurs, tous les partenaires ne pourront pas accompagner l’éditeur dans cette évolution.

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Oracle entend migrer 20% de ses partenaires vers son programme cloud. C’est ce que l’éditeur a annoncé le mois dernier avec la présentation de son programme Cloud Oracle Partner Network, un volet de son programme partenaires conçu pour aider ces derniers à accroître leur activité cloud.

Et si les croissances sont bien contrastées, largement négatives pour le logiciel on-premise et positive pour les activités cloud, on voit bien qu’elles ne portent pas sur le même montant. Le tableau ci-dessous montre les évolutions respectivement des unes et des autres. Un petit calcul montre la difficulté de la tâche. Pour qu’elle soit compensée, une baisse de 10 % des ventes de licences on-premise impose une hausse de 90 % des ventes de services cloud. On voit que ce n’est actuellement pas le cas. Sachant qu’en plus, Oracle doit faire face à une baisse significative des ventes de matériels, une activité récupérée suite au rachat de Sun Microsystems et qu’Oracle a largement orientée vers le développement d’appliances (systèmes optimisés avec les logiciels d’Oracle) au détriment des serveurs traditionnels. Le cloud : un chemin qui est donc loin d’être terminé.

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