L’hyperconvergence amorcée dans les années 2010 évolue aujourd’hui vers une gouvernance unifiée des données, du datacenter à la périphérie. Avec l’acquisition de StarWind, DataCore renforce sa stratégie d’indépendance technologique sur un marché HCI en pleine recomposition.

Petit retour en arrière… À l’aube des années 2010, l’hyperconvergence s’impose comme la réponse radicale au goulet d’étranglement que constitue le SAN et à la multiplication autour d’incidents d’infrastructures assemblées de briques pas toujours aussi compatibles qu’on l’espérait. Nutanix commercialise son « Complete Cluster » dès 2011, première brique réellement hyperconvergée du marché, tandis que SimpliVity, fondé en 2009, StarWind, fondée en 2008, et VMware avec vSAN en 2014, proposent à leur tour des architectures où calcul, réseau et stockage fusionnent dans un même châssis. Ces pionniers misent sur des appliances intégrées et, pour beaucoup, sur un couplage étroit au matériel. Depuis, l’hyperconvergence a fait beaucoup de chemin, a beaucoup évolué au point que certaines solutions en ont banni le terme (Nutanix qui se veut une plateforme Cloud) et que d’autres périclitent à vue d’œil.

Mais à l’époque, l’hyperconvergence en plein boom mettait en avant son approche « software defined storage » et faisait franchir un pas supplémentaire à une virtualisation du stockage dont le pionnier se nommait alors Datacore.

Avec sa virtualisation du stockage, DataCore avançait alors une contre-voie : une couche logicielle indépendante du hardware, capable d’orchestrer n’importe quel disque, contrôleur ou hyperviseur. Cette approche, matérialisée par SANsymphony, a en réalité largement préfiguré le concept de « Software-Defined Storage ».

Datacore a eu du mal à faire entendre sa voix dans un monde où on ne parlait que de Cloud et d’hyperconvergence avec une volonté affichée de ne plus parler de composants d’infrastructure. L’éditeur a cherché à évoluer, à faire évoluer ses solutions et à surfer sur la vague de l’hyperconvergence. Depuis 2018, Datacore se réinvente selon son plan DataCore.NEXT qui cherche à unifier la gestion des données blocs, fichiers, objets et conteneurs, à travers les environnements On-Prem, Cloud et Edge. Une stratégie soutenue par les rachats successifs de Caringo (Swarm), MayaData (OpenEBS) et en février dernier de Arcastream et son « parallel file system ».

Pour poursuivre sa vision, Datacore annonce l’acquisition de StarWind, l’un des pionniers de l’hyperconvergence encore en vie et resté fidèle à sa vision d’origine.

StarWind propose de livrer, sur le matériel choisi par le client, des appliances HCI hyperviseur-agnostiques (vSphere, Hyper-V ou KVM maison) capables d’exploiter SSD, HDD, iSCSI, NVMe-oF ou RDMA. Discret en marketing mais fort de 63 800 clients et d’une reconnaissance Gartner « Customer’s Choice » 2023, StarWind vise essentiellement les sites distants à faible empreinte et se distingue par son gestionnaire de flotte entièrement à distance.

« Cette acquisition représente un pas de géant vers la concrétisation de notre vision DataCore.NEXT », explique Dave Zabrowski, CEO de DataCore, soulignant l’enjeu : déployer un HCI robuste du datacenter jusqu’aux sites les plus isolés. Anton Kolomyeytsev, cofondateur de StarWind y voit une réponse directe aux incertitudes tarifaires de Broadcom-VMware : « Nous offrons souplesse, performance et liberté vis-à-vis du matériel et de l’hyperviseur, sans sacrifier la simplicité ».

Suite à l’acquisition, l’équipe StarWind rejoint majoritairement DataCore, les produits restants autonomes mais destinés à être pilotés par une couche de management unifiée attendue à l’automne.

En agrégeant la VSAN et les appliances StarWind à son portefeuille bloc, fichier, objet et conteneur, DataCore se positionne face aux ténors Nutanix ou VMware avec une promesse d’indépendance matérielle et économique, particulièrement attractive pour les environnements distribués (retail, industrie, marine, IoT) où l’edge devient critique et où l’IA s’invite désormais en périphérie. Pour les DSI, l’enjeu dépasse la simple convergence : il s’agit de standardiser la gouvernance des données, de la baie centrale au point de vente, tout en conservant une capacité de renégociation permanente sur le matériel et les licences.

Cette opération signe une nouvelle étape dans la consolidation du marché HCI : après avoir fédéré les couches de données, DataCore s’attaque désormais à la conquête des sites distants, là où se joue la prochaine bataille de la souveraineté et de la résilience du stockage. Reste que la tâche ne sera pas aisée. Le marché est compliqué entre les acteurs traditionnels du stockage, les acteurs du Cloud et la concurrence directe des survivants de l’époque HCI. Interrogé à ce sujet, le CEO de Datacore répond sans langue de bois : « Nutanix est une solution très coûteuse, généralement destinée aux grandes entreprises disposant de départements informatiques. Scale utilise une technologie plus ancienne et n’est pas agnostique en matière d’hyperviseur. Et StorMagic peine à gagner du terrain commercialement car ils n’ont pas construit un canal de distribution efficace. »

 

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