Après s’être concentré sur le data center communiquant, Cisco veut séduire les sociétés de services et tous ceux qui pourront apporter de la valeur à ses infrastructures

A l’occasion de son grand rassemblement européen Cisco live, à Milan, la firme de San Jose a tenté de relancer sa machine. Pour la deuxième année consécutive, Cisco ne voit plus ses activités croître de la même manière et la 23 ème année de John Chambers à la tête du géant des réseaux sera décisive.

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Malgré plus de 11 000 licenciements durant les trois derrières années, la cote de l’action Cisco ne décolle pas des 22 dollars depuis des lustres. Le chiffre d’affaires a pourtant été de 48,6 milliards de dollars en 2013 contre 46,1 milliards en 2012. On est loin des années fastes où la firme s’était emparée de l’activité réseau d’IBM, conquit le marché des opérateurs et s’était imposé comme un des principaux fournisseurs de data centers communicants.

Jusque-là, la méthode était rodée. John Chambers rachetait des startups en plein essor sur des secteurs d’avenir et en faisait des produits « lourds » grâce à sa réputation et ses clients. Si cela ne marchait pas, Cisco les liquidait ou les revendait discrètement sans états d’âme. Après la bulle internet et les tempêtes d’une récession, que le navire Cisco avait traversées, presque sans soucis, à l’opposé de ses concurrents, le voici dans le calme plat d’un marché atone, surtout influencé par les manœuvres autour des clouds.

(ci-dessous l’évolution réduite en % du chiffre d’affaire de Cisco, trimestre par trimestre : source Cisco )

Evolution des revenus Cisco 2011 à 2013

Le marché des serveurs de data center reste dangereux

A quoi bon s’équiper de serveurs de taille moyenne, si l’on peut avoir toute la puissance à la demande sans les coûts d’acquisition ? Si cette question favorise l’extension des grands data centers, elle gèle aussi les achats des grands clients souvent sollicités par les brokers de machines virtuelles. Car le petit problème des serveurs de data center , c’est d’abord la course à l’économie à tous prix. Et à ce jeu-là, les blades servers de Cisco, désormais fournisseur numéro deux de type de serveurs derrière HP désormais,  ne sont pas les plus favorisés,  n’étant pas les plus abordables. En quittant le marché ultra concurrentiel des serveurs X86, IBM a d’ailleurs montré que les marges dans ce secteur étaient ridicules. Néanmoins lors de ses dernières publications, en décembre dernier, le directeur financier de Cisco, Frank Calderoni, a prévu pour les trois à cinq prochaines années une croissance moyenne du chiffre d’affaires comprise entre 5% et 7% par an, alors que la firme s’était toujours basée sur une progression de plus de 9%.

Pour les analystes du Nasdaq, le bureau Jefferies, même à 5%, l’objectif de croissance, en particulier dans les services, est encore trop ambitieux.

Le pari du SDN

Heureusement, depuis le 6 Novembre 2013 et l’intégration d’Insieme, la spin off connue pour son projet SDN, la firme a donc un projet stratégique, celui de la virtualisation des réseaux, opération qui se conçoit à partir d’un Datacenter. Ce dernier va faire tourner son environnement logiciel API ( application Centric infrastructure) basé sur une version « maison », sur mesure d’open stack et sur ses récents routeurs/commutateurs Nexus 9000.

Mais, pour que la mayonnaise prenne, il faut des applications compatibles et que surtout les clients soient « ouverts » à cette  révolution compliquée et pour l’instant embryonnaire. Plus de 300 grands clients seraient déjà sur le chemin du nouveau Graal, mais il leur faut des preuves tangibles que les avantages de Cisco soient réels.

D’où l’intérêt de la présentation du 28 Janvier à Milan qui mettait en scène de nouveaux boitiers qui peuvent aussi fonctionner sous forme d’applications virtualisées. Si les annonces de novembre s’adressaient principalement aux réseaux et serveurs des data center, les extensions présentées à Milan visaient les WAN. (ci-dessus l’image résumant les annonces orientées nexus du 6 Novembre 2013)

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Comme prévu , le contrôleur APIC permet de rassembler dans une seule entité les réseaux câblés et sans fil, et ainsi de configurer le réseau de manière unique et quasiment automatique, en simplifiant le travail des administrateurs. Ces derniers n’auront plus à paramétrer chaque appareil pour allouer les ressources nécessaires à chaque application. Un peu à  la manière des réseaux MPLS, les différents composants (routeurs swiches) sont automatiquement mis en un mode « d’écoute » des applicatifs de plus en plus virtualisés -pour transférer les données au mieux et leur créer des espaces particuliers. Le provisionning, la bande passante nécessaire, la qualité de services, le stockage, la puissance de calcul et le load balancing sont paramètres à l’avance ce qui simplifie la gestion et la mise à jour des applications. Le module Apic est donc un contrôleur de logiciels qui gère les profils des applications ? Il a été conçu pour fonctionner sur les serveurs UCS maison mais avec le nouveau boitier, on pourra développer sans avoir tout à acheter et tout à revoir. L’offre inclut un kit de développement pour que le contrôleur puisse se connecter au systèmes d’orchestration, comme OpenStack, via une API Restful.

 le principe des profils applicatifs distribués sur le réseaux par l’APIC
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Dans le domaine de l’administration des applications virtuelles, Cisco propose désormais Intercloud pour déplacer les machines virtuelles dans différents environnements qu’ils soient publics, privés mais aussi Hybrides. L’offre est compatible avec les services d’Amazon (AWS), de Microsoft (Azure) et Rackspace. Les partenaires historiques de Cisco EMC, Citrix, Net App, Red Hat et Rivermeadow.

Plusieurs opérateurs comme BT ou Telstra exploitent déjà ces services dans leurs infrastructures. La firme a aussi lancé de nouveaux outils pour améliorer l’administration et les performances de ses serveurs UCS. Elle présentait aussi une gamme complète pour administrer les terminaux qu’il s’agisse de portables, de tablettes ou de smartphones ; la sécurité était aussi partout, Cisco voulant rappeler que son rachat de Sourcefire en Aout dernier changeait la donne.

les annonces de partenariats et les lancements annoncés le 28 Janvier 2014

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