Le salon mondial des technologies à Las Vegas (CES) a fermé ses portes. Cette édition était placée sous le signe des objets connectés, ce fameux « Internet des Objets » qui fait son chemin et connecte tous les objets entre eux. Nous sommes probablement à l’aube d’une révolution sociétale qui va changer le quotidien des consommateurs mais aussi des collaborateurs sur leur lieu de travail. Qu’en est-il des périphériques d’impression ? Où sont les ruptures technologiques qui vont révolutionner l’impression bureautique ? Force est de constater qu’elles tardent à venir. Faites un tour sur la toile et cherchez un multifonction A4 couleur aux alentours de 30ppm en couleur compatible AirPrint : vous trouverez une bonne quinzaine de clones, de marques différentes mais avec peu ou prou les mêmes caractéristiques. Vos perceptions en matière de fiabilité et de qualité d’impression seront globalement identiques d’un matériel à l’autre. Or, sur un marché concurrentiel de commodité, les conséquences sont bien souvent les mêmes : la baisse des prix, la dégradation des services associés et le nivellement par le bas.

Les multifonctions d’entreprise créent aussi de la valeur

Alors, objectivement, comment un constructeur peut-il se différencier de ses concurrents aujourd’hui ? A quoi bon chercher de l’innovation technologique si les périphériques d’impression sont souvent perçus, par les acheteurs informatiques, comme la dernière roue du carrosse quand, par ailleurs, il s’agit – comme c’est le cas pour nombre d’entreprises françaises aujourd’hui – d’assurer une transformation digitale à marche forcée ?

Il me semble qu’il faut savoir trouver l’innovation là où elle se trouve et non pas là où on l’attend. En réalité, elle se situe à deux niveaux.

D’abord, le périphérique d’impression doit apporter de la valeur à l’entreprise et à ses utilisateurs au lieu de consommer de la bande passante, du temps et du budget. Quand vous prenez un rendez-vous d’une heure dans une agence bancaire pour ouvrir un compte, votre conseiller peut passer 5 min de moins que d’habitude devant son multifonction parce qu’un nouveau bouton sur l’interface utilisateur lui permet de numériser vos formulaires papier directement vers sa base de données et de les classer automatiquement dans les bons répertoires. Ce sont ainsi 5 min de plus qu’il passe avec vous pour conseiller et… vendre.

Autre situation concrète : lorsque vous arrivez dans le hall d’un aéroport, patientez dans la file d’attente d’un loueur de voiture et qu’un employé vous demande, sa tablette à la main, si vous avez pré-rempli sur internet votre réservation : vous répondez oui, vous sortez de la file d’attente et le temps de rejoindre le guichet votre dossier a déjà été imprimé, en toute mobilité, par l’employé. Le temps ainsi gagné aura permis de réduire la longueur de la file et d’éviter de voir les clients non captifs s’envoler vers d’autres loueurs…

L’intégration intelligente dans les applicatifs métier, la personnalisation des interfaces et des usages, la simplicité pour les utilisateurs qui en découle : voilà où se niche l’innovation des périphériques d’impression aujourd’hui. Elle foisonne même, offrant de réelles perspectives d’amélioration des processus front – ou back – office des entreprises et contribuant, humblement mais indéniablement, à l’efficience d’une équipe ou plus largement d’une organisation.

Une relation commerciale plus créative, tournée vers les enjeux du numérique

Ensuite, il faut aussi chercher l’innovation au niveau de la qualité de la relation commerciale entre un vendeur et un panel d’acheteurs pas seulement issus des services généraux ou de l’IT. Aujourd’hui, un cycle d’achat un tantinet sérieux mobilise, en moyenne, 5 contributeurs à la décision finale dans l’entreprise. Il peut s’agir, par exemple, d’un responsable de la satisfaction client, d’un directeur de la communication interne ou bien encore d’un logisticien. L’innovation vient de la capacité d’un vendeur, devenu davantage « gestionnaire de compte », à mobiliser ces Directeurs Métiers et à démontrer, auprès de chacun d’entre eux, la valeur qu’ils pourront retirer d’une flotte optimisée de multifonctions intelligents. Nouveaux outils de démonstration, « Proof Of Concept » crédible, cas clients pertinents, qualité du service, accompagnement au changement… autant de critères qui changent la donne et font, mieux que le coût à la page, la différence entre constructeurs-prestataires. Encore faut-il que les acheteurs sachent se coordonner en interne ; en cela, l’existence d’un « référent numérique » ayant une vision panoramique des enjeux d’une transformation digitale dans l’entreprise est une aide précieuse. Je ne crois pas que cette évolution en vienne à tirer le marché de l’impression en milieu professionnel vers le bas. Au contraire, les constructeurs innovants ont tout à gagner de la transformation structurelle des entreprises, parfois violente, parfois en crise. Mais toute crise donne l’opportunité de faire différemment et mieux !

Alors oui, certains constructeurs réalisent des innovations technologiques et commerciales. Il est probable que les mutations profondes apportées par l’externalisation IT, via le cloud, révolutionnent à terme le Business Model des constructeurs et prestataires de solutions d’impression, avec une nouvelle manière de facturer l’usage des périphériques. Mais nous n’y sommes pas encore, l’innovation des petits pas est encore la plus sûre manière d’avancer.

 

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Benjamin Duthu est Office Product Manager Xerox France