Alors que les Etats-Unis et plusieurs pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Canada restent persuadés que les équipements d’Huawei permettent d’espionner le monde occidental, de plus en plus de pays vont à contresens. En février dernier, le Royaume-Uni indiquait que si espionnage il y avait, il constituait une menace gérable.

Deux pays européens vont encore plus loin et mettent en doute les assertions américaines. C’est le cas de la Belgique ou le fabricant chinois travaille main dans la main avec l’opérateur historique Proximus (ex-Belgacom), Orange et Telenet/Base, ce qui a poussé le gouvernement à confier au Centre de cybersécurité belge (CCB) une étude sur le sujet. Au terme de plusieurs mois d’enquête, le CCB est arrivé à la conclusion que rien ne démontrait la véracité des propos états-uniens. Il a indiqué ne pas avoir trouvé de preuve tangible permettant d’étayer les soupçons d’espionnage à l’encontre d’Huawei. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas de preuve qui indique que l’on peut parler d’une menace émanant d’Huawei », a déclaré la porte-parole du CCB, Katrien Eggers, à nos confrères du quotidien belge néerlandophone De Standaard. « Un rapport final sur le sujet ne sera pas publié car nous continuerons à suivre l’affaire », a-t-elle toutefois ajouté.

Au cours de son enquête, le CCB a demandé, sans succès, aux pays qui souhaitent bannir le constructeur de leurs appels d’offre de leur fournir des preuves de son implication dans d’éventuelles activités d’espionnage. « Nous leurs avons demandé s’ils avaient réalisé des études fournissant les éléments tangibles motivant leur décision. Nous ne les avons jamais reçus », a expliqué Katrien Eggers à nos confrères. Le CCB a également étudié des rapports décrivant les technologies mises en œuvre par Huawei. Là encore rien n’étaye les soupçons de certains pays.

C’est désormais au gouvernement belge de trancher. Mais comme le précise De Standaard, en dehors des éléments techniques, des facteurs politiques et diplomatiques peuvent peser dans la balance.

L’Allemagne fait de son côté preuve de plus d’indépendance. Jochen Homann, le président de la Bundesnetzagentur, le régulateur des télécoms d’outre-Rhin, a ainsi expliqué au Financial Times qu’Huawei ne serait pas évincé de la réalisation du réseau 5G, rien ne démontrant encore une fois l’implication du fabricant. Jochen Homann a par ailleurs expliqué qu’Huawei détenait de nombreux brevets 5G et que son éviction pourrait retarder le lancement du réseau.

Voilà qui devrait rassurer l’équipementier qui vient par ailleurs d’annoncer avoir signé 40 contrats avec des opérateurs pour la fourniture d’équipements 5G, dont 23 en Europe. Le nombre de stations de bases 5G livrées est désormais de 70.000.

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