Les trois segments de marché du cloud – SaaS, PaaS, IaaS – continuent de s’imposer en France mais en grande majorité les DSI et CTO interrogés estiment complexe la gestion d’environnements multi-cloud et hybride (on premise/in the cloud). C’est ce qu’indique deux études publiées par le cabinet MARKESS by exægis.

Sur les 125 prestataires interrogés en juin 2019 par MARKESS qui représentent l’écosystème du cloud sur l’Hexagone, 58% ont enregistré une hausse de 10% et plus de la demande pour leurs solutions SaaS par rapport à l’an dernier et 32% pour leurs solutions PaaS et iPaaS.

Pour les 6 prochains mois de l’année, c’est à d’ici fin 2019, ils sont 59% à prévoir une forte hausse du carnet de commandes de leur activité associée à des solutions de cloud (SaaS, PaaS, IaaS) et 78% à estimer une augmentation modérée à forte de la valeur moyenne des contrats par client sur ce marché. La tendance 2019 est également à la croissance du cloud public : 58% des prestataires interrogés prévoient une forte à très forte hausse du recours à des solutions de cloud public sur l’ensemble des projets de cloud sur lesquels ils travaillent chez leurs clients.

« Les enjeux autour des données et de l’observabilité des services activés poussent à revoir les approches, à s’entourer de partenaires de services à forte valeur ajoutée et à décliner des offres locales ou de proximité. Sur un marché toujours en croissance à deux chiffres, les prestataires s’interrogent cependant quant à leur devenir face aux grands acteurs de cloud, disposant de ressources d’investissements difficiles à égaler, et aux exigences nouvelles de clients plus aguerris », commente Emmanuelle Olivié-Paul, Directrice Associée de MARKESS by exægis.

Les besoins des clients associés aux projets de cloud évoluent : 71% des prestataires indiquent que l’automatisation de tâches de mise en production. Les attentes sont fortes aussi en observation et supervision des solutions de cloud retenues (selon 56% des prestataires) ainsi qu’en sécurisation « by design » des environnements et des applications (51%) et en cryptage de données (50%).

Interrogés pour la première fois dans cette édition 2019 sur les conteneurs, 59% des prestataires constatent une hausse du recours à ces technologies dans le cadre des projets de cloud qu’ils ont menés chez leurs clients l’an passé.

En 2019, la tendance est également à la croissance des usages de l’IA et du machine learning dans les projets de cloud. Ainsi, 68% des prestataires estiment que ces technologies joueront un rôle important dans les opérations sous-tendant le bon fonctionnement de leurs solutions SaaS, PaaS ou IaaS : automatisation de tâches de routine, prédiction d’incidents, automatisation du support (cf. chatbots), optimisation de la production, détection de risques ou de failles sécuritaires…

Face aux exigences accrues des clients (conformité réglementaire, sécurité, protection des données, continuité de service…) et suite aux différents incidents survenus au 2ème trimestre 2019 (pannes de grands opérateurs de cloud public comme Salesforce ou Google), les prestataires sont de plus en plus vigilants quant aux risques de dysfonctionnement opérationnel de leurs solutions de cloud.

Mise à part ces enjeux pour lesquels des solutions existent ou se mettent progressivement en place (cf. les approches DevSecOps par exemple), tous les signaux sont au vert sur le marché du cloud en France avec des leviers toujours aussi forts favorisant sa croissance pour les deux prochaines années : projets à base d’IA et de ML, besoins en analyse et traitement temps réel de données variées en volume (big data), développement d’applications à base de micro-services, projets d’IoT et d’objets connectés, et DevOps.

En route vers le multi-cloud et le cloud hybride

Selon une autre étude intitulée « Multi-Cloud, Cloud Hybride et Services Managés : Approches, Tendances & Enjeux à 2021 », réalisée également par MARKESS, la moitié des DSI indiquent qu’ils auront recours à plusieurs formes de cloud (différents IaaS publics, IaaS public avec IaaS privé, etc.) ; 55% indiquent que leurs dépenses dans des clouds publics augmenteront ; et un sur trois combinera au moins une solution de DRaaSdans un cloud public et dans un cloud privé.

Le recours au cloud par les entreprises et administrations françaises s‘est fait par vagues successives, avec une montée en puissance progressive des usages associés. En premier lieu, elles ont adopté le SaaS, suivi par des projets de cloud privé au niveau des infrastructures (IaaS). Les premières démarches de type ‘cloud first’ commencent à émerger à partir de 2015-2017 en France, avec une accélération des besoins en cloud public. La tendance est aujourd’hui au multi-cloud et au cloud hybride, aux stratégies multifournisseurs, à la montée en puissance du PaaS et des plates-formes applicatives à base d’APIs, de microservices et de conteneurs”, précise Emmanuelle Olivié-Paul, Directrice Associée de MARKESS by exægis.

Pour les DSI,  cette stratégie multi-cloud et cloud hybride apporte de nombreux bénéfices comme l’agilité, l’accès à des services innovants (de data analytics, d’intelligence artificielle et de machine learning, de nouvelle génération de bases de données…), une plus grande réactivité dans les réponses aux demandes des clients internes, la possibilité de conserver des environnements ‘on premise’ pour certaines activités non éligibles au cloud ou encore l’indépendance face à un prestataire unique de cloud.

Toutefois, 68% et 58% des DSI et CTO interrogés estiment complexe la gestion d’environnements multi-cloud et hybride (on premise/in the cloud). Démultiplication des risques sécuritaires, gestion des différents contrats de services, interopérabilité entre environnements ou difficulté de supervision des environnements sont autant de difficultés citées par les décideurs dans le cadre de l’adoption de cette stratégie. Ils expriment d’ailleurs un fort besoin en matière d’accompagnement de gestion des environnements multi-cloud et hybrides.

L’étude révèle notamment une forte demande en matière de services managés de la part des décideurs interrogés. 51% des répondants attendent de ces services une prise en charge des sauvegardes, 49% une gestion des patchs et correctifs et 43% la gestion du PRA. D’ici fin 2020, 38% des DSI et CTO interrogés comptent recourir à une CMP (Cloud Management Platform) afin de gérer leurs environnements hybrides et multi-cloud. Et l’intelligence artificielle (IA) sera également de plus en plus utilisée dans la supervision et le pilotage de ces environnements.