Cette semaine, pour notre rendez-vous l’invité de la semaine d’un format particulier, InformatiqueNews a le plaisir de recevoir Patrick Rohrbasser, Regional Vice President Southern EMEA & Africa de Veeam

Dans les conditions encore assez difficiles que nous vivons, quel est l’élément d’actualité ou la tendance qui a retenu votre attention ? 

L’élément qui retient le plus mon attention avant tout, c’est l’incertitude économique qui règne. Qu’est ce qui va se passer maintenant ? Comment les dettes qui ont été générées pendant cette période de crise seront traitées ? Quel sera l’impact sur l’économie ? Comment va-t-on remettre les gens au travail ? On sent une certaine retenue à revenir dans des conditions de travail traditionnelles. Au-delà de toutes les technologies facilitant le télétravail, on ne sent pas encore un élan naturel de type « la porte est ouverte, je rentre dans le magasin ».

Il faut garder à l’esprit que des pans entiers de l’économie ne vont pas bien fonctionner tout de suite, à l’image des avions qui ne vont pas être remplis à 100% avant plusieurs mois, du tourisme, de la restauration ou encore de l’événementiel qui s’appuient sur beaucoup d’emplois indirects. Compte-tenu de l’incertitude, l’acte d’achat est moins facile, en particulier pour les gros achats, et cela a des répercussions sur l’économie. Les entreprises vont gérer leur trésorerie de manière très pragmatique, prioriser leurs projets en attendant d’avoir une meilleure visibilité, et surtout se préparer à une potentielle seconde vague ou d’autres éventuels problèmes qui pourraient arriver.

Alors que la période de déconfinement est terminée et que nous nous préparons à un retour à une situation quasi-normale, qu’avez-vous appris et avez-vous changé vos méthodes de travail ? 

Chez Veeam, nous étions déjà bien préparés à travailler en télétravail car la plupart des employés le pratiquait sans contrainte, donc dans l’absolu, face à cette situation, pas de réel changement. En revanche, ces changements se sont manifestés dans notre façon d’interagir avec nos clients et nos partenaires en passant au 100% digital, à l‘instar de notre édition 2020 du VeeamON. Il a fallu adapter nos méthodes de travail, notamment en communicant de manière plus intensive via le canal digital sur les réseaux sociaux, et réussir à créer le bon niveau d’interaction avec la bonne cadence avec nos clients et partenaires. C’est quelque chose que l’on a appris au cours de cette période et que nous allons faire perdurer mais qui a ses limites, car un VeeamON Forum en version digitale n’a, malgré tout, pas le même impact qu’un événement en présence physique. La convivialité n’est pas là, et nous savons tous qu’une partie des affaires se fait aussi par la relation humaine qui génère encore plus de confiance et donc d’engagement.

Nous avons d’ailleurs appris à cadencer nos méthodes de travail, à ne pas enchainer des heures et des heures de conférences téléphoniques les unes derrière les autres, et à veiller à maintenir des pauses que nous prenons naturellement quand nous sommes au bureau. On a essayé de mettre du fun, de l’énergie et du lien en multipliant les interactions entre les équipes, avec par exemple des coffee-time quotidiens ou des réunions générales plus fréquentes mais plus courtes Il s’agissait de maintenir la convivialité, le lien social que nous avons tous sans faire d’efforts en présentiel et de développer les échanges et les partages d’expérience. Le digital impose de forcer le trait pour maintenir ce lien. Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est qu’on sait aussi travailler à distance. A partir de maintenant, on saura équilibrer notre vie professionnelle entre présentiel et à distance. Les collaborateurs savent mieux évaluer où ils sont le plus efficaces et mieux utiliser les outils qui le leur permettent. Plutôt que de perdre deux heures de sa journée dans les transports pour aller au bureau, c’est important d’être flexible et de commencer à travailler plus tard et finir plus tôt mais se reconnecter chez soi plus souvent.

Vous avez annoncé la version 10 de votre plate-forme Veeam Availability Suite en février dernier, une version longuement attendue. Cette nouvelle génération de la solution de sauvegarde apporte un modèle de souscription, le support des NAS, une meilleure gestion des contenus et s’ouvre aux grands comptes. Sans entrer dans les détails techniques, pouvez-vous expliquer ce qu’apporte cette nouvelle version à vos clients ? Comment 

La Veeam Availability Suite (VAS) v10 s’inscrit dans l’acte II de Veeam, avec la matérialisation de la notion de plateforme et de son enrichissement au fil du temps avec de nouvelles capacités. Cette plateforme de cloud hybride apporte son lot de nouvelles fonctionnalités : support du NAS, renforcement de la capacité à traiter les cybermenaces, intensification de l’automatisation et de l’efficacité opérationnelle et économique, et extension des types de workloads couverts, comme par exemple le support des environnements cloud (dont Azure, Amazon), mais aussi le stockage objet. La plateforme permet une mobilité totale des workloads gérés et protégés d’un cloud à l’autre, qu’il soit privé, public ou managé, sans nécessiter des produits différents ni des processus complexes à mettre en œuvre. Elle fonctionne sur un modèle de licence universelle qui ne pénalise pas nos clients économiquement et leur laisse une grande liberté dans la gestion de leurs données. Dans cette version, nous avons préservé la simplicité, la fiabilité et la flexibilité qui font partie de nos valeurs fondamentales, tout en donnant une visibilité globale des données gérées pour que nos clients gardent le contrôle de leurs sauvegardes et de leurs données. En résumé, la VAS v10 propose une meilleure capacité de sauvegarde et de restauration, facilite le passage d’un environnement physique à un environnement virtuel, l’anticipation des besoins et le monitoring des opérations, apporte plus d’automatisation pour renforcer l’efficacité opérationnelle et l’organisation de tests de restauration et de continuité d’activité, protège mieux des ransomwares et garantit plus de sécurité et de conformité. Cette version répond à la totalité des besoins des grands comptes dans ce domaine.

Rappelons que Veeam provient de la prononciation de l’acronyme anglais « VM » pour Virtual Machine. Or les infrastructures IT prennent de plus en plus les containers, en remplacement ou en complément des machines virtuelles. Qu’est-ce que cela implique pour votre offre ? Comment prenez-vous en compte cette évolution technologique ? 

Des partenariats très forts nous ont permis de répondre à ces évolutions technologiques. Il ne s’agit pas de remplacer ce que nous faisions, mais de compléter et d’ajouter de la capacité. Ainsi, à titre d’exemple, nous sommes venus très rapidement supporter les environnements Unix Aix ou Solaris. Nous sommes aujourd’hui capables de supporter de nouveaux environnements comme Kubernetes, grâce à des partenariats technologiques spécialisés dans ces environnements. L’acte I de Veeam a créé et dominé le marché de la sauvegarde VMware sur lequel nous avons été leader pendant les dix dernières années. Nous prenons sans cesse en compte ces évolutions technologiques grâce à notre excellente connaissance du marché et à notre ouverture avec nos APIs intégrées dans la plateforme. Etant purement « software » et ouverts, nous avons la chance de nous autoriser de nombreux partenariats qui fonctionnent extrêmement bien.

Le monde évolue aussi vers le cloud hybride et le multicloud ? Qu’est-ce que cela implique pour Veeam ?  

Quand on regarde le Veeam 2020 Data Protection Trends Report que nous venons de publier, on constate que 49% de nos clients interrogés s’appuient déjà sur des solutions as-a-service pour gérer la sauvegarde avec des service providers, et ce pourcentage devrait atteindre 77% dans les deux prochaines années. Le marché va évoluer très vite mais Veeam est déjà prêt pour faire face à cette évolution sur le plan technologique avec sa plateforme, grâce à son réseau de partenaires – plus de 30 000 partenaires actifs dans le monde travaillent avec nous, des plus grands aux plus petits – capables de fournir des services basés sur des technologies Veeam pour faire du Backup-as-a-Service, du DRaaS et d’autres services autour de la donnée. Le passage à l’acte II se traduira par la poursuite de nos efforts de disruption de ce marché en pleine mutation. Seul Veeam bénéficie à la fois du réseau, du modèle économique, des technologies, du savoir-faire et de l’expérience pour pouvoir proposer un service complet à ses clients et les accompagner dans leur transformation.

Vous avez tenu votre conférence VeeamON 2020 la semaine dernière – en mode virtuel bien sûr -, quelles ont été les principales annonces ? 

Le VeeamON 2020 a mis l’accent sur l’importance critique des données pour le succès de l’entreprise alors que nos clients connaissent une transformation numérique accélérée. Il est indispensable, pour gagner en agilité dans les entreprises, d’automatiser des processus manuels lourds et de mieux valoriser le potentiel de données jusque-là dormantes. La nouvelle version de Veeam Availability Orchestrator v3 apporte des fonctions intelligentes d’orchestration et de test pour assurer la continuité d’activité et de reprise d’activité après sinistre mais aussi de migration, exploitant ainsi notre technologie avancée de restauration pour éliminer des processus manuels, longs et répétitifs pour planifier toutes ces opérations. Nous avons également annoncé un nouveau DR Pack qui offre des capacités d’orchestration et d’automatisation à un tarif inédit sur ce marché. Dans le monde actuel où toutes les données sont essentielles, le DR Pack va permettre aux entreprises d’étendre leur plan de reprise d’activité après sinistre, avec simplicité et fiabilité, au-delà des workloads traditionnellement jugés les plus essentiels, pour y inclure désormais tous les workloads. Enfin, il a été question du renforcement de notre partenariat avec Amazon Web Services, avec la disponibilité générale de la nouvelle solution Veeam Backup for AWS v2 qui garantit la mobilité dans le cloud et la portabilité des données pour la sauvegarde, la restauration et la migration dans tout environnement cloud.

Si l’on en juge par les indications que vous donnez sur les résultats financiers du premier trimestre 2020 (cf votre communiqué du 14 mai), vous ne semblez pas avoir souffert de la crise ? Sur l’ensemble de l’année, quel en sera l’impact sur votre entreprise et plus généralement sur le secteur en général ?   

Veeam reste bien placée pour répondre à certaines problématiques actuelles car, selon le Veeam 2020 Data Protection Trends Report, les clients continuent de faire face à des défis permanents, comme les cybermenaces, auxquels Veeam fournit des éléments de réponse. Les entreprises ont également besoin d’outils simples qui donnent une vraie capacité globale, notamment pour répondre à la pénurie de compétences pour la mise en œuvre des technologies : là encore, Veeam y répond, grâce à sa simplicité de prise en main et d’usage. Un autre axe majeur est celui de la satisfaction client : l’agilité est clé pour y répondre. C’est ce qu’a fait Veeam tout au long de son parcours en continuant à accompagner la transformation digitale des clients, en s’appuyant notamment sur les données qui sont de mieux en mieux gérées. La donnée reste un enjeu pour tout le monde, au regard des volumes, des formes diverses et variées qu’elle prend, mais aussi des capacités à créer de la croissance. Veeam apporte des réponses sur chacun des projets de ses clients, qu’il s’agisse de mise en conformité, d’un changement d’environnement, du développement de nouvelles applications, ou encore de gestion des données même lorsqu’elles ne sont pas centralisées.

En mars dernier, Insight Partners finalise l’acquisition de Veeam, une opération qui valorise la société à quelque 5 milliards de dollars. Est-ce là un investissement « industriel » de long terme ou un investissement financier de court terme ? Qu’est-ce que cela va-t-il pour Veeam ? Pourquoi avoir transféré le siège social de la Suisse aux Etats-Unis ?

Il s’agit d’un investissement « industriel » de long terme car Insight Partners nous accompagne depuis le début. Cette collaboration de longue date va donner à Veeam les moyens d’aller développer de nouveaux marchés très importants, notamment le marché américain. Notre objectif reste bien entendu de continuer à investir significativement en Europe où Veeam bénéficie d’une très belle présence et réalise plus de la moitié de son activité.

L’édition 2020 du Veeam Data Protection Trends Report que vous venez de publier pointe sur la pénurie de compétences freinent la transformation numérique et la modernisation de l’informatique alors même que les conditions semblent imposer une accélération des ces évolutions. Comment les entreprises peuvent-elles surmonter cette difficulté ?  

La meilleure façon de surmonter cette difficulté, c’est de trouver un espace de jeux entre les dépenses dans « l’existant » et ce qui doit être investi pour développer le futur. Il faut se donner les moyens d’étudier les solutions qui sont proposées et de prendre les risques pour effectuer les « refresh » techniques nécessaires, éviter d’être conservateur sur les prises de décision – le choix du « zéro risque » n’a jamais été payant à long terme – et se donner la liberté d’agir pour avoir la capacité d’appréhender les défis du futur. Il faut aussi donner du temps au temps, ce qui manque souvent aux entreprises pour évaluer réellement les différences qui existent entre plusieurs solutions. C’est l’empilement des technologies au fil du temps qui pose question. Il faut arrêter de vouloir tout faire par soi-même et intégrer de plus en plus des environnements cloud capables de proposer les services nécessaires tout en optant pour des modèles liés à la consommation. Il est désormais possible de faire beaucoup avec le cloud car les compétences et les solutions sont là. L’espace de jeux nécessaire évoqué précédemment se trouve là.