Etablir la preuve d’un renversement complet des bonnes pratiques d’innovation avec le numérique, telle est l’intention du livre « Le demi-tour numérique ». Pour les besoins de sa démonstration, l’auteur sélectionne les 10 (+1) bonnes pratiques d’innovation les plus couramment observées aujourd’hui dans les entreprises. Il les questionne méthodiquement une à une. Et il réussit à montrer que le digital les retourne toutes, sans exception.

Voici un résumé des 10 (+)1 bonnes pratiques renversées :

1) Innover à l’envers avec le numérique
C’est réussir à innover en négligeant le futur alors même que l’innovation est une promesse sur l’avenir. A l’instar de toutes les autres nouvelles bonnes pratiques d’innovation avec le numérique, il s’agit là d’une forme d’injonction contradictoire qui oblige l’entreprise à devoir développer des comportements contre- intuitifs.

2) Innover à l’envers avec le numérique
C’est réussir le challenge d’innover sans plan. En l’absence de stratégie identifiable ex ante, l’innovation change certainement de statut. Elle n’est plus le résultat d’une pensée structurée et maîtrisée.  Elle est la conséquence heureuse de tests permanents. Cette transformation est une nouvelle fois particulièrement contre- intuitive pour ceux qui l’engagent.

3) Innover à l’envers avec le numérique
C’est réussir à innover en s’empêchant formellement de suivre des intuitions. La nouvelle compétence des innovateurs en entreprise est de savoir qu’ils ne savent pas. C’est également de savoir recourir aux outils pour savoir, au premier rang desquels les instruments d’analyse des données.

4) Innover à l’envers avec le numérique
C’est vendre son innovation avant de la produire. Dans le monde numérique, il apparaît totalement irrationnel d’investir des millions d’euros et de consacrer des mois en R&D sans avoir au préalable des preuves convaincantes d’adoption de la future solution en préparation.

5) Innover à l’envers avec le numérique
C’est ne plus considérer l’originalité comme un critère pertinent pour juger du potentiel d’une innovation. De manière contre-intuitive, dans de nombreux cas, la singularité d’une idée peut même être un indicateur de son absence d’intérêt.

6) Innover à l’envers avec le numérique
C’est tenter de se détacher des habitudes d’innovation développées par l’expérience. Ce renversement peut d’ailleurs donner lieu à des recommandations en termes de gestion des ressources humaines dans les organisations. Les collaborateurs issus de secteurs d’activité éloignés de celui de leur actuelle entreprise peuvent par exemple être des ressources pertinentes pour penser et concevoir les innovations.

7) Innover à l’envers avec le numérique
C’est placer l’ergonomie des dispositifs devant leur justesse scientifique. Ce renversement peut être ressenti brutalement au sein des organisations où la création de valeur s’est toujours envisagée par l’ajout d’options supplémentaires sur les dispositifs créés. Les entreprises doivent néanmoins opérer un demi-tour numérique et épurer leurs innovations de toutes les fonctionnalités superflues, même si cet exercice de purge réduit les performances objectives de leur innovation.

8) Innover à l’envers avec le numérique
C’est internaliser la production de tout son code, même si l’entreprise n’est pas experte du numérique. Surtout si l’entreprise n’est pas experte du numérique ! En particulier, cette bonne pratique devient une règle d’or lorsqu’il s’agit de développements logiciels pour digitaliser la relation entre l’entreprise et son client.

9) Innover à l’envers avec le numérique
C’est arrêter de s’inspirer des champions et commencer à regarder avec une grande attention les perdants. Les échecs du numérique sont aussi instructifs que les succès. Ils doivent être pris en considération dans les benchmarks des entreprises dont l’ambition est de se transformer avec le digital.

10) Innover à l’envers avec le numérique
Consiste à manager ses projets d’innovation selon une séquence où la question du passage à l’échelle n’intervient pas avant le lancement de l’innovation. Par extension, l’aptitude d’une solution à passer à l’échelle ne peut plus être un critère de décision pour savoir si l’entreprise doit s’engager dans la conception de son innovation.

10 (+1) Innover à l’envers avec le numérique
C’est arrêter de préjuger de la supériorité de son intention sur les attentes du marché. Les entrepreneurs numériques ne doivent pas chercher à éduquer les consommateurs, espérer créer un besoin encore inexistant à date ou attendre que les clients comprennent enfin la pertinence de leurs innovations. Ils doivent ajuster leur proposition de valeur aux aspirations du marché, la faire tourner sans cesse, la faire évoluer significativement voire drastiquement, pour atteindre le point de rencontre entre leur innovation et la demande.

Le livre « le demi-tour numérique » vise à expliquer les raisons pour lesquelles ces 10 (+1) nouvelles bonnes pratiques d’innovation avec le numérique sont dorénavant érigées en standards (www.ledemitournumerique.com).

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Thomas Houy est Maître de Conférences à Télécom ParisTech. Il est le titulaire de la Chaire Entrepreneuriat Numérique Etudiant, signée avec LVMH. Il est également co-directeur scientifique du Master Innovation et Transformation Numérique créé avec Sciences Po Paris.