Le décollage de la 5G et l’évolution vers le Gigabit, deux grandes tendances détaillées par le cabinet Deloitte dans l’édition 2019 de son rapport TMT Predictions 2019 et l’Idate dans son Digiworld Yearbook.

La 5G on parle déjà depuis plusieurs années. Depuis 2016, « les différentes briques techniques de cette nouvelle technologie ont fait l’objet de nombreuses expérimentations, impliquant principalement des opérateurs et des équipementiers », précise Carole Manero, analyste de l’Idate dans la dernière édition du Digiworld Yearbook. En Europe comme aux États-Unis et en Asie, ces premiers tests à résonance internationale ont été concluants, jusqu’à obtenir des vitesses de téléchargement supérieures à 10 Gbps (voire 70 Gbps dans certains cas). De nouvelles applications ont également été testées avec le concours d’acteurs industriels de l’automobile, de la santé ou des médias. Enfin, des villes ont été sélectionnées pour accueillir des premières expérimentations grandeur nature. Pyeongchang, en Corée du Sud, qui avait accueilli les Jeux Olympiques d’hiver en 2018, est la première de ces villes.

Une autre étape cruciale a été franchie à la fin de 2017 avec la publication par le 3GPP des spécifications finales de la 5G NR (New Radio) Non-Standalone, une version de transition entre LTE et 5G. Complétées par la version Standalone au cours de l’été 2018, ces spécifications ont donné immédiatement un sérieux coup d’accélérateur à la technologie.

72 opérateurs testaient la 5G en 2018 et à la fin de 2019 rappelle Deloitte qui précise que 25 opérateurs auront ont lancé un service 5G sur au moins une partie de leur territoire (généralement des villes) avec un nombre à peu près équivalent l’année prochaine. De plus, une vingtaine de constructeurs de smartphones vont lancer des combinés compatibles 5G en 2019. Mais les volumes restent relativement limités et avec entre 15 et 20 millions d’équipements 5G vendus cette année (soit environ 1 % des 1,5 milliard de smartphones commercialisés en 2019).

Le potentiel de la 5G est considérable. « La 5G permet de multiplier par cent le trafic et l’efficacité du réseau par rapport à la 4G, ce qui offre un potentiel de transformation pour l’avenir de la connectivité dans le monde » précise Ariane Bucaille, associée responsable TMT chez Deloitte France.

Sur les deux années à venir, la technologie sans fil 5G sera utilisée pour trois applications principales. Tout d’abord, la 5G sera utilisée pour une connectivité réellement mobile, principalement par les les smartphones. Ensuite, la 5G sera utilisée pour connecter des appareils « moins mobiles », principalement des modems 5G ou hotspots : dispositifs d’accès sans fil dédiés, assez petit pour être mobile, qui se connecteront au réseau 5G, puis permettront de connecter d’autres appareils via la technologie Wi-Fi. Enfin, il y aura 5G d’accès sans fil fixes (FWA ou Fixed-Wireless Access), avec des antennes montées en permanence sur des bâtiments ou proches de fenêtres pour une connexion filaire à des particuliers ou des entreprises.

 

Toutefois, il ne faut pas s’attendre à une diffusion explosive de cette technologie. Selon Deloitte, la 5G sera probablement encore une technologie de niche même en 2025, avec ses prévisions 1,2 milliard de connexions représenteront 14% seulement du nombre total de mobiles connexions non IoT dans le monde. Mais il y aura un écart considérable selon les régions du monde : 49 % de Américains devraient être 5G à cette échéance, 45% au Japon, 31% en Europe et 25% en Chine, mais beaucoup moins en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique.

Vers le Gigabit

En Europe, entre 2016 et 2021, la consommation de données sur les réseaux fixes sera multipliée par près de trois, passant de 33 à 89 Go de trafic par mois et par client (source Cisco). Pour faire face à cette croissance, les technologies d’accès devront évoluer.

Les technologies FTTH/B sont en plein déploie­ment. En Europe occidentale, les 54 millions de foyers éligibles au FTTH/B en 2017 seront 99 millions en 2021, selon l’IDATE DigiWorld. « Au-delà des solutions purement fibre de type FTTH, d’autres technologies sont en cours de déploiement ou testées. G.Fast ou XG.Fast offrent une montée en débit rapide sur des réseaux existants », détaille Jean-Luc Lemmes, analyste de l’Idate.

Ces nouvelles technologies permettent un déploiement rapide chez les opérateurs disposant déjà d’un réseau tout en optimisant les coûts. En Suisse et au Royaume- Uni, les opérateurs déploient des réseaux G.Fast utilisant les réseaux de cuivre sur les derniers mètres et capables de fournir des débits attei­gnant le Gigabit par seconde. Moins onéreux que la technologie FTTH/B, le G.Fast permet un déploiement plus rapide.

En quoi le FTTH transforme-t-il l’écosystème des télécommunications ?

Après plusieurs années de débats, acteurs publics et privés semblent avoir atteint un consensus sur le choix du FTTH comme technologie privilégiée pour la fourniture de connexions à Très Haut Débit. En Europe, les objectifs de la Gigabit Society mentionnent explicitement le FTTH comme objectif pour la couverture du plus grand nombre de foyers possible d’ici à 2025. Les opérateurs ayant axé leurs déploiements sur d’autres technologies tendent de plus en plus à présenter ces décisions comme des étapes intermédiaires vers la conversion de leur réseau au FTTH. Le déploiement de réseaux FTTH reste en outre plus coûteux que d’autres technologies, malgré leurs coûts opérationnels moins élevés et les récentes évolutions techniques, ce qui demande un effort d’investissement accru de la part des opérateurs.

Le FTTH remet en cause la place des opérateurs dans la chaîne de valeur des contenus

Pour répondre à ces défis et à la concurrence d’autres acteurs, les opérateurs déploient des stratégies de diversification cherchant à tirer profit de l’essor des services OTT tout en conservant leur place dans la chaîne de valeur du contenu vidéo. Par ailleurs, le FTTH constitue pour les opérateurs une opportunité non négligeable de développer leur activité sur les marchés de gros et le segment B2B, grâce à la monétisation de certaines caractéristiques du FTTH comme la stabilité des connexions, cruciale pour les entreprises, ou les débits montants accrus, indispensables à certains services en plein essor comme le cloud. Enfin, et surtout, le FTTH permet aux opérateurs de s’étendre vers de nouveaux marchés comme l’immobilier ou le développement des villes intelligentes.